Il y avait foule à l’Assemblée nationale du peuple (qui n’y va jamais mais qui y est théoriquement représenté) ce mardi 19 janvier 2016. L’ancienne vedette de télé d’origine canadienne nantie de poumons insubmersibles Pamela Anderson est venue défendre une proposition de loi contre le gavage des canards et des oies.
Journalistes et députés se sont précipités pour voir la star d’Alerte à Malibu (ou « Alerte, j’ai mal au bout », comme disait Jean-Jacques Peroni des Grosses Têtes), une série télé des années 1990 diffusée sur TF1, où l’on voyait des filles presque nues pour pas un rond.
Après une carrière désastreuse au cinéma (aux États-Unis, le passage de la télé au cinéma n’est pas du tout évident), Pam s’engage dans le rôle d’épouse, en l’occurrence du fondateur du groupe de hard rock Mötley Crüe Tommy Lee, qui aimait taper sur sa batterie et sur sa gonzesse.
Une vie artistique en dent de scie, jusqu’à son engagement pour PETA et la défense des animaux, comme son modèle, Brigitte Bardot. Qu’elle a essayé de singer à tous les niveaux. Justement, en 2008, Pam s’associe à Brigitte à propos de la chasse aux bébés phoques.
Au XIXe siècle, beaucoup de bourgeoises ayant eu une vie assez mouvementée finissaient par s’occuper d’une oeuvre sociale, allant chez les pauvres, les clochards ou les grands malades. Elles utilisaient leur argent, leur entregent et ce qui leur restait de séduction pour une bonne cause. Alphonse Boudard écrira à ce propos un étonnant Chère visiteuse, qui raconte la vie d’une grande dame du Sud de la France qui redécouvre les joies de la vie en « aidant » un célèbre taulard...
On nous objectera que Pamela était aussi venue à Paris pour lancer une ligne de chaussures « végan » (sans cuir), qu’elle ne défendait pas les animaux à 20 ans, quand elle était jeune et belle et qu’elle posait comme playmate pour le magazine Playboy. Mais il faut savoir qu’elle a été violée plusieurs fois dans son enfance, et que donc, ça peut expliquer un parcours placé sous le signe de l’hyperséduction. Nous pourrions aussi ironiser sur le fait qu’une femme à bouche de canard (mais il y a pire, dans le genre) défende les canards, mais la cause animale nous tenant à cœur, chaque énergie est bonne à prendre, dans ce combat pour le respect des êtres plus faibles que nous.
Il est évident que les producteurs de foie gras et autres éleveurs de canards ne vont pas bien prendre cette intervention venue des États-Unis, dont Pam a pris la nationalité, qui aiment bien imposer leur puritanisme à la France, tout en faisant leurs petites saloperies en douce. Mais c’est la loi de la géopolitique. Il faut savoir prendre les bonnes choses et laisser les mauvaises. Alors écoutons Pam, mais n’en pensons pas moins. Parfois, les voies de la noblesse de sentiments sont impénétrables...
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