C’est vrai, le selfie à Auschwitz, à l’endroit où sont morts beaucoup de prisonniers de guerre russes (ils ont construit le camp), de Polonais et de résistants de tous les pays d’Europe de l’ouest, c’est quelque chose d’assez indécent. Là où des hommes ont souffert et sont morts, là où ont été déportés plusieurs centaines de milliers d’ennemis politiques mais aussi d’innocents, et par familles entières, se la péter avec les miradors et autres baraquements en toile de fond dénote un manque de conscience historique inquiétant.
Les autorités juives des pays concernés tirent la sonnette d’alarme : un bon paquet des élèves occidentaux non seulement n’en ont rien à battre de la Shoah, mais en plus ils ne la connaissent pas. Ils s’occupent plus de musique, de jeux vidéo et de drague. Certes, pour un écolier, un collégien ou un lycéen, se plonger dans la Shoah du matin au soir n’est pas non plus un signe de bonne santé mentale : notre jeunesse doit être sportive, optimiste et joueuse. Pas besoin de dépressifs lourds pour reprendre en main nos pays déjà bien atteints par les pathologies du progressisme. L’agitprop shoatique, point trop n’en faut.
La direction du mémorial d’Auschwitz a donc publié un bref rappel à l’ordre sur Twitter, ce média qui n’est pas forcément la meilleure plateforme pour toucher les jeunes. Il aurait fallu envoyer ces remontrances sur Insta ou Tinder, entre deux shoots de mode de Nabilla ou deux propositions de rencontre hétéros. C’est comme ça, que voulez-vous, nous aussi ça nous désespère, mais la jeunesse est la jeunesse : on ne peut pas lui imposer nos goûts. Elle se torcherait avec et nous reléguerait illico dans un passé mortifère.
Justement, à propos de passé mortifère, voici l’injonction de la direction du musée d’Auschwitz :
« Souvenez-vous que vous êtes sur un site où plus d’un million de personnes ont été tuées. Respectez leur mémoire. Il y a de meilleurs endroits pour apprendre à marcher en équilibre sur un rail que le lieu qui symbolise la déportation vers la mort de centaines de milliers de personnes. »
When you come to @AuschwitzMuseum remember you are at the site where over 1 million people were killed. Respect their memory. There are better places to learn how to walk on a balance beam than the site which symbolizes deportation of hundreds of thousands to their deaths. pic.twitter.com/TxJk9FgxWl
— Auschwitz Memorial (@AuschwitzMuseum) 20 mars 2019
Que ces jeunes qui font les cons sur ces rails qui ont vu passer tant de trains réalisent le sacrilège ! Honte à eux ! On ne fait pas d’équilibrisme sur le rail qui mène à Birkenau, voyons ! Que ces insolents aillent le faire entre deux ballons et on en reparle !
Le mémorial rappelle à ces jeunes effrontés, heureusement pas encore traités d’antisémites – ça la foutrait mal puisque beaucoup sont juifs et la plupart des jeunes Israéliens sont raflés dans leurs écoles pour se taper l’aller retour Israël-Pologne – qu’ils sont « sur un site où plus d’un million de personnes ont été tuées ». C’est moins que les quatre millions et demi annoncées juste après la Seconde Guerre mondiale mais c’est déjà trop. On ne déconne pas sur les Champs sacrés, OK ?
Attention ! On confesse une erreur d’importance dans notre texte : les autorités ont bien envoyé un message sur Instagram, avec une photo un peu triste.
Ça rigole moins, hein, bande de petits salopards ! Si tonton Klarsfeld était là, avec tata Klarsfeld, ils vous tireraient les oreilles et vous foutraient une raclée que vous n’oublieriez pas de sitôt ! Le devoir de mémoire devrait être inscrit de force dans tous les cerveaux, au moyen d’une puce RFID implantée, euh, par exemple sous la peau à la base intérieure du poignet. Là où les déportés avaient leur numéro tatoué.
Highway to hell
Bon, en même temps on va pas s’mentir, si y avait pas autant de bourrage de crâne sur le pèlerinage sioniste, la plupart des jeunes ne feraient pas les cons en Pologne. Le site resterait calme et la solennité qui sied à un tel endroit serait respectée. C’est propagande & selfies, propagande & irrespect, ou silence & respect. On peut pas tout avoir, l’argent du beurre et le cul de la crémière, dit le proverbe populaire.
Voici les images de l’horreur qui ont fait s’étrangler les responsables du mémorial :