Le match PSG-Maccabi Haïfa a été classé à risques niveau 3 sur 5. Un millier de policiers a été mobilisé.
Soutenant la cause palestinienne, le CUP pourrait afficher fièrement le drapeau du pays occupé, accompagné de banderoles et fumigènes en Virage Auteuil.
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— Instant Foot (@lnstantFoot) October 24, 2022
Pourquoi autant de policiers autour du Parc des Princes pour un match de Ligue des champions ce mardi 25 octobre 2022 ? Pour l’enjeu ? Si le PSG gagne ce soir, il gagne sa place en 8e de finale. En face, il y a un trouble-fête en la personne (morale) du Maccabi Haïfa, le club israélien qui charrie des hooligans racistes. Ils ont prévu de venir à 8 000, d’Israël ou de France, pour 1 600 places. Va-t-on vivre un deuxième « Stade de France », comme lors de la finale de la Ligue des champions 2021-2022 ?
Chez eux, ils sont racistes, arabophobes et tolérés. Chez nous, cela pose problème, ou plutôt posait problème : quand les tribunes populaires (les moins chères) du Parc étaient partagées entre Auteuil et Boulogne, les supporters israéliens filaient doux. Côté Auteuil, on était banlieusard, noir et arabe, et donc propalestinien ; côté Boulogne, on était nationaliste, de droite et antijuif. On résume, mais les deux camps, s’ils se répondaient en chansons, ne se mélangeaient pas. C’est dans ce contexte que Batskin, le nom de guerre de Serge Ayoub, s’est fait connaître.
Quand l’OM venait au Parc, les heurts entre supporters se faisaient sur la ligne de fracture nord/sud, Paris/province, le vrai classico français. Mais quand le Maccabi est venu au Parc en 1998, il y eut des saluts nazis par centaines dans la tribune Boulogne rouge (en bas), les ultras scandant « juif, juif, juif ». En vérité il ne s’agissait que de provocation, et personne n’en est mort (on met à part le supporter abattu par un policier réfugié dans un fast-food [1]).
Aujourd’hui, les tribunes du Parc ont bien changé. Les deux kops ont été vidés de leur substance populaire, les ultras remplacés par des familles qui payent très cher leur abonnement, sur le mode britannique. Il ne reste plus que des ultras doux, comme le papier du même nom. Les Anglais ont eu tellement de problèmes avec leurs hooligans qu’ils ont tout fait pour les écarter des stades. Désormais, les durs se retrouvent dans les travées des clubs de division inférieure, moins exposés : on découvre ainsi des ultras du PSG qui soutiennent le Paris FC.
« Ce qui est incontestable, c’est que pour essayer de mettre hors d’état de nuire 200 à 400 personnes très engagées dans la violence ou des actes racistes, on a ratissé très large. Et fait des victimes collatérales – les abonnés de Boulogne et d’Auteuil qui n’étaient ni racistes ni violents – bien plus nombreuses que les personnes visées. On ne peut cependant pas dire que les plus radicaux peuvent revenir très facilement. Hier, le PSG acceptait de fait que Boulogne soit une tribune blanche : ce n’est plus le cas. Si, ponctuellement, certains veulent créer des incidents, ils le peuvent, c’est vrai. Mais ils savent aussi qu’en créant des troubles ne serait-ce qu’une fois, il est très probable qu’ils soient interdits de stade, car le plan Leproux est coordonné entre le PSG et les pouvoirs publics. » (Nicolas Hourcade, sociologue, dans Le Monde du 14 décembre 2011)
Curieusement, les fans propalestiniens ou antisionistes du PSG ont été virés, et ce sont les racistes du Maccabi qui débarquent et qui sont protégés. Le club, depuis la prise de pouvoir en 1991 par Canal+ sous l’ère Denisot, a toujours eu, en tribune présidentielle, un Sentier bien représenté. Rien que de très logique : en 1973, c’est le multimillionnaire Daniel Hechter qui rachète le PSG, un petit club qui végète en 3e division. Il dessinera lui-même le célèbre maillot bleu et rouge.
Un demi-siècle plus tard, la tribune dite présidentielle qui contient la loge VIP (un ticket d’entrée à 200 000 euros par an, et jusqu’à 450 000) est toujours un spot très communautaire, où l’on peut voir Patrick Bruel, Michael Youn et autres Cyril Hanouna. Quasiment l’antichambre de l’Aviation club de France où l’on jouait aussi au poker (le club a été fermé en 2015 suite à des malversations) !
On a donc eu pendant des années, on dira les années noires du PSG, deux kops, l’un antisioniste (Auteuil), l’autre antisémite (Boulogne), avec une direction communautaire, un petit peuple composé d’immigrés et de skinheads chapeauté par un riche homme d’affaires dans la confection ! Il n’y a qu’en France qu’on voit ça, c’est peut-être une forme de réconciliation à la Louis Aliot, allez savoir...
Aujourd’hui écartés du Parc, les ultras historiques du PSG n’ont en réalité pas besoin de débourser 250 euros pour une simple place, ils se retrouvent autour du stade pour en découdre. Ils suivent leur équipe, mais parallèlement, à distance, et vont chercher les autres hooligans. On peut voir ça comme une sorte de MMA par équipes. Le MMA individuel étant désormais admis chez nous, il se peut que la discipline inventée par les ultras obtienne un jour ses lettres de noblesse.
Le Figaro a eu accès à une note de la préfecture de police de Paris.
« Cette rencontre présente des risques élevés de troubles à l’ordre public. » (...) D’abord, parce que les « supporters du collectif Ultras Paris seront présents en nombre » et pourraient profiter du match pour manifester « leur soutien à la cause palestinienne ». Ensuite parce que des « militants ultra-sionistes dont certains proches de l’ex-Ligue de Défense juive » pourraient également être là pour « protéger les supporters israéliens ». Les services de sécurité évoquent aussi la possibilité que des « éléments à risques parisiens » se trouvent aux abords du Parc des Princes pour « s’en prendre aux supporters israéliens ».
La note mentionne en outre le fait que « selon l’ambassade d’Israël, environ 2 000 supporters du Maccabi Haïfa ne venant pas d’Israël » seraient « susceptibles d’avoir acheté des places en tribunes grand public ». Or, « leur isolement au milieu de supporters parisiens pourrait créer des risques de sécurité, pour eux-mêmes ou pour leur entourage s’ils ne respectaient pas un comportement neutre (pas de maillot/pas de drapeaux/pas de manifestation bruyante de support de l’équipe reçue) ».
C’est presque l’importation du conflit israélo-palestinien au Parc ! La fin de la note montre que le débat autour de la question palestinienne n’est pas vraiment résolu en France :
Lors d’une réunion avec le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, l’ambassade d’Israël s’est engagée à relayer les consignes de sécurité pour tout supporter en provenance d’Israël : pas de drapeau ou de couleurs du club Maccabi dans les transports, aux abords du stade et dans le stade, hors la tribune visiteurs.
On espère que les 800 policiers et les 1 400 stadiers n’auront pas trop de travail, et qu’Anne Hidalgo n’aura pas à allumer la tour Eiffel aux couleurs d’Israël... ou à celles du PSG !
Hakimi, le grand joueur marocain du PSG, sifflé en Israël
Le grand défenseur du PSG est obligé d’être accompagné par un garde du corps. Il est ici sifflé à Tel-Aviv lors du Trophée des champions (match entre le premier du championnat et le vainqueur de la Coupe).
— Achraf Hakimi (@AchrafHakimi) May 10, 2021