La mer de Chine méridionale est le théâtre de plusieurs différends territoriaux entre les pays de la région, lesquels sont susceptibles de dégénérer, selon l’International Crisis Group (ICG), en conflit armé faute de mécanisme de résolution des tensions au sein de l’Asean.
Parmi les territoires disputés, l’on trouve les îles Spratleys et Paracels, qui recèleraient des gisements de pétrole ainsi que d’importantes ressources halieutiques. Qui plus est, elles sont traversées par des voies maritimes internationales, qui pourraient être compromises en cas de conflit dans cette région.
Pour ce qui concerne plus précisément l’archipel des Paracels, constitué par une centaine d’îlôts coraliens répartis sur une zone de 250 km de long sur 130 km de large, sa souveraineté est revendiquée à la fois par Taïwan, la République populaire de Chine et le Vietnam, sans que les différents protagonistes aient précisé les bases juridiques et historiques sur lesquelles reposent leurs réclamations.
En 1938, les troupes françaises déployées en Indochine prirent pied sur cet archipel, ce qui provoqua la protestation de la Chine, alors en guerre contre le Japon, lequel en prit possession au cours de la Seconde Guerre Mondiale.
Après les accords de Genève de 1954 et la fin de la présence française en Indochine, la République populaire de Chine revendiqua à nouveau sa souveraineté sur les îles Paracels et Spratleys.
Si le Nord-Vietnam n’y vit aucun inconvénient à l’époque, il n’en fut pas de même pour le Sud-Vietnam, qui déploya, en 1973, des forces sur l’île de Pattle, situé dans l’archipel des Paracels.
Cette situation donna lieu, en janvier 1974, à une bataille navale entre la Chine communiste et le Sud-Vietnam. Et l’issue de cette dernière tourna à l’avantage de l’armée populaire de libération (APL), la VIIe Flotte américaine ayant refusé d’apporter une assistance à l’armée sud-vietnamienne dans cette affaire.
Les choses auraient pu en rester là… Sauf qu’à partir de 1976, le Vietnam réunifié remit la question de la souveraineté des îles Paracels sur le tapis. Et ses relations compliquées avec Pékin n’arrangèrent pas la situation.
Depuis, la Chine maintient des forces militaires dans les îles Paracels. Mais la tension est monté d’un cran depuis juin avec le vote par le Parlement vietnamien d’une loi affirmant la souveraineté d’Hanoï sur les archipels contestés. De son côté, Taïwan a vigoureusement contesté cette mesure.
« Que l’on examine la question d’un point de vue historique, géographique ou du point de vue du droit international, les Spratley, les Pratas et les Paracel, ainsi que le banc de Macclesfield, et les zones maritimes qui y sont associées, font partie intégrante du territoire de la République de Chine (Taiwan) » a ainsi fait valoir un communiqué de presse diffusé par le ministère taïwanais des affaires étrangères.
Quant à Pékin, la réponse a consisté à accroître son emprise sur non seulement sur les îles Paracels mais aussi sur celles des Spratleys en deux temps.
D’abord, en créant la préfecture de Sansha, qui établie sur l’île de Yongxing, la plus petite des Paracel, couvre administrativement la mer de Chine méridoniale. Dépendant de la province insulaire du Hainan, cette nouvelle ville est, au niveau préfectoral, la moins peuplée du pays tout en étant la plus étendue, avec 2 millions de km2 de mer.
Ensuite, la Commission militaire centrale (CMC) chinoise a décidé de donner aux forces chinoises déjà présente le statut de garnison, en les renforçant d’un état-major de niveau division, avec pour mission de « garder la ville (ndlr, de Sansha), apporter un soutien à des opérations locales de secours (…) et mener des missions militaires ».
Comme l’on peut l’imaginer, cela a provoqué des protestations de la part des pays qui revendiquent également la souveraineté des îles Spratleys et Paracels.
« La décision chinoise viole le droit international, porte gravement atteinte à la souveraineté du Vietnam (…) et n’a pas de valeur », a ainsi déclaré Luong Thanh Nghi, qui a demandé à la Chine de mettre un terme immédiatement à ces projets.
Quant aux Philippines, qui ont des vues sur les îles Spratleys, Manille a exprimé ses « graves inquiétudes », alors que les relations avec Pékin sont déjà tendues au sujet de l’atoll de Scarborough, qui, revendiqué par les deux capitales, a été le théâtre d’incidents récents entre des pêcheurs chinois et la marine philippine.