Ça commençait à se voir : les revenus croissants des gros influenceurs intéressent Bercy, mais aussi la justice. Bruno Le Maire va sortir une loi pour encadrer ce business qui multiplie les dérives et les arnaques les plus incroyables.
Le rappeur Booba, fort de sa puissante communauté – on peut parler d’un lobby Booba – a mis le paquet ces derniers temps, s’attaquant à Magali Berdah et sa centaine d’influenceurs qui, forts de leur influence auprès des jeunes (et des idiots), en profitent pour placer pas toujours honnêtement des produits pas toujours très bons.
« Arnaques, contrefaçons, pratiques commerciales douteuses, certains ont fait croire ces derniers mois qu’ils étaient représentatifs de notre secteur alors qu’ils ne représentent qu’une minorité. Ce sont leurs dérives que nous souhaitons d’abord dénoncer. »
Aussitôt la nouvelle loi connue, les plus influents des influenceurs ont pondu une lettre larmoyante dans Le Journal du dimanche, prétendant que les influvoleurs sont une minorité, que les vrais influenceurs créent des emplois et que leur modèle est vertueux. Pour une fois, on donne raison à Bruno, le ministre de l’Effondrement de l’économie russe, effondrement qui tarde un peu à venir, d’ailleurs. En attendant, c’est l’économie française qui souffre.
« Nous ne sommes pas des panneaux publicitaires ambulants. Nous construisons des histoires, nous racontons des produits parce qu’ils nous plaisent et qu’ils pourraient plaire à notre communauté. »
Le cri du cœur de ces 150 signataires est déchirant. Ils ne veulent pas être traités comme de vulgaires hommes-sandwichs. Il est vrai que dans le tas, il y a quelques personnalités intelligentes qui font du bon boulot, et dont le modèle économique passe par le placement de produits (qui entre nous gangrène le cinoche, mais ça n’a pas l’air de gêner Bercy). C’est YouTube qui veut ça.
Les arguments de Squeezie, Cyprien, Enjoy Phoenix, Anna Rvr, Amixem et leurs 145 collègues moins fortunés nous ont convaincus :
Nous sommes des passionnés, férus de lifestyle, de bien-être, de santé, d’écologie, d’animaux, de sport, de voyages. Passions que nous partageons avec nos communautés, elles-mêmes constituées de passionnés.
Nous informons, nous militons, nous nous engageons, et nous sensibilisons sur le handicap, le cancer, le harcèlement ou encore le changement climatique.
Ah, la passion de l’argent, qu’est-ce que ça fait pas dire ! On touche au grisbi, et c’est la révolution. Mais on ne se moque pas, car les modèles économiques sont fragiles sur le Net, quand ils ne sont pas en plus attaqués par des réseaux de pouvoir qui censurent tout ce qui ne leur plaît pas. Mais ça, c’est pour la partie politique.
Les influenceurs-pleurnicheurs, eux, font rarement de la politique. Ils sont prudents : se positionner, ça clive, ça fait fuir le client. Mieux vaut vendre de la merde à des cons comme le font les influvoleurs, qui sont la version cheap de l’oligarchie. Mêmes méthodes, même pleurniche quand ils se font gauler.
Sauf que ce sont toujours les petits qui morflent, et qui morflent à la place des grands.