Le chef d’Etat russe a reçu les dirigeants arménien et azerbaïdjanais à Sotchi, en vue de pourparlers visant à mettre un terme à la recrudescence des affrontements. Pachinian et Aliev ont déclaré ne pas vouloir recourir à la force.
« Nous nous sommes mis d’accord sur une déclaration commune », a déclaré le 31 octobre le Président russe, à l’issue de la rencontre tripartite avec le Premier ministre arménien Nikol Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliev. « Nous nous sommes mis d’accord sur le non-recours à la force ou aux menaces de force, nous sommes convenus de dialoguer », peut-on en effet lire dans le texte signé par ces derniers.
Le dirigeant russe a reçu les gouvernants arménien et azerbaïdjanais à Sotchi pour des pourparlers, après de violents affrontements armés à la frontière entre ces deux pays du Caucase en septembre, qui ont fait 286 morts.
Ces derniers se sont engagés« à régler tous les litiges uniquement sur la base de la reconnaissance de la souveraineté mutuelle et de l’intégration territoriale ». Ils ont également souligné « l’importance des préparatifs actifs à la conclusion d’un accord de la paix entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie afin d’assurer une paix durable et à long terme dans la région ».
« Je dois dire franchement que tout n’a pas été convenu », a néanmoins précisé Vladimir Poutine. « Certaines choses ont dû être retirées du texte élaboré auparavant. Cependant, je suis d’accord de dire que la réunion a été utile », a-t-il ajouté. Haut-Karabagh : « la Russie fera tout pour qu’un règlement définitif et universel soit atteint ».
Il s’agissait du pire épisode de violence entre ces deux ex-républiques soviétiques depuis une guerre en 2020 autour du contrôle de l’enclave montagneuse du Nagorny-Karabakh, une région disputée depuis les années 1990.
« La Russie fera tout pour trouver un règlement définitif et exhaustif » du conflit, a assuré Vladimir Poutine, ajoutant : « Il est dans l’intérêt de tous de normaliser les relations ».
Des mesures de sécurité supplémentaires ?
Selon le Kremlin, la rencontre était consacrée à une discussion portant sur les accords mis en place lors de la médiation par la Russie l’année dernière et sur des « mesures supplémentaires pour renforcer la stabilité et la sécurité » dans la région. Il a aussi été question de reconstruction, d’économie et de transports, toujours selon Moscou.
Vladimir Poutine s’est entretenu avec Nikol Pachinian. Celui-ci a souligné l’importance des forces russes de maintien de la paix déployées dans la région. Le président russe a pour sa part exprimé l’espoir qu’un format de négociations tripartite aide à résoudre le conflit.
Le président russe s’est également entretenu avec Ilham Aliev en vue d’une rencontre trilatérale impliquant les représentants des deux parties, prévue plus tard dans la journée.
L’Arménie, alliée de la Russie, et l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, se sont affrontés pour le contrôle de l’enclave du Haut-Karabagh lors de deux guerres au cours des trois dernières décennies. La guerre à l’automne 2020 entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan avait fait plus de 6 500 morts dans les deux camps et s’était terminée sur une déroute militaire arménienne et un accord de paix parrainé par Moscou.
Des affrontements sporadiques ont toutefois continué d’éclater, malgré la présence de forces de maintien de la paix russes, que ce soit au Nagorny-Karabakh ou à la frontière reconnue entre les deux pays, comme en septembre.
Avant les négociations, Nikol Pachinian a annoncé qu’il était prêt à étendre la présence des 2 000 soldats de maintien de la paix russes pour une durée s’élevant jusqu’à 20 ans. « Je suis prêt à signer à Sotchi un document prolongeant le mandat des casques bleus pour 10, 15 ou 20 ans », a ainsi déclaré le Premier ministre arménien le 29 octobre, disant espérer une proposition de Vladimir Poutine en ce sens.
Le conflit dans le Haut-Karabagh a fait dernièrement l’objet de plusieurs tentatives de médiation, notamment avec la Turquie (alliée de Bakou) à Prague début octobre.
Le président du Conseil européen Charles Michel et le président français Emmanuel Macron, avaient eux aussi organisé des négociations entre Nikol Pachinian et Ilham Aliev à Bruxelles en août. Mi-octobre, le président français avait accusé Moscou de chercher, par ses efforts de médiations à « déstabiliser » le Caucase, et à « créer le désordre pour tous nous affaiblir et nous diviser ».
Les accusations de Paris fâchent Moscou
En plus d’être vivement dénoncées par l’Azerbaïdjan, ces déclarations avaient été condamnées par Vladimir Poutine. « Nous saluons les efforts de médiation de quiconque si seulement ils peuvent contribuer à calmer la situation », avait expliqué le dirigeant russe, estimant que les propos du président français ne poursuivaient manifestement pas cet objectif. Vladimir Poutine avait ajouté avoir été « surpris » par la teneur des déclarations d’Emmanuel Macron, reflétant selon lui un manque de « compréhension du cours même du conflit », ainsi qu’« une absence d’informations sur la position des différentes parties ».