Le président philippin Duterte a proclamé mardi la loi martiale dans la province de Mindanao, dans le sud du pays. Elle pourrait durer un an.
Le président philippin Rodrigo Duterte a instauré mardi la loi martiale dans la région de Mindanao, dans le sud du pays, où vivent environ 20 millions de personnes et où de violents accrochages se sont produits entre les forces armées et des combattants liés au groupe État islamique. L’annonce a été faite par le porte-parole du président depuis Moscou, où le président philippin était en visite officielle. Duterte a profité de ce déplacement pour réclamer des armes pour combattre l’EI et demander l’aide de Moscou, avant que la situation ne le pousse à annoncer son départ précipité. « Des unités de l’État islamique occupent une province et il y a des affrontements, une opération militaire (...) Je dois malheureusement partir là-bas », a-t-il expliqué à son hôte.
Des accrochages ont eu lieu dans la journée lors d’une opération de chasse à l’homme contre Isnilon Hapilon, chef du groupe islamiste Abu Sayyaf et responsable pour les Philippines de l’organisation État islamique. L’homme figure sur la liste du FBI des criminels les plus recherchés, et le département d’État américain a promis une récompense de 5 millions de dollars pour sa capture. Les heurts ont commencé lors de la perquisition d’une demeure à Marawi, une ville à majorité musulmane de quelque 200 000 habitants, où le chef d’Abu Sayyaf était supposé se cacher. Une cinquantaine de djihadistes se seraient alors interposés, avant de se disperser à travers la ville, où ils faisaient régner la terreur.
Bâtiments officiels incendiés
Au moins trois membres des forces de sécurité ont été tués et d’autres blessés lors des combats. Les combattants islamistes ont attaqué un hôpital, a précisé le chef de l’état-major philippin, le général Eduardo Ano. « Nous allons nettoyer le secteur », a ajouté l’officier supérieur en invitant la population à rester chez elle. « J’appelle les habitants de Marawi à rester chez eux, et à se jeter au sol s’ils entendent des coups de feu », a exhorté le gouverneur de la province de Mindanao, Mamintal Adiong Jr, dans le journal The Philippine Star. « Ils doivent fermer leurs portes à clef et leurs portails aussi. »
Selon le quotidien britannique The Independent, des témoins sur place ont rapporté avoir vu des hommes en armes portant des tenues caractéristiques de l’État Islamique quadriller les rues de Marawi et mettre le feu à des maisons et à des bâtiments officiels. D’après le ministre de la Défense, Delfin Lorenzana, la prison municipale, une église, une école et plusieurs résidences auraient été incendiés.