30 000 morts, c’est pas grave parce que c’est une riposte légitime de la seule démocratie du Proche-Orient. Des dizaines de morts pendant les révoltes étudiantes, c’est gravissime parce que c’est un régime antisioniste.
Ces éléments de langage résument la pensée praudienne devant le sort de Netanyahou, accusé de crimes de guerre, et l’hommage rendu au président Raïssi au Conseil de sécurité. Un peu plus et le propagandiste de CNews faisait une attaque.
« On l’appelait le boucher de Téhéran », rappelle Praud, qui reprend les termes de la CIA et du Mossad refilés aux médias occidentaux soumis à l’ordre américano-sioniste. Mais pourquoi n’appelle-t-on pas Netanyahou le boucher de Gaza ? C’est Bachar, le boucher de Damas, qui doit être content d’avoir perdu son sacre.
Le sketch de Pascal Praud commence à la 18e minute
« Mais l’ONU, l’ONU, demande une minute de silence » : on se repasse la séquence pour voir s’il ne s’agit pas d’une parodie praudienne de Malik Benthala ou Julien Cazarre. Mais non, Praud s’autocaricature parfaitement. Il s’adresse à ses chroniqueurs et Jérôme Béglé, les yeux qui partent dans tous les sens (sous l’effet du Macron, un médicament élyséen), abonde moyennement.
Ce n’est un secret pour personne : Praud déteste l’Iran autant qu’il aime l’Israël. De deux choses l’une : soit Praud sait ce qu’il en est réellement de ces deux pays et de leurs exactions respectives, absolument pas comparables en termes de victimes, et alors il est malhonnête ; soit Praud ignore ces informations, et dans ce cas, il n’a pas sa place à la tête d’une émission de débat journalistique sur l’actualité.
On en revient toujours à ça, avec nos médiacrates : malhonnêteté ou ignorance, c’est-à-dire ignorance volontaire ou ignorance involontaire.
« Le porte-parole de la Maison-Blanche vient de dire “le président iranien a du sang sur les mains”. »
En répétant cela, et en oubliant le sang qu’Obama et Biden ont sur les mains, Obama pour l’Afghanistan, l’Irak et la Syrie, excusez du peu, et Biden pour Gaza, Praud se fait le porte-parole du porte-parole de la Maison-Blanche !
Il ne peut donc pas y avoir de journaliste honnête à la télé, ou alors pas longtemps. Même constat pour les hommes politiques, LFI mise à part. On compte les gouttes de sang sur les mains de Raïssi et on oublie le fleuve de sang dans lequel Netanyahou plonge les siennes. À côté de Netanyahou, Raïssi est un piètre amateur.
Hier encore le Président iranien pendait 7 malheureux dans le silence des nations !
Il semblerait que ce dictateur islamiste, l’un des pires bouchers de l’histoire qui massacre son peuple jour après jour et finance ses proxys, soit mort avec son ministre des affaires étrangères… pic.twitter.com/i2HjHYXj1D
— Meyer Habib (@Meyer_Habib) May 19, 2024
Pour arriver à l’équilibre dans le discours de ces malfaisants, il suffit de remplacer « Raïssi » par « Netanyahou », et la vérité jaillit toute seule, comme la source de Manon. Le problème, c’est que la répétition d’un mensonge, ce clou enfoncé dans la tête du public, devient une semi-vérité.
Tous ces agents du Système, de Praud à Habib, sont obligés de surmentir pour rester en poste. À un moment donné, le mensonge devient si gros qu’ils ne savent plus quoi en faire, et qu’ils disparaissent derrière, puis dedans, comme les scarabées avec leur énorme boule.
Le praudisme, version française du habibisme, sera un jour enseigné dans les écoles de journalisme comme l’idéologie nauséabonde de cette période de l’histoire de France qu’on appellera la deuxième Collaboration.