Même si la question est mal posée dans le reportage, le problème de la rémunération n’est pas si anecdotique que cela. A condition de ne pas le faire n’importe comment.
1) Ceux qui n’ont jamais enseigné ne s’en rendent pas compte, mais il est vrai, comme le dit un commentaire, qu’il faut vraiment une foi, un sang froid et une patience à toute épreuve pour enseigner dans certains établissements. Entre les rapports, les coups de fil et RDV avec les parents (qu’on arrive jamais à joindre et/ou qui ne viennent pas.... sans parler de ceux que l’on hésite franchement à appeler car le môme termine à l’hosto), et surtout le flicage et le conflit permanent avec les élèves, c’est du double, voire triple boulot....
2) Et surtout, cela demande de se familiariser avec l’ampleur du problème. Autrement dit : PERSONNE n’y arrive du premier coup. Et bien souvent, même à supposer que le "métier" rentre au bout de quelques années, cela reste un métier éminemment ingrat (dans les collèges en question, j’entends). Du coup, les profs s’en vont (car ils ont maintenant les points qui le leur permettent), hormis quelques fumistes qui sont trop heureux de se cacher derrière la dureté des élèves pour justifier leur fumisterie (bon, et quelques motivés qui ont vraiment "la foi"... et tout mon respect). Et ceux qui s’en vont laissent la place à des jeunots qui doivent faire leur apprentissage (et qui, par dessus le marché, sont déjà débordés par la préparation de leurs cours, et plus généralement par l’apprentissage du métier "classique"). Du coup, il y a dans ces établissement un "turnover" incroyable : jusqu’à 70% de renouvellement des profs CHAQUE ANNEE !. Impossible, dans ces conditions, de mettre en place un "cadre" qui tiendrait le choc sous les coups de boutoirs de ces élèves oh combien difficiles....
3) Une rémunération augmentée pourrait être une solution efficace, je crois, mais à condition qu’elle soit conséquente (les "primes" de l’éducation nationale sont généralement à moins de 100 euros par mois, ce qui est très insuffisant dans ce cas), et surtout qu’elles ne soient pas accordées de manière systématique (ce qui risque fort de se heurter à l’obsession égalitariste des profs, malheureusement). Il faudrait je penses les réserver à ceux qui, AYANT FAIT LEURS PREUVES (au bout de 4 ou 5 ans en général), voudraient poursuivre. Or, jusqu’à présent, la seule incitation que propose l’EN est un bonus de points au bout de 5 ans.... qui servent justement à se barrer !
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