« L’Académie française n’a jamais été hostile à l’introduction et à l’usage de termes étrangers.
Mais aujourd’hui elle se montre gravement préoccupée par le développement du franglais. Les violations répétées de la loi Toubon, qui a posé les règles de l’emploi du français dans la sphère publique, dénaturent notre langue, autant par l’invasion des termes anglo-saxons que par la détérioration qu’ils entraînent de sa syntaxe.
Fidèle à la mission qui lui a été confiée de veiller sur la langue française et de la défendre, l’Académie alerte solennellement les pouvoirs publics et les invite en premier lieu à respecter eux-mêmes la loi.
Si ceux-ci ne réagissent pas vigoureusement, si l’opinion ne prend pas la mesure du danger qui le menace, le français cessera d’être la langue vivante et populaire que nous aimons. »
L’Académie se réveille, sabre au clair contre l’envahisseur anglo-saxon et surtout, le traître à la Nation qui utilise sans vergogne ces mots venus du modèle libéral d’outre-Manche et d’outre-Atlantique. Des mots qui sont chargés d’une idéologie, très simple : le profit avant tout, avant la culture, la beauté, avant la subtilité, bref, tout ce qui fait le charme de la France.
La langue anglaise n’est pas aussi riche que la langue française (même si on est pas loin de trois quarts de racines orthographiques communes), et c’est peut-être là notre faiblesse, on le sait tous. Il est plus facile d’apprendre les deux ou trois temps simples et les accords inexistants des Britanniques que d’entrer dans les tourments du subjonctif plus-que-parfait et des exceptions orthographiques insolites françaises...
Les commerçants qui oublient le mot boisson et qui usent du drink sont des inconscients qui se soumettent à la pensée dominante, celle du profit néolibéral, et qui détruisent tranquillement mille ans de culture. La simplicité et la vitesse faisant la loi en ces temps de rentabilité à tout prix, des temps où les voix des animateurs radio sont accélérées en studio et où des consommateurs compulsifs regardent des saisons entières de leur série préférée en vitesse 1,5 (on en connaît, ces salauds se reconnaîtront), la lente imprégnation du français académique peut en rebuter plus d’un, surtout dans nos banlieues.
En feuilletant le dernier GQ, le magazine du sous-homme moderne (prononcez djikiou et pas j’ai cul), ou le dernier Technikart, le magazine du vieux branché qui se raccroche aux branches, on n’a vu que des opener, insider et autres selector :
Heureusement, il y a encore de vieux puristes qui ont envie d’en découdre et qui lancent des cris d’alarme, dont 80 % des jeunes se foutent, mais c’est normal, ils ont autre chose à penser qu’à sauver le français : le price exorbitant de leur premier loyer, leur meuf ou leur keum du moment, les plans love ou les plans fuck, leurs études avec éventuellement un MBA (prononcez aime billet), les drinks du soir ou les shots dans les lounges... Mais tout n’est pas perdu, regardez les Franglaises :
Le superpuriste entré en guerre, c’est Georges Gastaud, président de l’association Courriel, initiateur du Manifeste contre le linguicide du français. Avant qu’il s’énerve de voir son manifeste repris sur E&R, qu’il sache que nous, ici, on défend à mort la langue française, qu’on fait gaffe à chaque ligne, chaque paragraphe, qu’on respecte la ponctuation, qu’on utilise des fois le subjonctif – c’est pas des conneries – et qu’on fait globalement moins de fautes que tous les sites d’information mainstream réunis, du moins en ligne, car c’est un massacre à la fois orthographique et syntaxique (ces enfoirés font trimer des stagiaires pour des prunes). Si parfois on se laisse aller à quelque barbarisme, il est rare qu’on utilise des anglicismes. La dernière fois, on s’est pris une volée de bois vert en flamme à cause d’un timing, du coup on n’a pas trop récidivé.
La culture audiovisuelle qui prend le pas sur l’écrit (et encore, c’est à vérifier avec tout ce qui se lit aujourd’hui sur le Net) et la puissance des GAFA qui tiennent la communication mondiale expliquent en partie cette colonisation du globish ou de l’angliche et le recul non pas du français, mais de la belle langue en général. Alors c’est clair que tout le monde il peut pas écrire comme Lamartine, mais un petit effort n’est pas perdu : c’est le langage, plus que tout autre chose, qui catégorise socialement. Un poète au RSA peut être plus brillant qu’un animateur télé à 200 000 euros par mois, suivez notre regard. Et puis, une famille pauvre peut développer un capital culturel à base de bouquins (pas chers ou empruntés à la bibli) qui permet de ne pas sombrer corps et âme dans un monde en voie d’ultralibéralisation, c’est-à-dire de destruction morale.
Passons maintenant au texte du Gastaud, remonté comme une pendule :
Longtemps ronronnante sur ces sujets, l’Académie française ne peut plus continuer à se voiler la face sur l’entreprise galopante d’arrachage du français au profit du tout-anglais dans tous les domaines, publicité et enseignes, mais aussi recherche, université, éducation nationale, armée, milieux de travail, etc. Voir le communiqué ci-dessous.
Faites tourner svp un maximum cette déclaration auprès des syndicalistes, des journalistes, des professeurs de langue et de français de votre connaissance.
Dans le cadre d’une « construction » euro-atlantique qui pare d’habits internationalistes le dépeçage de tous les acquis sociaux, démocratiques, laïques et institutionnels de notre peuple (communes, république une et indivisible, souveraineté du peuple français), sans parler de la désindustrialisation galopante de notre pays (après Alsthom vient le tour de PSA), notre langue est littéralement dépecée vivante dans le silence total des grands médias et du gouvernement complices.
Il est en particulier totalement anormal que, par crainte de passer pour « ringards », la plupart des syndicats, mais aussi de ceux dont le français est l’outil principal et le gagne-pain, professeurs, journalistes, etc., continuent de se taire. Déjà la banque postale s’appelle la « French Bank », la SNCF promeut ses « ouigo », 1400 masters s’enseignent illégalement et intégralement en anglais dans nos universités, toutes les émissions de grande écoute de TF1, BFM, etc. sont titrées en anglais (the Voice Kids, The Wall, BFM Tonight, etc.), et nous allons subir en grand fin novembre les affres du « Black Friday », ce vendredi noir pour notre langue. Il s’agit d’un incroyable LINGUICIDE facilité par l’omertà quasi-générale de la France d’en haut dont le seul souci est de faire sa place au « soleil » de l’euro-mondialisation néolibérale.
Pourquoi l’élimination rapide de toute langue et de toute culture autre que celle de l’Empire transatlantique, qui accapare le cinéma, la chanson, etc., serait-elle moins grave que le saccage de la biodiversité par les mêmes grands intérêts capitalistes.
Il ne s’agit évidemment pas de stigmatiser l’anglais, il s’agit de refuser le totalitarisme du tout-globish imposé partout pour d’évidentes raisons de classe.
Salut cordial, là aussi résistons, devenons activemnent des insoumis linguistiques, c’est de dignité et d’égalité qu’il est question !
Pas de problème sur le fond, mais une petite faute à Alstom, qui ne prend pas de « h » (depuis une vingtaine d’années).
On est désolés, on n’a trouvé que ça comme illustration vidéo de ce sujet important. Il s’agit d’une interview du socialiste Christophe Girard par Patrick Liste Noire Cohen... Contre les anglicismes, le LGBT-sionisme ! La malchance !