Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a demandé à son cabinet de garder le silence sur la crise au Caire. C’est une nouvelle grande période d’incertitudes et de craintes pour l’État hébreu.
L’ancien président égyptien Morsi n’a pas été et en aucun cas, un interlocuteur privilégié pour Israël. Il n’a jamais utilisé le mot « Israël » en public et son porte-parole a même été jusqu’à démentir que Morsi ait envoyé une lettre de remerciement au président Shimon Peres après que ce dernier l’eut félicité pour son élection l’an dernier. Cependant, son année de présidence n’a pas nui aux relations égypto-israéliennes. Bien au contraire.
Voici quatre bonnes raisons pour lesquelles Morsi risque de manquer à Israël :
1. Les Frères musulmans de Morsi ont fait l’impensable lorsqu’ils ont confirmé les accords de paix de Camp David avec Israël. Ses dirigeants parlaient pourtant d’amender le traité, mais ils ont continué à le défendre, comme le régime de Hosni Moubarak l’a fait auparavant. Bien que les membres des Frères musulmans et ses ministres au gouvernement ne pussent pas s’afficher publiquement avec des responsables israéliens, ils ont au niveau le plus crucial pour Israël, dans la coopération sécuritaire, maintenu et même amélioré leurs relations avec leur voisin israélien, selon des sources de la défense israélienne, et ce, après une période chaotique de l’ère post-Moubarak .
2. Lors de l’arrivée au pouvoir de Morsi, Israël craignait que le leader des Frères musulmans, le mouvement et ancêtre idéologique du Hamas, n’encourage le Hamas à lancer des missiles contre Israël. Or, il n’en a rien été, l’administration Morsi, en fait, n’a pas essayé d’empêcher Israël de lancer l’opération « Pilier de défense » à Gaza l’an dernier, durant laquelle le leadership et l’infrastructure militaire du Hamas ont été gravement endommagés. Morsi a également réussi à imposer et à faire respecter un cessez-le-feu rapide qui a engendré durant les huit derniers mois une période de calme sans précédent dans le sud d’Israël, ordres de retenus respectés scrupuleusement par le Hamas, malgré quelques tentatives d’embrasement du Jihad islamique palestinien. Les Frères musulmans ont freiné le Hamas à un degré qui n’a jamais existé au cours du temps de Moubarak.
3. Sous Moubarak, l’armée égyptienne n’a pas pu agir de façon décisive contre la contrebande des opérations dans le Sinaï et de là, à travers les tunnels souterrains, dans la bande de Gaza. Pour les Égyptiens, ce fut l’occasion de créer un équilibre régional entre Israël et les Palestiniens
Depuis la chute de Moubarak, le chaos régnait dans le Sinaï. Mais l’an dernier, Morsi a pris énergiquement les choses en mains en y expédiant l’armée et en lui donnant carte blanche contre des éléments d’Al-Qaida qui avaient agi dans ces parties de la péninsule et, plus important encore pour Israël, il a fait démolir un grand nombre de tunnels de contrebande. La proximité entre les Frères musulmans et le Hamas a fait que l’Égypte a été plus déterminée à combattre les extrémistes islamistes dans le Sinaï et la bande de Gaza, pour ne pas que ces derniers ne menacent et ne contestent davantage la mainmise des Frères musulmans et du Hamas dans la région.
4. Malgré les craintes d’un rapprochement entre l’Iran et l’Égypte à la suite des victoires électorales des Frères musulmans, les différences entre l’Égypte sunnite et l’Iran chiite se sont accentuées sous Morsi, et toute chance de coopération maintenant semble très éloignée. Instinctivement, la confrérie s’est identifiée avec les rebelles sunnites en lutte contre le régime de Bashar El-Assad. Le régime de Morsi a vu d’un très mauvais œil la participation du Hezbollah en Syrie aux côtés d’Assad et a fait de ce dernier un ennemi implacable du gouvernement au Caire.
L’Égypte de Morsi était fermement dans le camp anti-iranien. Un chaos politique prolongé au Caire va focaliser l’attention de l’Occident sur la guerre civile en Syrie et aider l’Iran et ses alliés à continuer de soutenir le régime d’Assad.