Comme on pouvait l’anticiper, la montagne a accouché d’une souris. La virulence des critiques portées contre la direction de PSA par Arnaud Montebourg et François Hollande n’a aboutit qu’à une addition de mesurettes uniquement destinées à donner le change à l’opinion.
PSA dans l’impasse
Hier matin, PSA a annoncé ses résultats semestriels : ils sont très mauvais puisque le constructeur affiche une lourde perte de 819 millions d’euros (contre un bénéfice de 806 millions en 2011). L’entreprise brûle près de 200 millions d’euros de liquidités par mois. Malgré l’internationalisation des ventes et le succès des nouvelles gammes plus haut de gamme (DS pour Citroën, 3008 et 5008 pour Peugeot), le retournement du marché européen a été fatal pour les deux constructeurs.
Car quel constructeur pourrait résister à un retournement aussi violent de son principal marché ? N’oublions pas que GM et Chrysler ont fait faillite, que Nissan avait été sauvé par Renault, et d’autres ont disparus ou été rachetés… En outre, PSA est resté beaucoup plus patriotique que Renault, puisque 44% des véhicules sont encore produits en France (où le coût du travail est le plus cher pour le groupe) contre à peine 23% pour l’ancienne régie, malgré la présence de l’Etat au capital…
Grande bouche, petits bras
Depuis quinze jours, le gouvernement n’a pas eu de mots assez durs pour dénoncer le comportement de la direction de PSA, n’hésitant pas à dire tout et son contraire. Montebourg a dénoncé des carences dans la stratégie. Est-ce à dire qu’il fallait délocaliser plus vite et plus fort ? Et le développement des ventes à l’étranger n’est pas toujours profitable quand la production doit se faire localement, comme en Chine. Enfin, la critique sur la taille implique-t-elle qu’il fallait se laisser gober par un autre ?
Bizarremment, nous n’avons plus de nouvelles de l’expert qui devait rendre son avis hier, comme l’avait annoncé le ministre de l’effondrement productif il y a quinze jours. Le gouvernement a donc annoncé des mesures assez stupéfiantes avec une augmentation des bonus pour les véhicules électriques, qui peuvent sembler excessifs (l’Etat va payer un tiers du prix de la futur Zoé de Renault, qui a beaucoup plus délocalisé que PSA). Et surtout, le plan social ne sera pas amendé.
Paralysie intellectuelle
Bien sûr, l’agitation verbale et législative parviendra peut-être à camoufler l’abandon en rase campagne des salariés de PSA, comme le gouvernement Jospin l’avait fait avec ceux de Renault il y a 15 ans. Mais il faut dire que dans le cadre dans lequel ils se sont enfermés (euro cher, libre-échange), il n’est pas possible de faire autrement. Le marché européen a baissé de 20% depuis le début de la crise, tout en restant ouvert à tous les véhicules importés des autres pays, notamment d’Asie.
Montebourg a raison de souligner que les importations de voitures de Corée du Sud ont augmenté de 40% depuis deux ans. On pourrait ajouter en plus que l’inverse n’est pas vrai puisque plus de 95% des véhicules vendus en Corée sont produits localement. L’Europe a ouvert ses frontières sans la moindre réciprocité, comme avec le Japon auparavant, et comme avec la Chine demain. Le problème, c’est que rien de concret n’est fait pour mettre fin au libre-échange déloyal.
PSA restera le premier signal du renoncement de François Hollande à lutter contre les délocalisations et le chômage. Prisonnier de dogmes néolibéraux, nos « socialistes » préfèrent voir s’envoler les emplois et multiplier les chômeurs plutôt que de remettre en cause le libre-échange. On croit rêver.