Interrogé par TF1 à l’issue du défilé de ce 14 juillet sur les Champs-Elysées, l’ancien Premier ministre Lionel Jospin a trouvé « dommage » que l’armée française ne soit plus une « armée de citoyen », alors que lui-même a été à la tête d’un gouvernement qui a accompagné la professionnalisation de l’outil français de défense, suite à une décision prise en 1996 par Jacques Chirac, alors président de la République.
Mais, visiblement, Lionel Jospin n’est pas le seul à avoir ce sentiment car, d’après un sondage réalisé par l’IFOP pour Atlantico.fr, 62% des Français regrettent le service militaire obligatoire, lequel a été suspendu il y a maintenant plus de dix ans. Et ce pourcentage augmente au fil du temps car ils étaient 59% en juin 2006 puis 61% deux ans plus tard à penser de même.
Les plus nostalgiques sont, sans surprise, ceux qui ont connu le temps des « 3 jours » (en fait, la sélection n’en durait qu’un), avec 69% des 35-49 ans, 58% des 50-64 ans et 77% des 65 ans et plus. Et 46% des personnes interrogées âgées de moins 35 ans regrettent également le service militaire.
Si l’on considère les catégories socio-professionnelles, 67% des ouvriers, 65% des commerçants, 64% des employés et 63% des travailleurs indépendants déplorent la disparition du service militaire. En revanche, les cadres supérieurs et ceux qui exercent une profession libérale ne sont que 49%, ce qui est tout de même assez important.
Si l’on regarde les opinions politiques, 68% des sympathisants de l’UMP et 54% des personnes prochent du Parti socialiste regrettent la conscription, dont l’on trouve les plus fervents « défenseurs » parmi les partisans du Front national (77%). Cela n’est pas étonnant, dans la mesure où l’un de ses dirigeants, Florian Philippot, avait récemment préconisé l’instauration « d’un service militaire obligatoire » pour les filles et les garçons de 18 ans.
Cela étant, l’idée de rétablir le service militaire fait régulièrement surface, comme si c’était la solution à tout (comme au problème, par exemple, de la délinquance, voir à ce sujet le débat sur l’encadrement militaire des voyous). Ses partisans le voient comme un « creuset de la nation », alors qu’au moment de sa suspension, 30% d’une classe d’âge en échappaient (reforme, exemption, dispense). Qui plus est, cela demanderait de revoir le format des armées, avec à la clé, la rouverture de casernes… alors que, dans le même temps, et dans un autre sondage, 65% des Français estimaient, en novembre dernier, qu’il fallait réduire le budget de la Défense pour faire des économies…
Les opposants au retour de la conscription estiment au contraire que la priorité est l’efficacité des forces armées. Actuellement, il n’est pas besoin de garder l’oeil sur la ligne bleue des Vosges et la défense des intérêts et de la sécurité de la France se joue parfois à des milliers de kilomètres de Paris. Ce qui demande des soldats bien formés et entraînés, bref, professionnels. Et cela d’autant plus que les matériels d’aujourd’hui sont nettement plus compliqués à mettre en oeuvre que par le passé, même si un Famas reste un Famas. D’ailleurs, d’autres pays ayant une longue tradition de conscription viennent d’adopter le modèle d’une armée professionnelle. C’est notamment le cas de l’Allemagne et de la Suède.