Dans un entretien pour le programme radiophonique par internet du Conseil pour l’Intérêt National (Council for the National Interest – CNI) « Appel de Jérusalem » (Jerusalem Calling), Noam Chomsky, professeur au MIT (Massachusetts Institute of Technology) et auteur du « Triangle fatal » et autres ouvrages sur Israël-Palestine, a dit qu’il était opposé au boycott d’Israël.
Dans un entretien du 8 juillet avec la nouvelle présidente du CNI, Alison Weir, le docteur Chomsky a tout d’abord nié s’opposer au mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions, disant que c’était « une rumeur internet ».
Cependant, lorsque Weir a dit qu’elle l’avait entendu dire qu’il était opposé au boycott pendant une conférence à l’Université de Berkeley-Californie il y a quelques années, Chomsky a admis qu’il était alors opposé au boycott d’Israël et a dit qu’il l’était toujours aujourd’hui. Il a dit qu’il pensait que les activistes devraient plutôt désinvestir des seules compagnies américaines.
Chomsky a affirmé que le mouvement de boycott « faisait du mal aux Palestiniens » parce qu’il ressentait qu’il était « hypocrite de boycotter Israël et non les USA, qui financent les actions israéliennes. » Weir a indiqué que de nombreux auteurs – parmi eux Donald Neff, George Ball, Stephen Green, Kathleen Christison, Edward Tivnan, Walt and Mearsheimer, et plus récemment Grant Smith – ont fait la preuve, de façon massive, que la première raison du soutien des Etats-Unis à Israël est le lobby israélien (le groupe de pression le plus puissant pour un pays étranger aux Etats-Unis).
Chomsky, qui a toujours nié la puissance du lobby israélien, dit que l’AIPAC (the American Israel Public Affairs Committee) accuse le mouvement de soutien palestinien « d’hypocrisie » pour saper son efficacité, et qu’en conséquence, ce boycott nuit aux Palestiniens. Bien que cette déclaration semble indiquer que Chomsky reconnaît maintenant la puissance et l’importance du lobby israélien, un peu plus loin dans l’entretien, il a continué à les nier.
En réponse à l’affirmation de Chomsky que le mouvement de boycott nuirait aux Palestiniens, Weir a souligné que la société civile palestinienne, à une majorité écrasante, appelait à ce boycott. Elle a dit que plus de cent groupes palestiniens différents – dont des groupes de fermiers, de femmes, et autres - ont demandé un boycott international d’Israël.
Appelant pendant l’émission, l’analyste sur le Moyen-Orient Jeffrey Blankfort est intervenu pour dire qu’à son sentiment, il était hautement inapproprié et condescendant de la part de Chomsky, un américain juif qui a vécu dans un kibboutz et dit qu’il soutient Israël, de dire aux Palestiniens ce qui est bon pour eux. Blankfort critique depuis longtemps la position de Chomsky sur le lobby.
Pendant l’entretien, Chomsky a dit qu’il avait longtemps été partisan d’un Etat binational. Il a dit qu’il pensait que l’appel à un « Etat unique, laïque et démocratique » n’avait pas beaucoup de sens, suggérant que l’appel à un seul Etat était « rhétorique » et « ne parvenait pas à être un projet » parce que ses promoteurs n’avaient pas esquissé la voie indiquant comment y parvenir. Il n’a pas fait de commentaire sur les livres qui traitent du sujet, écrits par Ali Abunimah (1) et Virginia Tilley (2), qui contiennent des discussions approfondies sur cette approche.
Parce que des problèmes techniques ont provoqué quelques problèmes pendant l’émission, Weir, qui est aussi directrice générale de « If Americans Knew », a invité Chomsky à revenir de manière à expliquer à nouveau sa position. Chomsky a accepté l’invitation et sera à nouveau à l’antenne dans quelques mois, selon son emploi du temps.
On peut écouter l’entretien, au cours duquel Chomsky parle également d’autres aspects du conflit israélo-palestinien, sur la section : CNI : Jerusalem Calling du site en ligne de la radio WS.
Le président sortant de CNI, Eugène Bird, dit que CNI mettra en ligne la transcription de l’émission d’ici quelques jours, sur le site web de CNI.
Notes de lecture :
(1) Ali Abunimah est cofondateur de la publication en ligne The Electronic Intifada et auteur de One Country : A Bold Proposal to End the Israeli-Palestinian Conflict [Un Pays : une proposition audacieuse pour sortir de l’impasse israélo-palestinienne].
(2) Virginia Tilley est professeur de science politique. Elle enseigne au Centre d’études politiques de Johannesbourg (Afrique du Sud). Elle a publié The One-State Solution : A Breakthrough for Peace in the Israeli-Palestinian Deadlock [La Solution à un seul Etat : une brèche vers la paix dans le point mort israélo-palestinien].