Parce qu’E&R est toujours à la pointe de l’information et à la recherche de l’exactitude, comme on nous l’a appris, nous pourrions ajouter à ce bon résumé – en regrettant qu’il n’en parle pas – que la pollution est un facteur aggravant des maladies respiratoires, dont bien sûr le COVID-19.
Concernant l’Italie, il n’est donc pas étonnant que le nord du pays soit en proie à une épidémie virulente et mortelle :
Tout d’abord les particules fines transportent le virus, faisant office d’autoroute pour le virus comme le rappelle cet article de La Repubblica (en italien) et comme l’illustre cette animation satellite (en anglais) :
D’autre part elles fragilisent les poumons qui s’offrent ainsi sans résistance à l’attaque virale.
N’oublions pas non plus, en aparté, l’éventuelle relation avec la présence de paludisme en Italie du Nord, comme le rappelait l’article suivant.
Il semblait donc que cet élément devait être ajouté car la coïncidence entre les lieux épidémiques à forte mortalité et les zones à forte pollution est souvent retrouvée dans les études (que l’on pense à l’est de la France, par exemple).
La pandémie de coronavirus fait payer un lourd tribut à l’Italie, avec des hôpitaux débordés et un verrouillage national imposé. Mais les experts sont également préoccupés par un taux de mortalité apparemment élevé, le nombre de décès dépassent les chiffres signalés en Chine.
Sur les 63 927 personnes atteintes de coronavirus en Italie, 6 077 sont décédées à ce jour. En revanche, la Chine compte beaucoup plus de cas, 81 496, mais 3 274 décès.
En termes très bruts, cela signifie qu’environ 9 % des patients atteints de coronavirus confirmés sont morts en Italie, contre 4 % en Chine. Selon cette mesure, l’Allemagne, qui a jusqu’à présent recensé 28 865 cas et 118 décès, a un taux de mortalité de seulement 0,4 %.
Alors pourquoi cette disparité ?
Selon le professeur Walter Ricciardi, conseiller scientifique du ministre italien de la santé, le taux de mortalité du pays est bien plus élevé en raison de la démographie – le pays a la deuxième population la plus âgée au monde – et de la manière dont les hôpitaux enregistrent les décès.
« L’âge de nos patients dans les hôpitaux est nettement plus élevé – la moyenne est de 67 ans, alors qu’en Chine, elle était de 46 ans », explique le professeur Ricciardi. « La répartition par âge de nos patients est donc essentiellement réduite à un âge plus avancé, ce qui augmente considérablement la létalité ».
Une étude publiée cette semaine au JAMA [Journal of the American Medical Association, NDLR] a révélé que près de 40 % des infections et 87 % des décès dans le pays concernaient des patients de plus de 70 ans.
Et selon la modélisation de l’Imperial College de Londres, la majorité de ce groupe d’âge aura probablement besoin de soins hospitaliers critiques – y compris 80 % des octogénaires – ce qui met une pression immense sur le système de santé.
Mais le professeur Ricciardi a ajouté que le taux de mortalité en Italie peut également paraître élevé en raison de la façon dont les médecins enregistrent les décès. « La façon dont nous codons les décès dans notre pays est très généreuse dans le sens où toutes les personnes qui meurent dans les hôpitaux avec le coronavirus sont considérées comme mourant du coronavirus. » « Après réévaluation par l’Institut national de la santé, seuls 12 % des certificats de décès ont montré une causalité directe du coronavirus, tandis que 88 % des patients décédés ont au moins une prémorbidité – beaucoup en ont eu deux ou trois ».
Cela ne signifie pas que le Covid-19 n’a pas contribué à la mort d’un patient, mais plutôt que le nombre de décès en Italie a augmenté car une grande partie des patients ont des problèmes de santé sous-jacents. Les experts ont également mis en garde contre les comparaisons directes entre les pays en raison des divergences entre les tests.
Martin McKee, professeur de santé publique européenne à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, affirme que les pays n’ont pas encore une bonne indication du nombre d’infections bénignes dont ils sont atteints.
Si des tests supplémentaires révèlent que davantage de cas asymptomatiques se propagent sans être détectés, le taux de mortalité diminuera.
Par ailleurs, l’Italie a fait le choix d’intégrer dans le nombre total de décès aussi bien les patients morts du Covid-19 que ceux, positifs au coronavirus, mais morts d’une autre pathologie, politique qui n’est pas forcément celle d’autres pays.