Le célèbre analyste arabe Abdel Bari Atwan consacre un article intégral à la riposte aérienne de l’État syrien aux quatre chasseurs d’Israël, qui en violant le ciel syrien, ont bombardé vendredi à l’aube une base militaire non loin de Palmyre.
Il écrit :
Que les sirènes d’alerte retentissent vendredi à 2 heures du matin à Qods occupée ou dans la colonie israélienne d’Aqwar non loin du fleuve du Jourdain, le tout, suivi de fortes explosions des missiles tirés par la DCA syrienne dans le ciel d’Israël, cela ne peut être qualifié que de « coup de tonnerre ». Non seulement pour les Israéliens qui n’en reviennent pas mais aussi pour certains de leurs « amis arabes ».
Ces derniers temps les avions israéliens avaient pris l’habitude d’aller bombarder des convois militaires en Syrie sous prétexte de vouloir contrer le Hezbollah ou l’Iran avant de gagner tranquillement leur base. Dans la foulée, les médias israéliens et pro-israéliens mettaient peu de temps à lancer une campagne d’envergure, reprochant à Damas son ineptie, et se moquant du président Assad pour avoir inlassablement répété sans la faire suivre d’une quelconque action, cette phrase : « La Syrie se réserve le droit de riposter en temps et lieu voulus ». Cette campagne médiatique anti-syrienne laissait aussi entendre l’admiration de certains régimes arabes pour ce qu’ils qualifiaient de supériorité aérienne d’Israël par rapport à la Syrie, au Hezbollah et à l’Iran.
Mais le vendredi 17 mars tout a basculé : la DCA syrienne a abattu un des quatre chasseurs ennemis en plein ciel israélien par un missile sol-air. L’avion s’est écrasé dans la localité d’ « Aghwar du fleuve Jourdain », ce qui revient à dire que la riposte syrienne ne s’est pas limitée aux cibles aériennes et qu’elle s’est étendue aussi aux cibles terrestres, sinon pourquoi avoir fait retentir des sirènes d’alerte dans les colonies de peuplement juif ?
Le déni israélien ne change rien au fond de la chose : la riposte est lourde de messages pour Israël et ses alliés arabes et les Américains. Cette riposte marque un tournant stratégique qu’effectue Damas et qui annonce la fin d’une ère et le début d’une autre. Les analystes israéliens ne cessent de répéter depuis vendredi qu’Israël ne veut pas de davantage de tension. Bizarre ! Car cela fait 5 ans que Tel-Aviv bombarde le sol syrien, sûr et certain de son impunité et c’est maintenant qu’il dit ne pas chercher un surplus de tensions !
De toute évidence, les dirigeants syriens réajustent leurs objectifs stratégiques et ils ont l’air d’être prêts à en subir toutes les conséquences. Selon certaines sources, Damas est même déterminé à aller encore plus loin et à mettre en œuvre des plans de riposte beaucoup plus détaillés. Et Israël a pigé ce méga-tournant au quart de tour : Tel-Aviv a mis à peine quelques heures à avouer avoir perdu l’un de ses chasseurs partis en mission en Syrie. De l’aveu des stratèges militaires israéliens qui ont tous servi dans l’armée, les « missiles syriens sont performants » et c’est d’ailleurs pour cette même raison que les S-200 tirés vendredi par Damas ont aussitôt déclenché le système anti-missile Hetz qui, grand malheur, a raté sa cible.
Nous croyons que Damas n’aurait jamais pu prendre une décision d’une si grande portée stratégique sans coordination préalable avec ses alliés iraniens et russes. Il y a là un avertissement signé Iran/Russie contre Netanyahou qui croyait avoir convaincu Poutine de lâcher l’Iran et tout ce qu’il a à gagner en termes stratégiques à travers son alliance avec Téhéran, pour les beaux yeux d’Israël. Mais Israël n’est pas le seul perdant dans cette histoire.
Le S-200 syrien a aussi visé les rêves saoudiens car il a été tiré au moment où le ministre saoudien de la Défense rencontrait le président Trump pour dénoncer de concert avec son hôte « la menace iranienne ». Tout ceci prédit une escalade des crises au Moyen-Orient qui n’est dans l’intérêt de personne mais la grande évolution est là : six ans de guerre n’ont rien ôté à la détermination et à la volonté d’Assad et de son armée de libérer la Syrie. Un État pour qui Israël reste pour toujours l’ennemi numéro un. L’opinion musulmane sait comprendre cela et ce sera alors le retour en grâce d’Assad aux yeux des Arabes qui se sont trompés hélas de cible ces six dernières années.
Un habitant arabe des territoires occupés a réagi ainsi aux explosions provoquées par la DCA syrienne dans le ciel d’Israël : « C’était la plus belle musique que j’ai entendue depuis 1967… ». C’est dire qu’une ère nouvelle vient de commencer et qu’Israël a décidément du pain sur la planche.
Israël menace de détruire les systèmes syriens de DCA
Après un tir de missile syrien contre un des avions israéliens effectuant un raid aérien contre les positions du Hezbollah, mouvement chiite engagé aux côtés de l’armée syrienne, le ministère israélien de la Défense a menacé de détruire les systèmes syriens de DCA.
Le ministère israélien de la Défense a prévenu dimanche que l’aviation israélienne détruirait les systèmes syriens de défense aérienne si l’armée de Bachar el-Assad tirait à nouveau des missiles contre des avions israéliens en opération en Syrie.
« La prochaine fois que les Syriens utiliseront leurs systèmes de défense aérienne contre nos avions, nous les détruirons sans la moindre hésitation », a averti, cité par l’AFP, le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman.
Cet avertissement intervient à la suite d’un raid aérien israélien mené vendredi en Syrie.
L’armée syrienne affirme que des avions israéliens ont été attaqués par des missiles sol-air après avoir effectué des frappes sur plusieurs cibles se trouvant sur le territoire syrien. Alors que les militaires syriens affirment avoir abattu un des quatre avions israéliens qui ont effectué des frappes sur plusieurs cibles situées en territoire syrien, Israël nie les faits.
Des témoins ont fait état de deux explosions qui pourraient expliquer l’entrée en action du système antimissiles.
Selon l’armée jordanienne, des débris de missiles syriens visant les avions de combats israéliens ayant mené des raids en Syrie ont été découvert sur le territoire de la Jordanie.
Cet incident est le plus sérieux entre Israël et son voisin syrien depuis le début de la guerre civile en 2011.
Les deux pays restent officiellement en état de guerre depuis des dizaines d’années. Les relations sont d’autant plus tendues que Damas est soutenu dans sa bataille contre les terroristes par le mouvement chiite libanais Hezbollah et l’Iran, deux grands ennemis d’Israël.