Quand j’étais jeune, je me prédestinais à une carrière de militaire, mais j’ai rencontré mon mari, j’ai eu un enfant.
Ayant arrêté l’école en seconde, j’ai pendant une dizaine d’années multiplié les petits boulots. Et puis, j’ai senti que le vent tournait, que je devais me munir de diplômes pour mettre toutes les chances de mon côté.
À 34 ans, j’ai obtenu mon baccalauréat. À 37 ans, j’ai décroché un BTS, puis j’ai eu l’opportunité de décrocher un poste d’assistante de direction. Tout se passait parfaitement bien jusqu’à ce que l’entreprise soit rachetée, que la direction change et que je me retrouve licenciée pour des raisons économiques.
J’avais 48 ans, j’étais divorcée et sans enfant à charge, j’étais persuadée que j’allais retrouver du travail rapidement. J’avais tort.
« Vous êtes une grande fille, vous allez vous en sortir »
J’avais à ce moment-là, encore 12 années de travail avant de pouvoir prétendre à une retraite convenable. Je n’ai pas cessé de me dire :
« Il faut avancer. Je suis en pleine forme. Mon fils n’a plus besoin de moi. C’est certain, je vais retrouver un travail. »
Sauf que la crise était passée par là, que les mentalités avaient quelque peu changé et que les méthodes pour rechercher du travail étaient bien différentes de celles que je connaissais dans les années 1980.
Dès mon premier rendez-vous à Pôle Emploi, j’ai compris que ce serait plus difficile que je ne me l’imaginais. Ma conseillère m’a immédiatement donné le la :
« Vous êtes une grande fille. Vous n’êtes pas la seule, mais vous allez vous en sortir. Pourquoi auriez-vous besoin de suivre un atelier pour rédiger votre CV ? C’est inutile, non ? »
Elle m’a expliqué que je devais m’inscrire sur le site internet de Pôle Emploi et prendre soin d’éplucher tous les jours les offres d’emploi. C’est ce que j’ai fait. Au fil du temps, je m’étais inscrite sur un grand nombre de sites pour la recherche d’emploi. J’avais même un carnet avec tous mes identifiants et mes mots de passe.
« À 48 ans, ne vous faites pas trop d’illusions »
Début 2009, j’ai finalement réussi à obtenir un rendez-vous à l’antenne d’une administration chargée d’aider les gens comme moi, les chômeurs. Une femme m’a annoncé :
« Madame Gilquin, à 48 ans, ne vous faites pas trop d’illusions. Et puis on va arriver en février, il fait froid. Les employeurs ne pensent pas à embaucher. Rentrez chez vous et contactez-moi plus tard. »
Finalement, en mai 2009, la chance m’a souri. J’ai réussi à décrocher une mission d’intérimaire pour un remplacement.
Ça n’a duré que six semaines.
1 500 candidatures en un an, j’ai cessé de les compter
Chaque jour, je me levais exactement comme pour une journée de travail. Je prenais ma douche, mon petit-déjeuner, je me maquillais. Rester coquette, c’était pour moi un moyen de ne pas perdre pied.
Quand on est au chômage, il est primordial de ne surtout pas lâcher prise.
Dès 9 heures, je commençais par éplucher les annonces de Pôle emploi, celles que je pouvais trouver sur d’autres sites, j’identifiais celles qui correspondaient à mes compétences et je postulais. Je tournais environ à deux annonces le matin, deux l’après-midi et deux le soir, sans compter les candidatures spontanées.
Pôle Emploi m’en transmettait certaines, mais elles n’avaient parfois aucun rapport avec mes compétences. Je me souviens d’en avoir reçu une pour être animatrice de camping ! J’en ai eu un fou rire.
Au bout d’un an, j’avais envoyé 1 500 candidatures. Puis, j’ai cessé de les compter.
Chercher un emploi, c’est un travail à temps plein
J’étais prête à tout pour trouver un travail, j’ai même participé à des « jobs datings ». Des recruteurs par rangées, vous leur transmettez votre CV, ils vous tendent une carte de visite. « Au suivant ». Le tout ne dure que 5 minutes, à peine le temps de faire des phrases dépassant le sujet, verbe, complément. J’ai eu le sentiment d’être du bétail.
Et que dire des entretiens ? J’en ai vu de toutes les couleurs. Piétiner pendant des heures, dans le froid, apprêtée avec un tailleur et le maquillage qui coule.
Chercher un emploi et passer des entretiens, c’est un travail à temps plein.