Assécher financièrement les relais de la haine en ligne : tel est l’objectif des Sleeping Giants (« géants endormis ») venus des États-Unis, ou de StopHateMoney et Ripost lancés en France cette année, qui cherchent à priver des sites controversés de recettes publicitaires, voire à tarir leur écosystème.
« L’élection de (Donald) Trump nous a réveillés », explique Rachel sous un prénom d’emprunt. Elle est l’animatrice du compte Twitter @slpng_giants_fr, lancé en France le 17 février 2017, qui compte plus de 4 000 « géants ».
Sleeping Giants est né aux États-Unis après l’élection en novembre 2016 de Donald Trump. Des milliers d’internautes bénévoles ont alors ciblé les entreprises dont les annonces se retrouvaient sur le site de l’« alt-right » américaine Breitbart News, dirigé un temps par Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump.
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En France, ces « géants » anonymes cherchent à assécher le site Boulevard Voltaire, fondé en 2012 par le maire de Béziers Robert Ménard, élu avec le soutien du Rassemblement national. Suite à leur action, 940 annonceurs ont bloqué leurs publicités sur bvoltaire.fr qui s’est retrouvé quasi sans annonces fin 2018.
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Sous la pression des mêmes « géants » anonymes, des centaines d’autres annonceurs ont retiré leurs publicités du site Breiz atao du blogueur Boris Le Lay, condamné à plusieurs reprises pour racisme, jusqu’à son exclusion définitive par la régie Google Ads.
La procédure consiste à prendre une capture d’écran d’une annonce à côté d’une partie du contenu du site visé, puis de tweeter l’image avec une « note polie » à destination du compte Twitter de la société qui a payé la publicité.
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Avec la publicité automatisée (dite « programmatique ») les entreprises ciblent leurs clients potentiels « en fonction des sites déjà visités et ignorent, le plus souvent, sur quels sites leurs annonces apparaissent », explique Tristan Mendès-France, qui vient, lui, de lancer en juin @StopHateMoney, avec l’observatoire Conspiracy Watch et le soutien du Fonds du 11 janvier (date des attentats de Charlie Hebdo).
Ce maître de conférence à l’université Paris-Diderot sur les cultures numériques, qui travaille ponctuellement avec les Sleeping Giants, voit plus large et souhaite tarir tout l’écosystème qui fait vivre ces sites controversés, comme les cagnottes en ligne, les portefeuilles de crypto-monnaies ou les boutiques sur internet.
StopHateMoney a déjà fait savoir par exemple à Colissimo qu’il livrait des produits de la boutique en ligne du polémiste Dieudonné, ou aux produits bio Cattier qu’ils étaient vendus sur le site aubonsens.fr lié à l’essayiste d’extrême droite Alain Soral.
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