Selon cette étude consacrée à la situation « sur le terrain », en Seine-Saint-Denis, loin de la « France d’en haut », 45% des habitants de Seine-Saint-Denis et Paris Nord considèrent que ce phénomène de trafics s’est aggravé depuis deux ou trois ans, 55% depuis plus longtemps, et qu’il concerne tous les secteurs économiques.
Dans le détail, 70% des personnes interrogées pensent que « le travail au noir » s’est développé récemment dans notre pays, de même que la contrebande de cigarettes (74%) ou, dans un tout autre registre, la location d’appartements, de maisons, d’objets, de voitures via Internet (87%).
Pour François Miquet-Marty, « on peut dire que se constitue progressivement au sein de la société française une société d’en bas, dissidente, par rapport à ce que les normes imposent ». Il ajoute : « [...] On constate l’existence de deux mondes : le premier monde est celui des activités non déclarées de la vie quotidienne, […] occasionnelles, et puis il y a véritablement des activités non déclarées structurantes, aux yeux des Français, à savoir des personnes qui vivent du travail au noir ou de contrebande. »
Rapport « ambivalent »
Autant de types d’activités qui profitent de deux facteurs, selon les personnes interrogées : le boom de l’économie numérique, qui permet de dissimuler par exemple des activités de travail au noir ou des échanges (achats et ventes) de produits sans formalités (fiscales notamment), mais surtout la crise économique et les difficultés sociales, qui poussent à la « débrouille » pour arrondir les fins de mois.
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Les Français entretiennent d’ailleurs un rapport « ambivalent » à cette « contre-société », pointe Miquet-Marty. D’un côté, ces phénomènes sont condamnés et provoquent une opinion négative chez 67% des personnes interrogées, mais dans le même temps, certains Français font preuve d’une relative tolérance voire d’une certaine résignation : 40% pensent ainsi qu’« il est compréhensible d’avoir des activités non déclarées pour avoir un petit complément de rémunération » et 30% qu’« il est parfois nécessaire d’avoir des activités non déclarées, sinon on ne s’en sort pas ».