Un double attentat suicide contre une église de Peshawar au Pakistan a fait au moins 72 morts ce dimanche.
Un double attentat suicide perpétré devant une église à la sortie de la messe a tué plus de 70 personnes dimanche au Pakistan. Il s’agit de l’attaque la plus sanglante jamais menée contre la minorité chrétienne dans le pays.
Ce double attentat, qui a été revendiqué par le groupe islamiste TTP Jundullah, lié aux taliban, a eu lieu à la mi-journée à Peshawar, la principale ville du Nord-Ouest, région régulièrement ensanglantée par les attentats attribuées en grande partie aux rebelles islamistes talibans.
Les chrétiens du Pakistan, qui représentant 2 % de la population de ce pays de 180 millions d’habitants à plus de 95 % musulman, sont souvent pauvres et victimes de discrimination sociales et parfois de violences, mais très rarement visés par des attentats.
Le Dr Arshad Javed de l’hôpital Lady Reading, le principal hôpital public de Peshawar, a déclaré que 72 personnes avaient été tuées et plus d’une centaine blessées dans l’attentat. « La plupart des blessés sont dans un état critique », avait déclaré un peu plus tôt à la presse le responsable de l’administration de la ville, Sahibzada Anees.
Le ministre de la Santé de la province, Shaukat Ali Yousufzai, a confirmé ce bilan et déclaré que le gouvernement provincial avait décrété un deuil de trois jours.
« Les autorités savaient »
Les deux kamikazes ont déclenché les explosifs qu’il portaient sur eux à la sortie de la messe, a-t-il précisé. Le Nord-Ouest est un bastion de nombreux groupes rebelles islamistes, dont le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), auteurs d’innombrables attentats suicide qui ont fait plus de 6 000 morts depuis 2007.
Les autorités savaient que cette église pouvait être attaquée, et avaient pour cela déployé des forces de sécurité autour, a ajouté M. Anees.
« Nous sommes dans une zone qui est une cible potentielle pour le terrorisme, et des mesures spéciales avaient été prises pour protéger cette église. Nous sommes encore dans la phase des secours, mais quand cela sera terminé nous enquêterons pour savoir ce qui n’a pas été fait », a-t-il précisé.
Selon Nazir Khan, un maître d’école de 50 ans, a raconté avoir entendu une énorme explosion alors que la messe venait de s’achever et que plus de 400 personnes en sortaient. « Une énorme explosion m’a jeté au sol, et dès que je suis revenu à moi, une seconde s’est écoulée et j’ai vu des blessés partout autour », a-t-il ajouté.
Attentat fermement dénoncé par Sharif
Des télévisions locales montraient des ambulances emmener les victimes à toute vitesse à l’hôpital, des images habituelles à Peshawar, régulièrement ensanglantée par des attentats.
Devant l’église, certains proches de victimes en pleurs ont crié des slogans hostiles à la police, jugée incapable d’avoir évité cette attaque. D’autres ont bloqué l’une des rues principales de la ville avec des cadavres de victimes pour dénoncer ces assassinats.
Le premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a fermement condamné cet attentat. « Les terroristes n’ont pas de religion, et viser des innocents est contraire aux préceptes de l’islam et de toutes les autres religions », a-t-il souligné dans un communiqué exprimant sa solidarité avec la communauté chrétienne.
« Ces actes terroristes cruels montrent l’état d’esprit brutal et inhumain des terroristes », a ajouté M. Sharif, dont le gouvernement a proposé récemment des négociations de paix avec les talibans du TTP pour mettre fin aux violences.