Le tribunal correctionnel de Paris rend mardi son jugement concernant le dessinateur Plantu, poursuivi par une association proche des catholiques traditionalistes pour un dessin représentant le pape Benoît XVI sodomisant un enfant.
Le dessin, publié le 22 mars 2010 sur le site de Plantu et repris le 3 avril suivant par Le Monde magazine, avait fait l’objet d’une plainte de l’Alliance générale contre le racisme et le respect de l’identité française et chrétienne (Agrif), pour "provocation à la haine ou à la violence" envers les catholiques.
Intitulé "Pédophilie : le pape prend position", il mettait en scène le pape sodomisant un enfant qui déclarait : "Quitte à se faire enculer, autant aller voter dimanche !", en référence aux élections régionales. Il s’agissait de dénoncer "la double souffrance" des enfants abusés par des ecclésiastiques et "le silence assourdissant" de l’Église, "un second viol", avait expliqué Plantu à la barre le 1er juillet, mais aucunement d’"humilier les croyants".
Mais qui peut se plaindre de ce dessin devant la justice, qui était visé, les catholiques ou l’ancien pape Benoît XVI ? Pour l’avocat de l’Agrif, Me Jérôme Triomphe, ce sont bien les premiers, qui "se sont sentis agressés". "On ose car les catholiques sont réputés ne pas réagir", avait-il plaidé. A l’inverse, pour l’avocat de Plantu, Me Christian Charrière-Bournazel, "c’est bien la personne du cardinal Ratzinger qui est visée" par ce dessin.
Dès lors, avait plaidé l’avocat, l’action de l’Agrif, association de "fondamentalistes" selon lui, qui n’a pas vocation à représenter les catholiques en général, est irrecevable. Et "que l’on aime ou que l’on n’aime pas", ce dessin "ne peut pas tomber sous le coup de la loi", selon Me Charrière-Bournazel. "Nous sommes dans la caricature, qui est par nature même excessive". La procureur avait quant à elle estimé que ce ne sont pas les catholiques qui sont visés, "loin de là".