On s’y attendait, Philippot l’avait annoncé, c’est désormais officiel : Nicolas Dupont-Aignon fera campagne pour Marine Le Pen. Un accord de second tour qui n’inclut pas les législatives, puisque les deux mouvements auront leurs propres candidats à la députation.
La déclaration du député-maire d’Yerres (Essonne) a provoqué une réaction en chaîne dans le petit monde politico-médiatique...
« Je le dis aux Français qui viennent de la droite et qui notamment ont été trahis par les leaders de droite que nous avons l’occasion de mettre fin à une cassure absurde entre les patriotes et les Républicains »
Bravo @dupontaignan pour votre cohérence et votre courage.
Ce sera un plaisir de gouverner la France avec un élu tel que vous demain. pic.twitter.com/pxbqIcFN1J— Marion Le Pen (@Marion_M_Le_Pen) 28 avril 2017
Réaction immédiate de François Bayrou, qui a rejoint le camp Macron, au choix de Dupont-Aignan :
Dupont-Aignan : qu'on ose se dire gaulliste en faisant un tel choix, immense honte !
— François Bayrou (@bayrou) 28 avril 2017
« Immense honte »... On rappelle au leader centriste, désormais sans parti, que Marie-France Garaud a appelé à voter pour Marine Le Pen. Et Garaud est une vraie gaulliste, elle, quand Bayrou fait plutôt penser à une girouette.
Quant à Henri Guaino, qui se dit lui aussi gaulliste, même s’il a été un temps conseiller de Nicolas Sarkozy, il se rapproche tout doucement de la candidate du FN :
En revanche, Jean-Luc Mélenchon est resté ferme... quant au secret de son vote au second tour. Ce qui laisse la porte ouverte à un report de ses électeurs vers Marine Le Pen. Les sondages à la sortie des urnes évaluent la proportion de son électorat qui pourrait voter Marine à 16%, contre 53% pour Macron. Mais 31% restent indécis. C’est ce groupe-là que visent les deux candidats finalistes. Du côté des électeurs orphelins de Fillon, le report se ferait à 49% pour Macron et 28 pour Le Pen, 23% votant blanc ou s’abstenant le 7 mai.
Voici le tableau actuel, apparemment très déséquilibré, des désistements et des appels au vote pour le second tour :
La presse, elle, continue son travail de démolition nationale :
Essonne : Yerres estomaqué par le ralliement de Dupont-Aignan à Marine Le Pen https://t.co/P8xCIbLcv3
— Le Parisien | 91 (@LeParisien_91) 28 avril 2017
Conséquence du choix courageux de Dupont-Aignan, Dominique Jamet, qui officiait sur le blog du candidat qui a frôlé les 5% au premier tour, quitte le mouvement :
Nicolas Dupont-Aignan apporte son soutien à Marine Le Pen. Je quitte le parti de Dupont-Aignan.
— dominiquejamet (@dominiquejamet) 28 avril 2017
La réaction attendue de BHL, toujours aussi pétaino-centré :
#DupontAignan : ce prétendu gaulliste était en réalité un authentique pétainiste... Encore une digue qui tombe. #ContreLeFascismeJeVote
— Bernard-Henri Lévy (@BHL) 28 avril 2017
Voici le message de Nicolas Dupont-Aignan :
Chers amis, chers compagnons,
Les circonstances exceptionnelles dans laquelle la France se trouve me conduisent à m’adresser directement à vous. Tant d’années passées ensemble, tant d’efforts communs, tant de sacrifices au service de notre pays. Nous avons toujours eu des relations de confiance aussi me dois-je de vous faire part, après la réunion de deux conseils nationaux (lundi et aujourd’hui) de mon choix pour le second tour de l’élection présidentielle.
1,7 millions de Français m’ont accordé leur confiance, Debout la France est désormais solidement implanté au cœur du paysage politique français. Ce score nous confère d’immenses responsabilités.
Je refuse de laisser la France à Emmanuel Macron, je refuse cette mondialisation débridée que nous promettent ceux qui ont saccagé la France, je refuse de voir notre « cher et vieux pays » soumis à des technocrates et des financiers bruxellois non élus. Je refuse de cautionner la politique menée depuis vingt ans que le candidat Macron veut amplifier au risque de briser définitivement notre pacte social.
La France est en danger de mort, menacée dans son essence, ses valeurs.
Opposé radicalement aux idées de M. Macron, je supporte difficilement la collusion d’intérêts particuliers qui a saboté la campagne présidentielle au profit d’un seul candidat, celui d’une oligarchie qui se moque du peuple. Je trouve indécente la rapidité avec laquelle de nombreux élus des Républicains et du centre se précipitent pour soutenir celui qu’ils combattaient hier.
Notre engagement gaulliste et républicain nous oblige à sauver notre patrie en danger.
Par confort personnel, j’aurais pu choisir une position intermédiaire : le vote blanc ou l’abstention mais j’estime que cela ne serait pas digne de se dérober ainsi.J’ai décidé de m’opposer par tous les moyens à Emmanuel Macron et donc de soutenir Marine Le Pen pour le deuxième tour de cette élection présidentielle.
Cet appui n’est pas un chèque en blanc car j’ai négocié un vrai partenariat qui garantit l’indépendance totale de notre mouvement. Nous présenterons d’ailleurs des candidats partout, y compris face à des candidats Front National, aux législatives pour perpétuer notre mouvement et garder notre liberté.
Nous avons aussi conclu un accord de gouvernement qui s’inspire de mon projet présidentiel et permet de surcroît d’éclaircir et d’infléchir le programme de Marine Le Pen, respectant ainsi les fondamentaux du gaullisme social qui est notre colonne vertébrale. Le détail vous sera communiqué demain à l’issue d’une conférence de presse.
Je sais combien ce geste politique peut vous surprendre, même pour certains vous ébranler. J’y ai réfléchi plusieurs jours et plusieurs nuits. J’ai entendu pendant près de 10 heures les membres du Conseil national, j’ai écouté chaque intervention avec la plus grande attention.
Les polémiques ne vont pas manquer, les caricatures aussi. Mais l’Histoire n’attend pas et il faut savoir dépasser sa personne comme son appartenance partisane pour pouvoir sauver son pays.
Vous connaissez mon caractère, je serai le gardien vigilant de notre patriotisme humaniste et je vous dirai toujours la vérité sur le fonctionnement de cette alliance.
Je n’ai jamais trahi mes idéaux et ne les trahirai jamais. Quand le destin de la France est en jeu, il est du devoir de chacun de prendre ses responsabilités.
Je sais pouvoir compter sur votre abnégation, votre courage et votre amour de la France.
Nicolas Dupont Aignan
Président de Debout la France