« Nous sommes tous nés nus. Le reste, c’est juste du “drag” », prêche Ru Paul, célébrissime animateur de l’émission Drag Races. Justin Bond, Horrora Shebang et Gaia Callas, trois ambassadeurs de la troupe Drag Syndrome, troupe créée par le collectif londonien Culture Device, incarnent à merveille cette fondamentale et frivole philosophie de vie. À quelques jours de leur prestation sur la scène du Casino de Montréal, dans le cadre de leur passage à Fierté Montréal, nous les avons rencontrés dans un hôtel du centre-ville.
Gaia, Justin et Horrora ne se font pas prier pour se faire croquer le portrait, l’art de la performance étant pour eux une seconde nature. À 44 ans, la première est une expansive diva aux costumes et maquillage archicolorés qui bouge dans l’espace comme quelqu’un qui aurait appris à « voguer » avant de marcher. À l’instar de son idole et homologue Justin Bieber, le second et cadet de la troupe (à 19 ans) prend la peau de son personnage de drag king, jouant les « cool guys », complimentant la photographe sur sa chevelure et lui adressant quelques clins d’œil. Horrora, quant à elle, a 31 ans et se déploie avec grâce et panache, exécutant une série de poses à l’image de son personnage de reine de la nuit avec les griffes d’une bitch.
« Prendre le rôle de Gaia me fait sentir importante, unique, intelligente », partage Gaia Callas (Danny Smith). « J’ai commencé à entrer dans mon rôle de drag king il y a six mois. Cela m’a permis de rencontrer plein de gens », affirme quant à lui Justin Bond (Ruby Codiroli), qui rêve d’aller au Drag Races de Ru Paul.
Une première
Créée en 2018 par l’artiste britannique Daniel Vais, Drag Syndrome a beau être la première troupe de drags qui réunit des artistes trisomiques, ce n’est pas le handicap de la déficience intellectuelle qui définit ses artistes, assure Vais.
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Le droit à la vie d’adulte
En échangeant avec Daniel Vais et les membres de Drag Syndrome, on comprend très vite que derrière les perruques, le strass et les maquillages, une certaine conception de la dignité humaine précède la formation de Drag Syndrome. Dans une société qui tend à infantiliser les personnes trisomiques, les membres de ce collectif défendent leur liberté d’explorer leur créativité et l’expression de leur sexualité.
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Ignorant les commentaires de leurs détracteurs, les membres de Drag Syndrome se présentent comme des artistes à part entière qui sont loin de subir une quelconque exploitation. Otto, Justine et Gaïa comptent d’ailleurs sur le support indéfectible de leurs familles respectives. « Mes parents et amis me disent toujours “tu es fabuleuse, tu es extraordinaire, tu es sexy…” », rapporte Horrora Shebang.
Leur conquête de la planète est aussi en voie de devenir un documentaire, grâce au travail de la réalisatrice Stéphanie de Sève qui accompagne la troupe partout où elle se produit. Avec l’arrivée dans le décor de Drag Syndrome, l’arc-en-ciel de la fierté et de la diversité vient de gagner une toute nouvelle couleur.
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- Si les trisomiques ont désormais la liberté de devenir des drags queens, les travestis ont-ils le droit de devenir des trisomiques ?