Le Figaro a été invité en Vendée chez Philippe de Villiers pour évoquer son dernier livre, un « réquisitoire », la réouverture du Puy du Fou, et sa relation ambiguë avec le Président. Nous avons sélectionné les morceaux les plus politiques de l’entretien, qui est réservé aux abonnés du journal de droite. Nous y avons ajouté la recension du livre du vicomte par le national-sioniste Alexandre Devecchio.
« Les yeux plissés et brillants, Philippe de Villiers narre avec une gourmandise évidente les faits d’armes de la croisade antijacobine que fut son bras de fer avec l’État pendant le confinement. Il y a du goupil chez cet animal politique issu du bocage. En jouant l’Élysée contre Matignon, il a obtenu ce qu’il voulait : préserver “coûte que coûte” le Puy du Fou et c’est l’essentiel pour lui. Nouée en août 2016, lors de la visite du couple Macron au Puy du Fou, la complicité paradoxale entre le souverainiste passionné et le mondialiste convaincu ne s’est jamais démentie. Ce qui n’empêche pas Philippe de Villiers de l’étriller drôlement dans son nouvel ouvrage. »
On va commencer par du réjouissant, la gifle du vicomte au du Premier ministre, un joli coup monté en deux temps :
Les restaurants et les parcs zoologiques ouvriront le 2 juin. J'ai eu Edouard Philippe au téléphone : il refuse la réouverture du @PuyduFou, contrairement à la parole du président. Ils veulent nous briser. Mobilisation générale !
— Philippe de Villiers (@PhdeVilliers) May 14, 2020
Merci à Emmanuel Macron de son message chaleureux. Merci d'avoir transféré le dossier du @PuyduFou au Conseil de Défense. Le Puy du Fou va revivre. Le Puy du Fou vivra !
— Philippe de Villiers (@PhdeVilliers) May 21, 2020
Villiers s’explique sur cette ambiguïté :
« Il n’y a aucun hiatus : dans nos relations, j’ai toujours distingué l’amitié puyfolaise, que je crois sincère depuis quatre ans, et le désaccord idéologique. Ce qui serait vil de ma part serait, sous prétexte qu’il vient en aide au Puy du Fou, de me taire sur le fond, sur les idées. Mon livre n’est ni un pamphlet ni un libelle, c’est une adresse à un homme qui a déclaré dans son allocution du 13 avril dernier : “Sachons nous réinventer, moi le premier.”
Lui, l’adepte et l’apôtre du Nouveau Monde (puisque c’est ainsi qu’on appelle le règne tout puissant du mercantilisme et des technologies dans son entourage parisien), celui qui voulait un pays plus moderne, plus mobile, plus métissé, reconnaît ipso facto s’être planté. Et la crise sanitaire l’a démontré, puisqu’on nous dit aujourd’hui de fabriquer français, de consommer français, de fermer les frontières, de rester chez soi ! La théorie de l’homme nomade, chère à Jacques Attali, est une catastrophe qui nous a menés à l’abîme. La “réinvention” que le Président appelle de ses vœux passe par la redécouverte de l’Ancien Monde : la souveraineté nationale, la décision régalienne, les frontières, les racines, la famille, etc. »
On a envie de dire, voire de crier, avec le Puyfolais, « boutons le nomade hors de France ! », mais nous craignons que cette boutade (c’est donc ça le vrai sens !) soit considérée comme de l’antisémitisme, le nomadisme étant un attalisme et l’attalisme un sionisme...
Le Nouveau Monde, pour le patron du parc à thème, c’est la France, sa tradition, sa particularité. Selon lui, l’épisode du Covid a démontré toute la nocivité du mondialisme et toute la force du souverainisme. De la même façon, la culture mondialiste a perdu devant la culture nationale, que l’homme politique de droite (des valeurs) incarne ou pense incarner.
« Le Puy du Fou n’est pas un simple parc d’attractions ou de divertissement, l’avatar français de Disneyland. C’est un acte de civilisation, un lieu de mémoire vivante où s’exprime le légendaire d’un peuple. Avec mon expérience, je connais les hommes et j’ai bien observé Emmanuel Macron lorsqu’il est venu ici : il a été sincèrement touché et ému par ce qu’il a vu. Je ne pense pas me tromper. C’est le premier visiteur politique qui ait compris la mystique portée par le Puy du Fou, sa dimension spirituelle. Il y a donc chez lui une sensibilité potentielle à l’Ancien Monde que nous incarnons. J’ai envie de lui dire : “Le ’Nouveau Monde’ à bâtir, c’est nous !”. En tout cas, il passe par nous, par les patries charnelles, par les grandeurs passées, par le culte des ancêtres et des héros. »
Ayant rencontré ou échangé avec Macron à de nombreuses reprises, surtout pour un homme politique retiré des affaires, Villiers en raconte une bonne : comment il a su jouer avec le désir monarchique du Président...
« En mars 2019, il m’invite à dîner à l’Élysée. Il avait fustigé la “lèpre populiste” l’année précédente, ce que j’avais jugé insultant. J’arrive en lui disant : “Je le confesse : je suis un lépreux, souverainiste et populiste. Et je ne me soigne pas !” Puis, j’offre mon Mystère Clovis à Brigitte, avec cette dédicace : “À la reine Clotilde, pour qu’elle influence le roi des Francs. »
Futé ! C’est peut-être ça qui a emporté le morceau, c’est-à-dire la réouverture précoce du Puy du Fou et de tous les parcs à thèmes, contre l’avis du Premier ministre et du Conseil scientifique (qui n’a pas grand-chose de scientifique, nous a appris Raoult).
Et donc, de quoi parle son livre ? De la France, bien sûr, puisque c’est son dada. Mais aussi du Covid et du mondialisme. Dans le premier paragraphe de Devecchio, il n’y a rien à changer :
« Il nous l’avait bien dit ! C’était deux ans après Maastricht, lors de la campagne des élections européennes de 1994. À l’époque, la formule faisait rire les salles : “Quand toutes les barrières sanitaires seront tombées et qu’il y aura une grippe à New Delhi, elle arrivera dans le Berry”, aimait-il répéter devant un public incrédule. Bien avant Arnaud Montebourg, Philippe de Villiers fut, avec Jean-Pierre Chevènement, Philippe Séguin et Charles Pasqua, l’un des premiers à évoquer la “démondialisation” et à fustiger le “libre-échangisme mondial qui déracine tout et appauvrit les faibles”. Pendant trente ans, on établit autour d’eux un périmètre sanitaire. Les “conscrits de Maastricht” sont confinés aux marges de la politique. Au mieux, ils sont présentés comme des Cassandre ou des ringards, au pire comme des crypto-lepénistes, des populistes. »
« Si son ami, le regretté Philippe Séguin, incarnera pour toujours la figure du souverainiste maudit, Villiers reste l’éternel mousquetaire, celui qui, tel Charrette, le héros de son spectacle Le Dernier Panache, préfère mourir l’épée à la main que renoncer. Il épouse ici la colère populaire, se veut le porte-parole de cette France oubliée où le tribunal de commerce “incinère à tour de bras”. » (Le Figaro)
27 ans plus tard, Philippe fait un numéro de cirque présenté par la ravissante Charlotte d’Ornellas. Son opinion n’a pas changé d’un iota : il avait effectivement raison sur l’Europe, la mondialisation et la perte de France.
Devecchio résume le dernier livre du vicomte, qui en a écrit une quarantaine :
« Tout commence par le récit, à la manière d’un feuilleton d’Alexandre Dumas, d’un dîner entre un vicomte et un jeune impétrant sur le point de devenir président. Le face-à-face se déroule sous la voûte des vieux aulnes du Puy du Fou et se poursuit tard dans la nuit. “Selon vous, quelle est la première urgence pour le futur chef de l’État ?” demande le jeune homme.
“Réaffirmer le primat du politique sur l’économique, répond Villiers, sans hésiter. Depuis 1983, tous les présidents n’ont eu qu’une obsession, dont l’Europe a été le cheval de Troie : adapter la France à la mondialisation. Il faut faire le contraire : adapter la mondialisation à la France”.
Les deux hommes semblent alors sur la même ligne. Mais, selon le souverainiste, après un début de mandat dominé par une recherche de verticalité régalienne, le jeune président a rapidement renoué avec “ses fièvres du Nouveau Monde”. Absorbé par la lutte contre le retour de “la lèpre nationaliste”, il tardera à réagir au virus chinois. »
C’est toute l’ambiguïté de ce président bizarre, qui parle France mais qui agit mondialiste. Soit Macron est vraiment tiraillé entre deux forces, entre la Banque et le peuple, entre le lobby et la République, entre la France et le monde, soit il n’est qu’un chenapan truqueur. Soit il souffre, soit il triche, il n’y a pas d’alternative.
On laisse ensuite à Villiers et Devecchio la responsabilité de leurs propos sur l’exploitation islamiste des conséquences du confinement :
« “L’économie française ressortira en cendres de cette vitrification, analyse-t-il. Il y aura les survivants et les morts”. Les survivants ? L’économie connectée, la sphère financière, le capitalisme globalisé, la grande distribution mondialisée. Les morts ? L’économie réelle, les petits entrepreneurs, les artisans, les commerçants, les restaurateurs : “cette France industrieuse, la France des bourgs et des villes moyennes qui n’est pas reliée au virtuel”. Le rideau des bistrots restera-t-il tiré ? Le four des boulangeries éteint ? Pas sûr que notre art de vivre y résiste. D’autant que, pour Villiers, la crise économique et sociale ne fera qu’accroître les fractures culturelles et précipiter l’archipellisation de la France. Le virus islamiste pourrait prospérer sur le coronavirus, suggère-t-il. »
Et là, on pose la question aux deux nationaux-sionistes : ce sont les musulmans ou les islamistes qui ont précipité la France dans la crise économique post-Covid ou les forces du « Bien » qui sont passées par le Conseil scientifique, le ministère de la Santé, l’Inserm et l’institut Pasteur ? C’est le rabza du 93 ou le couple Lévy-Buzyn ? Mais cette question semble hors sujet pour Le Figaro. L’article se termine sur une lueur d’espoir, le Gaulois réfractaire qui se réveille pour mettre le mondialisme à terre :
« Mais, comme l’affirme le poète Hölderlin, “là où croît le péril croît aussi ce qui sauve”. Villiers espère qu’après le chaos viendra le temps du sursaut. Pour lui, le Nouveau Monde est en train de mourir du coronavirus tandis que l’Ancien Monde refait surface. “La trinité salvatrice - le Marché, l’individu, l’Europe – qui servait de credo à la classe politique” va céder la place à des concepts que l’on croyait révolus : l’État, le Social, la Nation. Nous reviendrons au “carré magique de la survie”, prédit-il : la frontière, la souveraineté, le local, et la famille… »
Tout à fait d’accord. Sauf que le néolibéralisme, le mercantilisme, la puissance de la Banque ont plus à voir avec le sionisme ou l’américano-sionisme qu’avec l’islamisme ! Ce ne sont quand même pas les Français musulmans qui ont mis des millions d’emplois en péril ! La haute médecine nous a vendu un virus ultramortel, qui s’est avéré aussi dangereux que la grippe saisonnière. La haute banque a vendu au gouvernement une purge économique sans précédent, une destruction de valeur qui n’arrive que pendant une guerre. Devecchio et Villiers devraient nommer les responsables de cette gigantesque saloperie faite au peuple de France, fussent-ils puissants, plutôt que de chercher des boucs émissaires parmi les moins défendus...
PS : sur la photo de une, le vicomte pose avec deux loups français.