Egalité et Réconciliation
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Nécrologie de l’art contemporain

Partie 1, par Simone Choule

AteliER
Article initialement publié dans l'atelier E&R

L’art contemporain subit de plus en plus une collusion avec le monde de l’argent de l’hyperclasse et avec nos institutions publiques, qui lui sont dévouées à des fins souvent peu scrupuleuses. « L’art est une idée qu’on exagère », disait Julien Gracq. Mais exagère-t-on l’importance de l’art contemporain ? Et si oui, s’agit il d’un hasard de notre temps ou sert-il des intérêts bien définis ?

L’art a notamment toujours existé et ce, dans toutes les cultures, chaque peuple ayant ses mythes sculptés, joués, représentés, écrits, chantés… De l’art rupestre à l’Antiquité, les hommes ont pu recréer leur vie afin de façonner leur idée du Beau, de la transmettre et de se raconter tels qu’ils se voient. Cependant un basculement important eut lieu avec la naissance du christianisme, faisant entrer l’Europe dans un nouveau calendrier et dans de nouveaux codes de représentation, afin de véhiculer au mieux la parole du Christ et de l’Église dans le monde connu.

Genèse de l’art occidental

L’explosion de l’art byzantin en peinture et sur les vitraux est concomitante de la volonté de l’Église de communiquer à des gens – pas forcément tous scribes et alphabétisés mais bien souvent ruraux – le message par la force des images de la Bible (icônes). Un élément diffère néanmoins de ce que l’on peut trouver dans tout l’art antique (où le monde des dieux est inspiré de celui des hommes) : le monde représenté doit être un idéal, celui de Dieu, loin de la vulgarité terrestre ; un idéal qu’il faut atteindre, par la pratique de la prière et l’application des paroles de Jésus-Christ. Les peintures de Cimabue sont exemplaires de cette recherche d’harmonie et de symbolique pure par le hiératisme du style et s’applique à bien s’éloigner de toute représentation du réel. L’art byzantin passe à l’art roman ; le monde occidental se christianise de plus en plus jusqu’à devenir une totalité spirituelle et culturelle.

 

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La Maestà de Cimabue

 

Alors pourquoi éprouve-t-on le besoin de représenter la perspective ? À la Renaissance, la transmission des écrits grecs de l’Antiquité par Averroès, qui les a traduits, permettant des (re)découvertes mathématiques, oriente le regard acéré des peintres vers plus de réalisme et vers plus de recherche. La découverte du Nouveau Monde aussi, repousse les limites terrestres des hommes, monde ignoré des récits bibliques. Les hommes auront leur « temps » à jouer dans l’espace terrestre et l’effervescence de toutes sortes de savoirs (imprimerie, médecine, anatomie, alchimie, architecture…) stimulera autant les sociétés italiennes que les peintres qui en sont issus (Florence comme centre névralgique).

La perspective apparaît d’abord comme un trucage et l’on tâtonnera à la représenter au mieux : par le sol ou le plafond ? Le sol sera choisi dans la logique du réalisme formel (l’école Italienne dont Alberti, figure incontournable du Cuatrocento fixera les normes avec son manuel). S’oppose à cette école de représentation l’école Flamande, qui sera l’école du réalisme optique (Jan Van Eyck mais surtout Giotto, dont l’anecdote la plus connue sur son talent est qu’il fut repéré par le pape car il savait dessiner un cercle parfait à main levée). Léonard de Vinci alliera les deux techniques de représentation, parmi les nombreuses contributions qu’il accomplira en peinture.

L’âge d’or de l’art classique

La Renaissance illustre donc le passage de la 2D à la 3D (en musique, on passera au même moment du grégorien au polyphonique). Il y a un changement de l’espace en musique comme en représentation, qui illustre – consciemment ou inconsciemment – l’approfondissement du champ de savoir de l’homme, ébloui par ses découvertes. Mais si l’homme commence à prendre de l’orgueil sur le monde que Dieu lui a donné, que devient Dieu alors ? L’œuvre de La Flagellation de Piero Della Francesca illustre le début du basculement. En représentant le Christ dans un monde d’hommes (dans le temporel humain et non divin, donc un monde fini où l’on vit en mortel), le peintre ne le sait pas mais la perspective devient autant stylistique que symbolique en signant la fin du Christ dans le temporel (les droits de l’homme se chargeant plus tard de déloger le Christ dans la loi des hommes). La fin du monde divin sur Terre s’annonce alors en peinture et le mouvement sera lent, mais présent (réforme protestante, montée des bourgeois et des marchands guidés par Mammon à travers leur influence sur l’aristocratie jusqu’aux révolutions).

 

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La Flagellation du Christ de Piero della Francesca

 

Outre les innovations sur la représentation de la lumière, qui fera les beaux jours de Vermeer ou de Rembrandt, la grande peinture restera sur les codes italo-flamands pendant près de 400 ans. L’école de Fontainebleau triomphe et les commandes royales se font la gloire de la monarchie et de ses exploits (les collections du musée Condé et les carrières de Goya, Rubens). Le baroque explose dans les cours européennes. Néanmoins des révolutions ne tarderont pas à faire basculer le monde vers l’industriel, le matériel, éloignant Dieu de plus en plus des représentations humaines. Jacques-Louis David se fera le témoin de ces événements, devenant le chef de file de la nouvelle peinture, et sublimera les soubresauts du Directoire à l’Empire.

La peinture classique sera ensuite supplantée au XIXe siècle par l’art « pompier » aux yeux de l’Académie : une peinture faite en atelier, selon des normes d’observation optique se transmettant depuis près de 400 ans sans beaucoup de modifications. Les sujets se focalisent beaucoup sur l’Antiquité (le travail de Gérôme par exemple inspirera le réalisateur Ridley Scott pour son Gladiator) et s’éloigne des bouleversements offerts par le XIXe siècle. On invente le moteur, le train, l’électricité, le télégraphe pour communiquer à distance, tout bouge et même la photographie nait comme concurrente principale, alors qu’en atelier, on reste sur La Naissance de Vénus et autres Crépuscule des Dieux très romantiques. En dehors d’un Géricaut et son Radeau de la méduse illustrant un fait contemporain dramatique ou bien le travail de Delacroix, seuls Gustave Caillebotte ainsi que quelques autres s’intéresseront à des sujets prosaïques de la vie quotidienne, Caspar David Friedrich soulignera la beauté de la nature comme personne en son temps et Ingres aura son quart d’heure exotique. On peut concéder que les artistes sont alors en pleine possession de leur art et des techniques de représentation les plus affinées.

 

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L’Ecole d’Athènes, fresque de Raphaël

 

(Fin de la première partie)

La poésie, une autre forme d’art à découvrir chez Kontre Kulture :

 






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21 Commentaires

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  • #374631
    Le 3 avril 2013 à 14:29 par THISISTHEZODIACSPEAKING
    Nécrologie de l’art contemporain

    Bin dis-donc les raccourcis ! La vérité étant que tant qu’on trouvera amusant de s’amuser, les brosses seront toujours humides...
    Trouve un peu de ce que je fais ici http://olderoticart.tumblr.com/archive Guy

     

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  • #374645
    Le 3 avril 2013 à 14:46 par pepeto
    Nécrologie de l’art contemporain

    Petite précision, la musique ne passe pas du grégorien à la polyphonie à la Renaissance. La polyphonie en musique est bien antérieure à cette époque (par exemple l’école de Notre Dame de Paris dès le XIIème siècle, mais on a des traces bien plus anciennes de chants de pèlerins etc.), et le grégorien restera largement utilisé pendant de longues périodes (très courant jusqu’au XVIIIème siècle, on en trouve toujours quelques mélodies dans la musique de tradition classique aujourd’hui) même inclus dans la polyphonie. Il existe également de nombreux autres procédés en musique qui peuvent faire penser au passage de 2D à 3D : les jeux sur le temps, les combinaisons de timbres, les dynamiques, la spatialisation...

    Cependant, on remarque qu’il y a tout de même une rationalisation des techniques polyphoniques à la Renaissance.

    J’attends la fin de cet article avec impatience...

     

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    • #375022
      Le Avril 2013 à 23:59 par Décée
      Nécrologie de l’art contemporain

      C est bien agréable de constater que comme toujours chez E&R, le spécialiste veille au grain ... merci pepeto pour cette précision.

       
  • #374692
    Le 3 avril 2013 à 15:35 par anonyme
    Nécrologie de l’art contemporain

    A ce sujet je conseille "qu’est ce que l’art" de Leon Tolstoï

     

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    • #375104
      Le Avril 2013 à 08:48 par chouardien
      Nécrologie de l’art contemporain

      Merci ! À mon tour je vous conseille "Manuel de résistance à l’art contemporain" d’Alain Paucard.

       
  • #374703
    Le 3 avril 2013 à 15:45 par chouardien
    Nécrologie de l’art contemporain

    Excellente idée de sujet ! La création artistique est toujours contemporaine à son époque, alors nommer un soi-disant mouvement artistique "art contemporain" c’est justement enlever toute signification artistique et transcendante, créer un fourre-tout politiquement correct, sur la ligne de la pensée unique, celle du Marché, dont finalement le nom "art contemporain" en devient l’estampille : le but n’est pas de créer mais de recycler et de faire du fric ! Voilà sa seule vocation et sa seule philosophie, c’est tout sauf de l’art ! cqfd.
    Pour ceux qui veulent aller admirer ces déchets (parce que c’est au final ce que çà crée) : http://www.cnap.fr

     

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  • #375111
    Le 4 avril 2013 à 08:59 par Titus
    Nécrologie de l’art contemporain

    Cet excellent article est une instructive mise en perspective de l’histoire de l’art. J’attends de lire la suite avec impatience.

     

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  • #375330
    Le 4 avril 2013 à 17:16 par matrix le gaulois
    Nécrologie de l’art contemporain

    Alors pourquoi éprouve-t-on le besoin de représenter la perspective ? À la Renaissance, la transmission des écrits grecs de l’Antiquité par Averroès, qui les a traduits, permettant des (re)découvertes mathématiques, oriente le regard acéré des peintres vers plus de réalisme et vers plus de recherche.



    Mouaip...autant je crois très peu à l’idée que l’europe ne doive rien à l’islam, autant je crois de moins en moins à l’idée que nous devons absolument tout à al-andalus...

    Ecoutez-bien Rémi Brague, à l’entendre on pourrait croire qu’Averroès était un Voltaire/BHL avant l’heure, ça laisse songeur :
    http://www.youtube.com/watch?v=D_SY...

     

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  • #375605
    Le 5 avril 2013 à 01:51 par Simon
    Nécrologie de l’art contemporain

    Drôle de chose qu’est "l’art comtenporain". Je suis moi même aux Beaux Arts en premiere année et beacoup de ces theorie du vides sont difficile a bouffé, surtout quand nos préocupations ne sont pas "la materialité et l’immaterialité" mais combien de temps est-ce que le travail de ma mère va ronger ces os, ou, peut on faire le plein de l’estomac avec trois pates....
    Et effectivement, beaucoup de ces écoles d’arts et musée, a l’architecture moderne et frigide servent d’antennes et diffusent ces idées bourgoises, qui rejette bien souvant le concret, le travail mannuel (faudrais pas abimer leur p’tite main frêle) et la morale.( car la moral est propre a chaque pays, chaque homme, et donc pas universelle, mais aussi parseque elle enclave, enfin surtout, parseque elle leur rapelle combien ils sont dégoutant)
    Oui, l’art reflete le monde, enfin du moin les idée qui le dirige ; si avant c’était le christianisme qu’il le dominer avec ces représentations idealiser et hyporcrite, ces rêves de l’impérissable comme un socle de granite. Aujourd’hui c’est plus judeo-protestant-FM Δ
    Soit, la morale de toujours faire reculer la Morales,-comment est-ce que tu veus que des gens achète des millions d’euros une boite a caca dans une societe morale ?- traditionnellement, mépris du catholicisme et du prolo car inintelligent, inculte. Réciproquement le prolo méprise souvant "l’Art Contemporain" parseque ya pas de travail et que évidemment bien éloigné de ca vie (puis, dans ce milieu ya plein de sodomite...).
    "Ont peut faire accepter n’importe quoi aux gens."
    Marcel duchamps.
    Enfin, un milieu de putains satanistes, qui vendent avec intelligence leurs culs aussi bien que des publicitaires. D’ailleur ont peut surligner cette idée en remarquant que Charles Saatchi (communauté organisé) possède l’une des plus grande galerie britanique, ont peut y voir Warhol, Damien hirst, basquiat, jef koons ou Jake et dinoschapman et parallement une des plus grandes agence publicitaire Saatchi&Saatchi responsable de la campagne publicitaire de Margaret Tatcher. Sinon ils ont fais les pubs de Societe generale, GDF suez, free, toyota, bouygues, kiri, lexus, haagen daez, universal...
    Enfin des pédophiles que tu prend au premier, aux deuxiemes ou aux trente-troisième degrés.

    Svp les modérateurs accordez moi un deuxieme commentaire que je puisse imager mes propos..

     

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  • #375672
    Le 5 avril 2013 à 09:22 par Julien
    Nécrologie de l’art contemporain

    Intéressant, cela fait plaisir de voir que E&R étend son intérêt à toutes les sphères du réel, y compris faire un peu d’histoire de le l’art.
    2 (petites) remarques en passant : sur le texte d’abord : Giotto est un peintre italien de l’avant quattrocento (il vivait encore au Moyen-Age) et donc n’a aucun lien avec les Flandres

    Ensuite sur la récurrence du topos autour de la merde de Manzoni dans les commentaires : je rappelle d’abord que ça a plus de 50 ans (rapport au "contemporain"). Ensuite, je suis un peu étonné au regard du niveau général des intervenants, (plutôt très bon) d’être aussi expéditif et retomber aussi vite en matière d’art dans le prêt à penser !(pour des gens qui ont des notions sur le caractère fétiche de la marchandise, la valeur d’échange etc ...) Quitte à ne pas considérer ce "geste" comme une "oeuvre", mais comme un geste politique... J’en sais rien. Mais en tout cas ça mérite de n’être pas aussi vite "torché" ....

    Un article assez complet pour pouvoir ensuite en parler un peu en connaissance de cause :
    http://studium.vakistan.net/wp-cont...

     

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    • #376113
      Le Avril 2013 à 17:21 par Simon
      Nécrologie de l’art contemporain

      http://www.google.fr/imgres?hl=fr&a... —> pour le commentaire du dessus, "Oeuvre" : Zygotic acceleration, Jake et dinoschapman

      Oui c’est assez vite torché, une intervention un peu carricaturale pour ma par.
      La Merde d’artiste de Monanzini est géniale dans le sens ou il fais transparaitre l’absurdité du marché de l’art et même de l’economie "Contemporaine" (C’est assez drôle d’imaginer Marina fossati acheter un boîte de merde pour 30 000 euros), mais c’est un étrange cynisme quand l’acte dénonciateur devient l’objet de ce que lui même dénonce. j’ai l’impression que les dégéneresences de ces genres de creations, entraine plus une acceptation cynique, que une réaction franche.
      Dans cette même idée ont peut remarquer aussi Maurizio Cattelan qui est l’un des artistes les plus collectionner (pour le coup vrément contemporain et connais sont succés) qui a scotché sont galleriste au mur de ca galerie. Ou pendant la biennale de venise, il a mis dans un avion, Grand collectionneurs et conservateurs de Grands musées pour les envoyer en sicile, au milieu d’une décharge ou des tables nappées et des serveurs galonné, attendent ces VIP avec en fond les grosses lettres de holywood recréer pour six mois, sur cette terre, dont les mœurs et les fantaisies maffieuses ont si souvent inspiré le cinéma américain.

      le coût total de l’installation 914 695 euros.

       
    • #376638
      Le Avril 2013 à 11:37 par Julien
      Nécrologie de l’art contemporain

      Simon :
      bien d’accord sur cette posture qui confine au cynisme, ou à l’ironie aujourd’hui devenues école ; c’est insupportable et ne révèle en fait que l’impuissance politique de l’artiste.
      Par contre à l’époque, le geste de Manzoni, dans son contexte, avait sûrement une dimension subversive, et il ne faut pas oublier que c’est un détail surmédiatisé d’un oeuvre assez étendue, qui ne consiste pas seulement en ça. Il a notamment infuencé ce que l’art européen a produit de meilleur au siècle passé, l’Arte Povera, (cette puissante antithèse des pop et op arts anglosaxons : antispectaculaire, profondement italien (ancré dans son histoire), et très politique -inspiré d’ailleurs du modèle de la guerilla, qui renonce à l’équipement lourd pour se soustraire à l’économie dominante et aux institutions).

      Bon et puis Duchamp par exemple, est allé beaucoup plus loin dans la fumisterie en vendant littéralement du vide en flacon (air de Paris) - chez Manzoni, au moins il y a de la matière, et il est un peu plus fin car il établit une conversion au poids, basé sur l’or pour chiffer le prix de la conserve ! Pour les gens qui n’ont pas les moyens, il propose de livrer la merde emballée dans du papier (évidemment personne ne s’y est risqué), preuve que l’oeuvre est d’abord une boîte avec un contenu "invisible, fantasmé, et inodore comme l’argent, - "comme art, la merde d’artiste n’existe que neutralisée par sa mise en conserve, c’est une merde écrite, le signe abstrait d’un désagrément" (je paraphrase le texte mis en lien plus haut)

      Donc ce que je veux dire, c’est que pour pouvoir critiquer "les merdes d’artiste" de Manzoni, il faut d’abord connaitre le sujet, et échapper à la tautologie (au sujet d’un art qui l’est lui-même d’une certaine façon !) en disant "c’est de la merde !" Il faut démontrer plutôt que la subversion politique ne peux simplement plus s’opérer dans le cadre du champ artistique (institutions, galeries, musées) tant est qu’elle l’ait pu un jour... Le problème contient sa réponse, vacuité et impuissance puisque le Marché a vraiment TOUT investi et récupère tout ;

      La question alors à se poser (et que pouvait se poser Manzoni) c’est de continuer ou non à oeuvrer dans un cadre qui neutralisera et marchandisera tout, ou bien, en sortir. Ce que nécessairement la conceptualisation extrême de l’art implique à la fin. On est dedans, ou dehors.

       
  • #376235
    Le 5 avril 2013 à 19:44 par Barastin
    Nécrologie de l’art contemporain

    Il faut savoir qu’en France il n’y a aucun fond privé finançant et soutenant la création dite "art contemporain". C’est l’état et seulement lui qui crache la monnaie ou permet de mettre en lumière à grande échelle : Ministère, FRAC, DRAC, Ecoles nationales... C’est ce qu’on appel la création officielle à laquelle se greffe parfois des partenaires mais l’état reste le décideur tout puissant.
    Aux États Unis, il y a des fonds privés et un seul organisme d’état à l’action limitée : le National Endowment for the Arts (fonds votés par le Congrès).
    Au niveau des galeries, les plus puissantes fonctionnent en réseaux, C’est le "système Castelli" , ce dernier étant inventeur d’un mécanisme où chaque promotion d’artiste est un montage financier à plusieurs...
    Il est indispensable de bien savoir que le système culturel français est un système totalitaire et que la pensée de l’Art Contemporain résulte de la digestion de la pensée duchampienne et de l’adhésion à la french theory qui n’est autre que la déconstruction créative des identités, de la pensée et des moeurs que l’on doit à Derrida, Foucault, Deleuze, Lyotard... et c’est les USA qui fixent les règles depuis qu’Arthur Danto (philosophe de l’école dite analytique) en réaction à une expo de Warhol à la Stabble Gallery, rédige un article dans le Journal of Philosophy (1964). Il s’agit du premier écrit qui annonce le discours doctrinal de l’art contemporain aux USA. Pour décrire brièvement l’un des éléments fondamentaux du discours de l’art contemporain, je cite Danto : "La théorie philosophique et l’interprétation, autrement dit le langage, sont constitutives de l’œuvre. Elles seules permettent d’identifier l’objet et de déclarer avec l’aval du monde de l’art : c’est une œuvre d’art."
    Les décennies s’écoulant on ne peut constater que l’art contemporain n’est pratiquement constitués que de jeux conceptuels, refoulements, subversions, destructions, ambiguïtés (masquer les intentions réelles au non initié).
    Domination américaine et anglo saxonne, prise de pouvoir de New York sur Paris (avènement du nouveau monde supplantant l’ancien monde), langue anglaise devenant "langue officielle" (comment passer du sfumato à la Contemporary Art Gallery), substitution au Sacré (comment l’œuvre contemporaine existe en étant installée dans un lieu de culte... chrétien bien évidemment !) ; autant d’éléments qui caractérise le monde de l’art contemporain depuis les années 60.

     

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    • #376650
      Le Avril 2013 à 11:52 par Julien
      Nécrologie de l’art contemporain

      Les institutions publiques (tels les frac ...) est une exception française (ça n’existe nulle part ailleurs dans le monde), et on pourrait dire aussi qu’elles permettent peut-être de soustraire un peu l’art aux mécénats privés, aux sponsors (d’où puissance du marché de l’art anglo-saxons, c’est consubstantiel à leur hégémonie économique). Le financement public a toujours existé ici, c’était déjà ainsi sous la monarchie. Je trouve normal et sain qu’un état achète et valorise ses artistes.
      Je trouve au contraire que ces institutions publiques sont ce qu’il y a de moins pire et que c’était pas une mauvaise idée, chose que d’ailleurs les autres nous envient (le problème est plutôt éventuellement ce qu’on met dedans !).

      Petite précision enfin : même en France, c’est le privé qui domine le marché de l’art (galeries, collectionneurs ...). La part des achats par Frac, ou financement par drac , fnac ... etc est marginale à côté.

       
  • #376258
    Le 5 avril 2013 à 20:10 par Barastin
    Nécrologie de l’art contemporain

    En s’intéressant à l’art contemporain à travers son histoire et sa substance on ne peut que rentrer en résonance avec ce qu’Asselineau évoque dans sa conférence sur la domination (colonisation) Américano-anglaise sur l’Europe, sur le pouvoir financier, la destruction des valeurs et bien d’autres thèmes mis en relief fréquemment sur ce site.
    Pour comprendre, je conseil vivement la lecture de deux livres, qui à mon humble avis peuvent faire office d’autorité dans ce qu’il est convenu d’appeler la compréhension de l’art contemporain, il s’agit de L’Art Caché (les dissidents de l’Art Contemporain) et Sacré Art Contemporain (Évêques, inspecteurs et commissaires). Ils ont été écrits par la très talentueuse Aude de Kerros. Le premier traite de l’évolution du paysage artistique français au rythme de l’Art Contemporain, le second des relations étroites entre l’état, l’Église et le milieu de l’art contemporain.
    Paris est contaminé, les Beaux Arts assiégées ! Courage, maîtres fidèles au grand art, rapins esseulés, héritiers de l’axe Athènes - Rome - Paris... Dessinons, peignons, sculptons, il n’y a pas de belles œuvres érigées sans souffrir et ce n’est pas par ce que le vide nous contemple que notre beauté ne peut pas dominer ce paysage en volant de ses propres ailes.

     

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