Pas de « home sweet home » pour eux. Le soir, c’est en traînant les pieds, parfois en baissant la tête, qu’ils regagnent leur chambre de bonne. À Paris, des milliers de personnes vivent dans des « cages à poules » de moins de 9 m2, pourtant interdites à la location.
Lundi, la Fondation Abbé Pierre lance une campagne pour faire connaître le mal-logement, et pousser les politiques à agir et les citoyens à se mobiliser.
Parmi ces mal-logés, Ivan Lopez, 35 ans. Sueur au front, il reçoit dans son logis de 6,8 m2 sous les combles, invivable les jours de forte chaleur. « Je travaille la nuit, le matin, je rentre chez moi et il fait super chaud, je ne peux pas dormir », racontait, excédé, le jeune homme d’originaire mexicaine il y a quelques jours.
Malgré deux emplois en CDI, ce réceptionniste de nuit ne réussit pas à sortir de la chambre de bonne mansardée où il vit depuis huit ans, coincé entre une cabine de douche jaunie, un frigo et un lit qui lui sert aussi de canapé et de rangement.
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Victoire comme Ivan attendent que leur logement soit reconnu comme un « local impropre à l’habitation », ce qui empêcherait leur expulsion et contraindrait les propriétaires de leurs logements ou, à défaut, l’État à les reloger dans un logement décent. Mais, selon la Fondation Abbé Pierre, l’État, via l’Agence régionale de santé (ARS), rechigne à délivrer ces arrêtés.
« Aujourd’hui on a 7 000 chambres de service à Paris qui sont des résidences principales et qui font moins de 9 m2, et on a une grande partie de ces chambres pour lesquelles l’État ne reconnaît pas l’insalubrité », explique Sarah Coupechoux, qui suit cette question à la fondation.
« Beaucoup sollicitée », l’ARS « rend une soixantaine d’arrêtés par an, avec une tendance à la hausse », réplique Emmanuelle Beaugrand, responsable de l’habitat au sein de la structure. Mais elle souligne que le Conseil d’État a jugé en 2013 qu’un local ne pouvait être qualifié d’impropre à l’habitation au seul motif de sa surface insuffisante.
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