L’antirussisme de la Pologne aurait tendance à nous la faire percevoir comme un parfait pion de l’atlantisme et à cet égard parfaitement européiste aussi. Or, le parti au pouvoir, de droite, est assez critique sur l’Union européenne (moins des fonds qu’elle verse au pays). À deux semaines d’élections législatives, l’opposition a organisé dans la capitale Varsovie une grande manifestation contre le gouvernement. Les organisateurs parlent de centaines de milliers de personnes, la mairie d’un million – on imagine bien qu’elle est aussi dans l’opposition.
Dimanche, des milliers de drapeaux ont coloré les rues de blanc et de rouge, parce que les Polonais sont patriotes, mais aussi de bleu, parce qu’ils pensent que c’est compatible avec l’UE. Il y avait aussi des arcs-en-ciel, parce que les militants LG+ (soyons concis !) s’en sont approprié les couleurs et n’aiment pas les nationalistes eurosceptiques catholiques qui pensent qu’un homme est un homme et une femme est une femme, ou que l’avortement n’est pas un moyen de contraception.
Malgré cette démonstration de force, le parti au pouvoir reste en tête des intentions de vote. L’opposition, qui a « commandité » un sondage ad hoc, affirme rattraper son retard, et que rien n’est encore joué. Elle joue les gros bras en défilant, en masse il est vrai, dans les rues en prétendant que ceux actuellement au pouvoir iront en prison, et en arborant sur leur poitrine un cœur blanc et rouge, symbole de la coalition centriste, et manifestation du monopole de la bienpensance.