En France, toutes les bonnes âmes qui défendent la Russie voire la Russie de Poutine sont systématiquement accusées d’être des agents du Kremlin, par exemple par des journalistes dont l’incompétence n’a d’égal que la mauvaise foi, comme on a pu le constater lors de la dernière visite du député Nicolas Dupont-Aignan à Moscou.
Reçu à la chambre de commerce et d’industrie franco-russe par une communauté d’hommes d’affaires lui faisant part du piètre traitement journalistique de la Russie par les correspondants francais en poste à Moscou, ces derniers ont immédiatement et de façon hystérique dénoncé l’hypothétique main du Kremlin derrière ces simples critiques, émises pourtant par les plus éminents chefs d’entreprises français de Russie.
Cela en dit long sur les psychoses qui accompagnent le traitement d’opinions non négatives sur la Russie, systématiquement interprétées comme du « lobbying vénal » pour le compte du Kremlin. Les russophiles ont-ils l’obligation morale de ne pas être kremlinophiles ?
Cette haine du leader russe, ainsi que de sa politique de puissance et de réappropriation de souveraineté, n’est pas uniquement le fait de la majorité des journalistes et commentateurs. Une autre catégorie existe : celle des militants politiques qui sont animés par une haine de la Russie de Poutine, soit par une passion historique pour l’Ukraine galicienne, catégorie que l’on trouve surtout en France et en Europe au sein d’une certaine galaxie nationaliste identitaire.
Ces blogueurs anonymes et autres activistes 2.0, dont l’activité a augmenté au cours de l’année 2014, se sont mis à attaquer agressivement et systématiquement les Français qui défendent la Russie. Aux insultes, menaces et mensonges se sont rajoutés de multiples mythes destinés à présenter tous les Français prônant la coopération franco-russe comme des « agents du Kremlin » occupant des positions économiques favorables en échange de leur action de promotion de la Russie et de son image, sur le modèle des écrivains communistes français à l’époque de l’URSS.
Cette tentative de discréditation a vu la naissance de plusieurs sites quasi-systématiquement tenus par des anonymes qui, avançant masqués, montrent en réalité leur vrai visage. Un visage qui rappelle celui des voyous du Pravy Sektor, eux aussi cagoulés lors de leurs apparitions publiques.
La ressemblance et le lien entre les deux ne s’arrête pas là.
L’activité de la plupart de ces sites et des agitateurs et commentateurs anonymes est peut-être à mettre en lien avec un événement bien inattendu : de sources proches du ministère français de l’Intérieur, il semble confirmé que la direction du Pravy Sektor, et on parle même de la présence de Andriy Paruby, se serait rendue par deux fois ces derniers mois en France, pour faire la tournée des milieux nationalistes les plus radicaux. A grands renforts de propositions de financements, Pravy Sektor chercherait-il à recruter des militants en vue de mener des actions violentes contre les intérêts russes en France et sans doute aussi contre les patriotes français russophiles ?
De façon peu surprenante pour les lecteurs de Sputnik, les contacts se seraient notamment dirigés vers les mêmes soutiens que les ultranationalistes russes avaient trouvés en France lors des marches russes. Ces marches regroupaient on s’en souvient des ultranationalistes plutôt proches d’Alexeï Navalny et hostiles à Vladimir Poutine, dont certains combattent au côté de l’armée ukrainienne contre les fédéralistes pro-russes du Donbass.
Une alliance surprenante qui montre bien que ceux qui souhaitent à porter atteinte à la paix en Europe et à la relation franco-russe sont sans morale et n’hésitent pas à se servir de l’extrême droite pour atteindre leurs objectifs dans la région, comme ils le font avec les islamistes les plus fanatiques en Syrie ou via les minorités sociétales les plus radicales en Europe.
Le voyage des responsables ukrainiens en France a connu peu de succès, puisque les intéressés ont pu constater la forte russophilie des milieux patriotiques de droite français. Une tendance inverse à celle des milieux nationalistes polonais ou baltes, avec lesquels Pravy Sektor souhaite créer un arc stratégique régional antirusse correspondant au passage parfaitement aux objectifs néo-conservateurs pour la région. Des objectifs contraires aux intérêts supérieurs de la nation française et à ses impératifs prioritaires de souveraineté, puisque comme l’a très justement rappelé l’irremplaçable Jean-Pierre Chevènement : « Il n’y a pas d’indépendance de la France sans une Russie forte. »