Face à une conjoncture sociale inquiétante, le petit Nicolas met les bouchés doubles sur le terrain de la lutte contre la précarité pour, sur les sacro-saintes recettes de son meilleur conseiller social Raymond Soubie, endiguer une révolte populaire larvée qui pourrait dépasser le stade de l’épiphénomène politique.
Son duel final avec Dominique de Villepin lui aurait il remémoré la crise du CPE trois ans auparavant ? « Éducation, insertion, engagement civique » seront désormais les trois maximes pour extirper la jeunesse du bourbier dans lequel elle s’enlise depuis près de quinze ans.
Première mesure phare adoptée par le gouvernement, l’extension du RSA( revenu de solidarité active) pour les jeunes de 18 à 25 ans ayant travaillé 3600 heures et au moins deux ans à temps plein sur une période de trois années consécutives. En clair, le RSA ne concernera qu’un jeune sur dix. Quand on sait que 20% des 18-25 ans soit près de 1,6 millions de jeunes vivent sous le seuil de pauvreté, on pense encore à une nouvelle opération de communication et rien de plus. Le président de la République a lui même assuré que cette grande avancée sociale toucherait près de 160000 citoyens, sans bien sur divulguer le chiffre alarmant de la précarité estudiantine ! Quand au complément de revenu, celui ci ne dépassera pas les 140 euros/ mois, nuançant nettement le gain de pouvoir d’achat espéré. Mais pire, ce nouvel interventionnisme de l’administration publique, dans la pleine continuité du diktat des 35h, viendra pallier la généralisation du travail à temps partiel et ainsi toujours mieux conditionner les salariés français à voir décroître leur temps de travail et avec lui leur paye mensuelle. Pour exemple, une caissière qui travaille 26 heures par semaine touchera grâce au RSA 101 euros supplémentaires, son salaire s’élevant dès lors à seulement 871 euros/mois !
Cette mesurette sociale ne viendra pas non plus compenser la refonte du Bac professionnel orchestrée en 2008 dans un silence médiatique sans égal. Dernière chance d’insertion sur le marché du travail pour des adolescents écartés du système scolaire traditionnel, le remplacement de tous les BEP par des classes de seconde professionalisantes vient s’ajouter aux suppression de 10000 postes en 4 ans, recalant par conséquent près de 100000 jeunes en moins d’un an ! Le cursus de ces filières courtes sera désormais réduit à trois ans au lieu des quatre années prévues auparavant, laissant de côté des secteurs entiers du programme et portant un coup fatal à la qualité de la formation de jeunes conduit à intégrer des postes de plus en plus précaires. L’exemple de Pierre, 16 ans, titulaire d’un BEP en électrotechnique, et empêché de poursuivre ses études en Bac professionnel est flagrant : « j’ai contacté le rectorat. Leur réponse a été claire : vu que j’avais 16 ans, ils n’étaient plus obligés de me scolariser et m’ont suggéré de chercher en apprentissage ». Quand 120 000 jeunes sortent chaque année sans diplôme ou avec des droits préférentiels pour Pôle Emploi, on identifie sans peine le terreau de la délinquance et le coût sans bornes de jeunes déphasés qui grossissent les effectifs des pénitentiaires. Comble de l’ignominie, notre lilliputien ose annoncer la mise en place de parcours professionnels avec obligation d’accepter les emplois proposés en contrepartie d’une aide de 2500 euros pour les 16-18 ans et de 250 euros pour les 18-25 ans ! La grande innovation sera de verser des allocations pour des travailleurs miséreux recalés de toutes les formations réellement qualifiantes. Le gouvernement donnerait il dans l’élevage des jeunes pauvres ?
Quant au prolongement d’un dixième mois des bourses étudiantes,sachez jeunes baroudeurs de Fac que seuls les inscrits dans un cursus universitaire de 10 mois pourront jouir des euros d’or supplémentaires, soit près de 9% des étudiants. Belle révolution sociale ! Enfin, les dotations pouvant s’élever jusqu’à 3000 euros en vue de financer un permis de voiture ou la location d’un studio ne toucheront qu’à peine 6000 à 8000 personnes, soit trois belles gouttes d’eau dans la mer d’Aral( soyons optimistes) !
Troisième maxime oblige, le fameux service civil volontaire ! Volontaire, donc soumis au bon vouloir d’adolescents dans une société consumériste et individualiste. Service réservé en réalité aux jeunes des bonnes vieilles familles catholiques de valeur, pour la plupart déjà engagées dans différents mouvements caritatifs( scoutisme, secours catholique). Service qui à contrario, abandonnera les jeunes de familles populaires déclinantes qui surmontent divorces, licenciements, alcoolisme de parents en fin de route, et dont la seule espérance de structuration personnelle s’ancre dans un grand service, sinon militaire, du moins porté dans un collectif animé par un idéal commun : servir son pays ! Cet amas de propositions souffrant de manière évidente d’un manque de perspective et d’ambition ne sont conditionnées qu’à étouffer dans l’œuf cette colère populaire lasse d’un régime expert en matière de duplicité. Au secours Sorel, Valois, La tour du Pin, Le Play, ils sont tous devenus fous !
« Tout désespoir en politique est une sottise absolue » Charles Maurras
Antoine - E&R Rhône