Don Juan, comme il se doit, coule en bonne compagnie des jours éternels en enfer. Pour l’éternité ? Pas vraiment. Car Sathan et le Démiurge, après d’âpres tractations, décident de le renvoyer séjourner sur terre. Heureux de retrouver sa vie mouvementée et sa chère Elvire, voilà qu’il arrive… en enfer ! Car la libération de ce qui fut le beau sexe l’a rendu laid et sans attrait, et Elvire, bien que toujours vive et attachante est devenue féministe. Pauvre Don Juan ! Toujours accompagné de son fidèle Sganarelle, il pose un regard désabusé mais aiguisé sur une société dans laquelle il n’a plus de place…
« Sganarelle.— Tout séducteur n’est-il point courtisan ? Et un courtisan ne fait-il point des courbettes ?
Don Juan.— Des révérences, mais non des allégeances ! Je n’ai pas accoutumé de ramper, ni de faire le beau pour être choisi dans une ménagerie lubrique. Ni de me laisser entreprendre, passivement. En tout je veux rester le maître.
Sganarelle.— Qu’importe la méthode pourvu qu’on ait l’objet ? Je me souviens de certain discours de vous, avant que madame la Mort ne vienne lui donner une saveur de cendre : “On goûte une douceur extrême à réduire, par cent hommages, le cœur d’une jeune beauté, à voir de jour en jour les petits progrès qu’on y fait, à combattre par des transports, par des larmes et des soupirs, l’innocente pudeur d’une âme qui a peine à rendre les armes, à forcer pied à pied toutes les petites résistances qu’elle nous oppose”. [1]
Don Juan.— La méthode est obsolète, comme l’arbalète dans la guerre moderne, car pudeur et innocence ont fondu comme neige sous le briquet. Même la simple décence n’est plus qu’un souvenir.
Sganarelle.— Ah, ça ! La bienséance qui seyait tant au sexe que l’on dit beau, s’est rétrécie comme sa culotte – à tel point qu’on ne la voit plus. Adieu jolie candide, petite oie blanche, piquante ingénue ! Adieu mademoiselle !
Don Juan.— Et même adieu la Pucelle ! Qui de nos jours n’est plus qu’une affranchie non décachetée, comme une lettre cochonne pas encore ouverte. »
TABLE DES MATIÈRES
Don Juan aux enfers par Henri Ibara ............4
Avertissement ................................................7
Don Juan aux enfers .....................................9
premier tableau ..............................................19
deuxième tableau ...........................................31
troisième tableau ............................................69
quatrième tableau ...........................................85
cinquième tableau ...........................................95
sixième tableau ...............................................99
épilogue ..........................................................111
La complémentarité des sexes ......................113
Scolies ou menue monnaie pour une pièce...115
Né en 1955, Félix Niesche est un poète et écrivain polémiste français. Il collabore à différents journaux éphémères et a publié plusieurs ouvrages : Ex-France, Fragrans feminae, Arabesques, CCCP et autres chutes, Vis comica et un recueil de poèmes, Spleen and strings. Il collabore régulièrement au site Égalité & Réconciliation et tient un blog : « Entretiens avec l’abbé Tymon de Quimonte ».