Voici une interview passée relativement inaperçue de Jacques Attali sur la chaîne israélienne en français i24news. Elle date du 20 octobre 2019, et le sherpa de Mitterrand devenu le VRP numéro un de la mondialisation socialo-sioniste heureuse s’englue dans ses propres principes mouvants.
Il est question – sans le nommer – de national-sionisme et du danger que cette idéologie fait courir à la nation française et à ses composantes principales, les musulmans et les juifs, qu’Attali qualifie de « sémites ». Pour lui, l’antisémitisme – français, s’entend ! – s’attaque à la fois aux juifs et aux musulmans, donc un Zemmour et un Goldnadel ne devraient pas s’attaquer à leurs frères. Le danger pour les juifs et les musulmans serait alors l’antisémitisme français, qui ne serait pas mort et qui n’attendrait qu’une occasion pour resurgir, occasion que les apprentis sorciers Zemmour & Goldnadel pourraient bien créer.
Il n’est pas certain que ses réponses auraient été identiques sur une grande chaîne française.
Attali en PLS
Pour une fois, Attali ne fait pas face à un serveur de soupe mais à un journaliste déterminé, Benjamin Petrover, qui ne lâche pas le morceau et qui renvoie des scuds qui ne sont pas du même ordre que les petits coups de cirage des journalistes français. Il met en difficulté l’homme qui veut d’un gouvernement mondial (avec lui à sa tête) et le pousse dans ses retranchements. On découvre alors un peu du fond de la pensée de Jacques Attali et surtout sa mauvaise foi. Verbatim.
« J’ai voulu montrer qu’il y a un très grand danger aujourd’hui à ne pas voir que dans la plupart des cas l’hostilité aux musulmans cache une méconnaissance de la vérité, en tout cas je parle de la société française, la société israélienne est un autre cas, dans lequel d’abord l’islam est présent en France depuis très longtemps, l’islam a joué un rôle très important dans l’émergence de la raison et de la science en Europe, l’islam est victime comme les juifs de l’antisémitisme, d’ailleurs “antisémite” ça désigne les uns et les autres, et dans le livre que vous avez évoqué j’y montrais comment les uns et les autres ont été humiliés et martyrisés par la colonisation qui euh, euh, qui martyrisait les deux dimensions des sémites en Afrique du Nord. »
On sent qu’Attali patine un peu sur le « colonisation », parce que ce terme renvoie peut-être à quelque chose qui ne lui plaît pas, ou qui le dérange dans son sionisme de « gauche »... Un sionisme qui, on le rappelle, n’est pas – en apparence – celui d’un Zemmour.
« Et j’ai montré qu’il était contraire à l’intérêt des juifs, en particulier ceux qui se manifestent ainsi, de désigner les musulmans comme des ennemis, de croire à cette théorie statistiquement fausse du grand remplacement, qui n’existe pas, j’ai donné les chiffres, pour dire que il faut raison garder et la France a intérêt de ce point de vue à être raisonnable et à accepter cette forme de légère transformation ou modification ou intégration d’une nouvelle minorité dans la société française avec le même bonheur qu’elle a accueilli les Italiens, les Polonais, les juifs et quelques autres. »
Plusieurs énormités dans ce paragraphe, qui montrent qu’Attali n’a jamais mis les pieds à Aubervilliers ou à Saint-Denis (93, pas de La Réunion) ou qu’il s’aveugle volontairement. Le simple fait de se balader dans ces deux villes-monde donne une idée de la « légère transformation » qu’il évoque.
L’intervieweur cite alors les propos d’Attali qui s’en prend aux trois cavaliers de l’apocalypse nationale-sioniste :
Benjamin Petrover pose la bonne question à 1’56 : « Jacques Attali, pourquoi les désignez-vous en tant que juifs et pas en tant qu’individus ces trois personnes ? »
On rappelle ici que dans un vieux débat BHL/Ramadan, le faux philosophe avait dénoncé avec violence les paroles de l’islamologue qui avait osé parler d’« intellectuels juifs ».
La réponse d’Attali :
« Ben parce que on pourrait les désigner dans les deux dimensions, ils se les désignent en tant que tels parce qu’eux-mêmes se présentent en tant que tels et même s’expriment en tant que tels, et en particulier pour ceux dont la famille vient d’Afrique du Nord ou pour ceux qui viennent de familles qui ont été victimes de l’Holocauste [Attali déglutit, NDLR], il est tragique de voir que ils répètent contre d’autres ce qu’on a fait contre leurs familles antérieurement. »
Stop : pourquoi alors ne pas s’en prendre au pouvoir raciste de Tel-Aviv qui fait aux Palestiniens ce que les Allemands ont fait aux juifs dans les années 30, à savoir une persécution sans répit ? Mais Attali a trouvé une feinte...
« Dans la situation française, je parlerais autrement de la situation israélienne, dans la situation française l’intérêt de l’ensemble de la nation française est que ces diverses minorités non seulement s’intègrent parfaitement mais s’entendent très bien. La France est le pays ou un des pays où il y a le plus de juifs et de musulmans à la fois, si on n’est pas capables de créer les conditions d’une relation harmonieuse entre les uns et les autres en France, ce sera encore plus difficile au Moyen-Orient. »
Petrover revient à l’attaque : « Si je vous pose la question c’est parce que quelqu’un d’autre qui aurait désigné trois personnes ainsi en disant “les juifs untel et untel” on l’aurait qualifié immédiatement d’antisémite ! »
Attali, après un long silence :
« Je ne crois pas, non, je ne crois pas. Je ne pense pas que ce soit tel, en tout cas ceux dont je parle ne se cachent pas de l’être et je ne vois pas de raison de ne pas les nommer en tant que tels d’autant plus que c’est ce dont profitent et jouissent les antisémites qui sont ravis de voir l’opposition entre les deux formes de sémitisme qui sont les juifs et les musulmans. D’ailleurs le premier titre de l’article que j’avais mis c’était “Halte au feu”, il n’est pas de l’intérêt de la communauté juive française ni de l’intérêt de la communauté musulmane ni de l’intérêt de la nation française qui a encore un antisémitisme sous-jacent qui ne demande qu’à ressortir, de toute nature, chrétien et économique, j’ai écrit plusieurs livres pour le dénoncer, dans mon livre qui sort cette semaine je montre à quel point la France et en particulier l’Algérie a été profondément antisémite, pour dire que le fait de mettre les points sur les i, pour dire que ceux qui se savent, se disent et prétendent parler d’un point de vue juif, pas seulement d’un point de vue juif mais en particulier d’un point de vue juif, ne rendent service à personne en agissant ainsi. »
On y arrive, l’ennemi, c’est l’antisémite qui couve, comme un cochon, au cœur de chaque Français. Une accusation qui met tout le monde d’accord et qui a l’avantage de renverser le fauteur de troubles sur la nation d’accueil, car on souligne à Attali que c’est la France qui a accueilli les juifs et les musulmans, et que l’immigration massive est une décision qui n’a pas été prise par le peuple français mais par ses dirigeants, des dirigeants qui obéissent en partie ou totalement aux réseaux du pouvoir profond, fermez la parenthèse.