On savait que le président François Hollande fournissait des munitions aux médias dits de gauche pour démolir son concurrent numéro un, le revenant Nicolas Sarkozy. Cependant, depuis les deux épisodes des primaires de la droite « républicaine », il semble que même dans son propre camp, on ne croit plus en lui. Le retournement le plus étonnant est celui de Zemmour, qui était pourtant sur la même ligne, libérale sioniste.
D’habitude, Zemmour réserve ses balles à la gauche, et à la droite molle. La droite dure, c’est nouveau. Comment comprendre ce revirement ? Nous sommes chez Yves Calvi, sur RTL le 3 novembre 2016 :
Eh non, à l’écouter, Sarkozy est bien sur la bonne ligne, la sienne (celle de Zemmour), il manquerait juste de confiance en lui, du fait des coups de boutoir de ses ennemis, de droite et de gauche : « Il suffisait à Sarkozy de piocher à pleine main dans l’escarcelle du FN... » Nous retrouvons un Zemmour anti-Juppé, de cette droite qui n’ose pas être pro-Nation et anti-immigration.
L’explication de l’échec annoncé de Sarkozy ? Le medium a tué le message. La perte de crédibilité de l’ex-président, pourtant sur le créneau porteur, a eu raison de ses chances. On dirait que Zemmour le regrette, et il le regrette. Il regrette surtout que Sarkozy n’ait pas eu le courage d’aller au bout de ces convictions-là, qui sont, on le rappelle, le FN moins l’antisionisme et l’antilibéralisme.
Et maintenant, sur quel candidat Zemmour et son camp vont-ils miser ? En attendant la réponse dans l’une de ses prochaines chroniques, faisons un tour sur le passé de Nicolas Sarkozy, opportunément exhumé par L’Obs...
Sarkozy et les affaires : 40 ans de mauvaises fréquentations
« J’ai bénéficié de cinq non-lieux », ne cesse de marteler Nicolas Sarkozy. Ce chiffre est bidon : l’ancien président n’en a obtenu que deux. Surtout, il reste empêtré dans une myriade d’affaires. Son parcours ressemble à un saute-mouton dans les marécages judiciaires, où coassent ses sulfureuses fréquentations. Album photos.
1975-1990 : le kid des Hauts-de-Seine
Dans les années 1970, la droite part à la conquête des Hauts‑de‑Seine, qui voit s’élever les tours de la Défense, un fabuleux terreau pour les affaires politico-judiciaires. C’est dans ce contexte que, quelques années plus tard, Nicolas Sarkozy fait ses classes, au milieu des « Pasqua boys ».
- Charles Pasqua le Corse
Pour étendre son emprise sur le département, Charles Pasqua s’appuie sur de jeunes pousses, dont Nicolas Sarkozy, qu’il repère en 1975 aux jeunesses gaullistes. Pasqua est le témoin de son premier mariage. En 2004, son long règne sur les Hauts-de-Seine prend fin. C’est alors Nicolas Sarkozy qui hérite du conseil général. Mis en examen à de multiples reprises, Charles Pasqua a été condamné deux fois (la Sofremi et le financement de la campagne européenne de 1999).
- Achille Peretti le baron
Corse comme Pasqua, Achille Peretti fait entrer Nicolas Sarkozy au conseil municipal de Neuilly en 1977, alors qu’il n’a que 22 ans. Sarkozy épouse en 1982 sa nièce (la mère de Pierre et Jean). Et récupère la mairie, l’année suivante, à la mort du vieux baron gaulliste. Le nom d’Achille Peretti reste associé à l’arrière-boutique du RPR et notamment à l’affaire Boulin, du nom d’un ancien ministre retrouvé mort dans un étang, en 1979.
- Isabelle et Patrick Balkany les Thénardier
Isabelle et Patrick Balkany, bien installés à Levallois-Perret, sont de grands amis de Nicolas Sarkozy, qui les invite en vacances au Cap Nègre. Isabelle est d’ailleurs la marraine politique de Jean Sarkozy lorsqu’il siège au conseil général. Des liens d’amitié que rien ne viendra distendre : déjà condamné pour prise illégale d’intérêts, le couple collectionne les mises en examen, notamment pour fraude fiscale. Et leur ville a passé un contrat douteux avec la société Bygmalion.
- Charles Ceccaldi-Raynaud le suppléant
En 1988, Nicolas Sarkozy brigue un siège de député. Il prend comme suppléant Charles Ceccaldi-Raynaud, maire de Puteaux et président de l’Epad, l’Établissement public d’aménagement du quartier de la Défense. Et tant pis pour sa réputation clientéliste, que ce natif de Bastia assume : « J’en ai vu, des gens qui avaient des opinions et qui en changeaient en obtenant une place en HLM. »
- Joëlle Ceccaldi-Raynaud la reine maire
En 2002, c’est la fille de Charles que Sarkozy choisit comme suppléante aux législatives. Elle récupère sa circonscription en 2007. Elle se voit aussi confier un poste clef, la présidence de l’Epad, quand Sarkozy échoue à y imposer son fils Jean. Elle est mise en cause pour sa gestion de l’office HLM de Puteaux. Et, selon Mediapart, elle a retiré des lingots d’or d’une banque luxembourgeoise, sur fond de soupçons de pots-de-vin dans un marché à la Défense.
- André Santini le centriste
Corse d’origine, le maire d’Issy-les-Moulineaux est aussi un proche de Charles Pasqua. Lors de la présidentielle de 2007, Santini apporte à Sarkozy le soutien d’une partie de l’UDF… ce qui lui vaut un maroquin, malgré sa mise en examen dans l’affaire de la fondation Hamon. Soupçonné de détournement de fonds publics, Santini est condamné en première instance mais il est relaxé en appel.
- Arnaud Claude l’associé
Cet ami de jeunesse de Nicolas Sarkozy est son associé au sein d’un cabinet d’avocats. Il est soupçonné d’avoir aidé les Balkany à échapper au fisc. Il a été mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale et les Panama Papers pourraient éclairer son rôle dans la constitution de montages financiers opaques.
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