Après une énième agression, un Chinois est dans le coma depuis fin mai. La communauté asiatique crie son ras-le-bol et demande plus de protection policière.
De République à Nation, les violences commises contre les Chinois de Belleville, de Crimée, de la porte d’Italie ou d’Aubervilliers ont trouvé un visage : celui de Jiamming, 30 ans, photographié sur son lit d’hôpital, sous respiration artificielle, toujours dans le coma depuis trois semaines après avoir été roué de coups. Cette photo-poster, son frère Jan — serveur dans le même restaurant asiatique de Belleville où la victime était vigile — l’a exhibée tout au long de la manifestation qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes hier après-midi.
De tous âges, hommes et femmes, nombreux à brandir des drapeaux tricolores, tous sont venus dire « Stop à la violence ! » pour reprendre la formule de Tian, Chinoise de 29 ans, arrivée en France il y a sept ans et qui affirme s’être déjà fait voler trois portables. Revisitant notre devise nationale, les manifestants ont scandé leur slogan : « Liberté, oui. Egalité, oui. Fraternité, oui. Mais aussi… la sé-cu-ri-té ! »
Un quotidien miné par la violence
C’est en tentant de prendre des photos des voleurs qui venaient de dérober le sac d’une invitée à un mariage, à la sortie du restaurant où il travaillait le 29 mai au soir, que Jiamming a été agressé. Si violemment que « les médecins ne peuvent pas dire quand il va se réveiller », a déclaré son frère au micro, du haut d’une tribune improvisée sur la plate-forme d’une camionnette.
Fille adoptive de Jacques Chirac, Anh-Dao Traxel, d’origine vietnamienne, s’est adressée au ministre de l’Intérieur : « Je demande à Claude Guéant d’accorder d’urgence des effectifs de police supplémentaires. On en a marre des voyous qui s’attaquent à des femmes ! » Et de raconter comment, il y a trois mois, sa sœur « a été agressée à 11 heures au centre commercial Masséna (XIIIe) par deux jeunes qui courent toujours. Ils lui ont arraché son sac et son collier. Elle a crié au secours mais personne n’a réagi ».
Membre de l’Association des commerçants de Belleville, Michel, agent commercial, décrit un quotidien miné par la violence : « Dans notre quartier, les vols à l’arraché, dans les voitures, à la sortie des magasins, c’est tous les jours. Si les délinquants s’en prennent aux Chinois, c’est parce qu’ils font leur business en espèces, sans carte bleue. »
Parti de République à 15 heures, le défilé s’est achevé dans le calme à Nation à 16h30. Les forces de l’ordre avaient demandé une dispersion rapide. L’année dernière, après une première manifestation organisée à Belleville, le défilé s’était terminé dans la violence.