« La raison sportive passe derrière la raison économique, financière. Les joueurs deviennent un produit financier, il est important qu’ils circulent, qu’ils se valorisent »
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— France Inter (@franceinter) 3 juin 2016
Depuis vingt ans, le montant des transferts de joueurs de football a explosé : il s’élevait à 3 milliards 600 millions d’euros en 2014. Selon la FIFA, près de 30% de l’argent des transferts iraient dans d’autres poches que dans celles des joueurs : agents, conseillers ou fonds de pension.
Alors que va bientôt débuter en France l’Euro de football, Secrets d’info enquête sur les coulisses du foot business. L’argent coule à flots mais est en grande partie détourné comme en témoigne l’ancien agent de joueur, Patrick Mendelewitsch : « Soit le prix du transfert inclut une rétro-commission, ce qui est le cas le plus fréquent, soit il est accompagné d’un véritable micmac du type “acquisition des droits à l’image”. J’ai constaté que 90 % des transferts étaient pipés ». L’argent des pots de vin passe ensuite discrètement par les paradis fiscaux.
Opération de blanchiment via le transfert de joueurs
Il n’y a pas de prix officiel pour un joueur, ce qui permet toutes les dérives, explique Grégory Schneider, journaliste à Libération : « C’est une valeur “à la Loulou”. La valeur d’un joueur, c’est le prix de revente espérée. Par exemple : j’achète un gars un million pour le revendre cinq, donc je vais faire une super bascule. En fait, le mec est un tocard, je vais le revendre zéro, mais le million a volé. C’est un terrain très précieux pour le blanchiment, quasi miraculeux. » Le blanchiment consiste donc à recycler de l’argent illégal dans un circuit légal. En l’occurrence : les transferts de joueurs.
Le contrôle a minima de la FIFA
C’est un contrôle très limité, sans réelle traçabilité des flux financiers. Le football devient ainsi un « terrain de jeu » potentiel pour toute sorte de trafics. Comme a pu le constater dans ses dossiers, il y a quelques années, l’ancien juge Eric Halphen : « Les filières bancaires utilisées dans la corruption du BTP, le trafic d’armes ou de stupéfiant étaient aussi employées dans bon nombre de transferts sportifs. Avec des filières en Suisse, au Luxembourg, au Liechtenstein, en Allemagne, Autriche, et évidemment dans certains paradis fiscaux. On y retrouvait les mêmes personnes. »