Un sondage publié jeudi 12 avril par le Schoen Consulting, commissionné par la Jewish Claims Conference (JCC), révèle l’ampleur de cette amnésie collective des États-Unis à l’égard de l’un des événements les plus marquants de l’époque contemporaine.
Menée auprès de 1.350 personnes majeures, l’étude révèle entre autres que 11% des Américains pensent n’avoir jamais entendu parler de la Shoah, le taux atteignant 22% chez les millennials (soit une population envisagée ici comme les 18-34 ans et qui représente 31% des sondés). 41% des millennials estiment que moins de deux millions de juifs ont été exterminés durant l’Holocauste.
Seulement 37% des personnes interrogées reconnaissaient la Pologne comme pays où s’est déroulée la Shoah (contre 84% identifiant l’Allemagne), sans parler des pays baltes, à peine mentionnés (6% pour la Lettonie, et 5% pour la Lituanie et l’Estonie). Pourtant, près de 3,5 millions de juifs furent tués en Pologne, et 90% de la population juive des pays baltes a été décimée, rappelle le rapport.
« Alors que nous nous éloignons des événements, désormais vieux de plus de soixante-dix ans, cela devient moins central parmi les sujets à propos desquels les gens discutent ou pensent ou débattent ou apprennent des choses. Si nous attendons une autre génération avant de commencer à essayer de prendre des mesures pour remédier à cela, je pense que nous allons vraiment être en mauvaise posture », déclarait Matthew Bronfman, l’un des membres du bureau de la JCC.
Pour autant, il y a un consensus sur la nécessité d’enseigner la Shoah dans les écoles (93%), et 80% des sondés considèrent que cet enseignement est important pour que cela ne puisse plus arriver.
« Le problème n’est pas que les gens nient l’Holocauste ; le problème est simplement qu’il disparaît de la mémoire, explique Greg Schneider, le vice-président de la JCC. Les gens peuvent ne pas connaître les détails eux-mêmes, mais ils pensent toujours que c’est important. C’est très encourageant. »