J’encourage tous ceux qui n’ont pas encore découvert Dieudo dans son spectacle "La Guerre" a y aller sans hésiter. Ceci dit sans même songer au soutien financier ou autre argument de ce genre car... dans ce spectacle Dieudo revient (enfin) à ce qu’il sait faire : être un putain de comédien dont le talent d’incarnation de personnages, de burlesque comme n’en a aucun "humoriste" actuel en France. Cela est absolument incontestable, on parle ici de véritable talent pour faire l’acteur ou le comédien.
Il n’aura, en effet, échappé à presque personne que la pléthore d’humoristes que le système propulse régulièrement sur les scènes françaises, petites et grandes, en les encombrant en permanence, sont tout sauf des comédiens. Ce sont juste des rigolos de fin de dîner.
La différence ?
Elle est simple : un comédien de talent est une personne qui sait incarner les rôles, il/elle ne fait pas dans la caricature de surface, il/elle ne se joue pas lui-même parce qu’il/elle a un "bagout" ou de la "tchache".
Mettez l’un de ces "comiques" (troupiers ?) sur scène avec un texte puissant et regardez l’incapacité qu’il/elle aura à investir le rôle et à embarquer une salle de 2000 spectateurs ou plus... vous n’en trouverez pas des masses et c’est normal car comme disait L.F. Céline en parlant du talent absolu : "un seul par siècle et c’est tout".
Dans la catégorie où acte Dieudonné, il est indiscutablement le seul de ces deux dernières génération à avoir une telle présence sur scène. Même ceux qui le détestent et rêvent de l’anéantir le reconnaissent.
Ce qui échappe aux inquisiteurs du système qui neutralisent tout ce qui ne pensent pas comme eux, c’est que ce comédien hors paire fait du burlesque et non du comique au sens actuel du terme.
A côté de ce constat, le choix de Dieudo qui a consisté à jouer un certain jeu médiatique et idéologique, n’était pas ce qu’il y avait de mieux à faire. S’il avait gardé son talent époustouflant pour continuer à jouer dans le registre burlesque (qui est ce qu’on appelle dans le métier, "son clown interne", il aurait été beaucoup plus difficile pour le système de l’attaquer avec cet acharnement inouïe.
Une parole de spectacle authentiquement incarnée n’est pas une parole profane car l’espace scénique est l’un des derniers espaces sacrés contemporain... les humoristes qu’on nous vend partout n’ayant strictement rien d’authentique, ils désacralisent l’espace théâtral, qui, pour les grecs, était la place d’où parlaient les dieux.
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