Non, ce n’est pas un titre de L’Équipe, c’est juste que parfois, des matchs sortent du cadre footballistique pour entrer dans la légende. Que les Français sortent ou pas les Marocains en demi-finale pour retrouver de revanchards Croates ou Argentins, une première finale a déjà eu lieu, contre le grand rival anglais, pourtant pourvu de la meilleure équipe qu’il ait jamais eue.
Jugez vous-mêmes : que des grands joueurs à chaque poste, un finisseur impitoyable, Harry Kane, des débordeurs vifs comme l’éclair, Saka et Foden, des milieux constructeurs inlassables, une défense de fer autour du roc Maguire, un gardien bondissant, pour l’équipe de la Rose, c’était ce soir ou jamais. Ce sera jamais, car qui tombe sur l’équipe de France tombe souvent en route.
La dimension tragique de ce genre de match, c’est que les deux équipes méritaient d’aller en finale pour offrir un grand duel au monde entier. Or, les finales sont souvent bloquées par l’enjeu, la pression, la peur de déjouer. C’est avant que les grandes rencontres ont lieu, souvent en quarts de finale, juste avant la pression du dernier carré et après l’élimination des équipes plus faibles en huitièmes.
Ce fut le cas de Maroc/Portugal, Croatie/Brésil et Pays-Bas/Argentine, tous disputés à mort. des duels physiques, tactiques, où, hormis les collectifs, souvent bien huilés, les grands joueurs, les personnalités, émergent.
Pour l’Argentine, ce sera Messi, en meilleure forme aujourd’hui qu’il y a 4 ans, grâce à sa saison de retraité pépère au PSG ; idem avec Neymar, qui n’est jamais blessé pour les grands rendez-vous du Brésil, et une révélation chez les Oranje, le jeune Gakpo, dont on reparlera beaucoup, une sorte de Stromae du ballon.
Chez les Bleus, évidemment Mbappé, qui fait tellement peur aux équipes adverses qu’il mobilise, comme Pelé en son temps, deux ou trois joueurs, libérant ainsi l’aile opposée, un large champ où peut se lâcher l’imprévisible Dembélé, qui déstabilise une défense entière avec ses parcours chaloupés et ses crochets mortels.
Et puis le grand Giroud qui retrouve une seconde jeunesse, qui est non seulement le pivot qui fait mal à la défense adverse mais aussi un grand finisseur, notamment de la tête. N’oublions pas Griezmann, que tout le monde annonçait mort en Espagne, et qui, replacé au milieu, devient un récupérateur-relanceur irremplaçable. L’ancien finisseur des Bleus est devenu un fantastique meneur de jeu, qui non seulement récupère des ballons, tacle comme un stoppeur, mais relance proprement, avec zéro déchet, et centre au millimètre.
Ces reconversions réussies illustrent le talent de Deschamps, que toute la presse voulait déjà remplacer après quelques matchs foireux à l’Euro et en Ligue des nations. Du côté du gardien, Lloris avait été enterré par la presse britannique, là encore comme Zidane en 2006 par la presse espagnole, avant que les Bleus de l’époque n’éliminent le favori espagnol dans un autre match de légende, où Ribéry brillera de mille feux, avant de s’effondrer en 2010, le brassard de chef de clan étant trop lourd pour lui (c’était Evra le capitaine, mais c’est Ribéry qui jouait au sélectionneur dans le vestiaire, investi qu’il avait été par Zidane 4 ans auparavant)...
La presse anglaise, de l’espoir au désespoir
Le diaporama de la tragédie
Du second penalty raté de Kane au dernier coup-franc de Rashford, dans le temps additionnel du temps additionnel...
C’était écrit...
Génial ! https://t.co/Cen64yun5P
— claude askolovitch (@askolovitchC) December 11, 2022