Il n’y a aucune contradiction dans ce que vous exposez.
Il n’y a donc aucune schizophrénie.
La contradiction n’est qu’en vous.
Le troupeau à l’époque n’était certainement pas du côté du Crucifié. Il était du côté de ceux qui l’ont crucifié.Il l’a toujours été. Et il le sera toujours.
D’ailleurs,si j’en crois vos propos, vous appartenez bien au même "troupeau".
(au passage, il y a une différence, que même Nietzsche faisait, entre ne pas pouvoir se venger et ne pas vouloir se venger, de même qu’il y a une différence entre une victime volontaire d’un martyr et une victime qui subit. Dans le christianisme, la seule victime qui a de la valeur est celle qui offre d’elle meme son soi-meme en sacrifice... pour le Salut (et jamais celle qui est simplement la victime des autres !).
Le Crucifié n’a jamais cherché à définir un Bien qui ferait le "troupeau humain global", pour 2 raisons :
Un tel bien serait un bien mondain. Or, le chrétien se fiche comme de l’an 40 des tribulations mondaines. Son Royaume n’est pas de ce monde.
Ce qui compte pour le christianisme n’a jamais été le bien mais le saint. Ce n’est pas du tout la même chose. Le Bien, la morale, l’affectivité (famille/amants/amis), n’est parfois qu’une tentation pour la foi, qui met à l’épreuve le "Tu aimeras ton Seigneur ton Dieu de toute ta force et de toute ton âme".
Ton pote peut être dans la pire mouise, si pour le sortir de là tu dois y laisser ton âme, ne le fait pas. C’est là la limite de la tolérance chrétienne. On ne sacrifie aucun bien spirituel à un bien mondain.
De même, s’agissant de votre propos sur la division dans les familles, le commandement le + important fixe donc la limite absolue du "Tu honoreras ta mère et ton père". Il vaut mieux ne pas les honorer que de pêcher (et donc ne pas honorer Dieu). Et c’est la seule raison valable pour ne pas les honorer.
L’identité, la morale, la civilisation, rien de tout cela n’est l’affaire de l’Eglise. La seule affaire de l’Eglise, c’est le Salut du maximum d’hommes (et donc le péché). Le reste, elle s’en fout.
Je passe sur vos commentaires sur "les derniers... et les premiers". C’est n’importe quoi. L’Eglise ne fait certes pas l’éloge des gagnants de ce monde. Mais elle ne fait pas non plus l’éloge des perdants per se. Et d’ailleurs, les premiers, ce ne sont pas vraiment les gagnants.