Interrogé sur le thème de la laïcité, le chef des file insoumis a notamment dénoncé le « communautarisme » du Conseil représentatif des institutions juives de France, sans pour autant juger qu’il constituait une menace pour la République.
Interrogé, lors d’un long entretien pour France Info et France Inter le 3 novembre, sur l’intense débat qui agite les médias depuis quelques semaines autour de la place de la religion dans la sphère publique, le chef de file de La France insoumise (LFI) a dénoncé le communautarisme dont ferait preuve selon lui le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).
« Regardez, le – prétendu – Conseil – soi-disant – représentatif des institutions juives de France [...] pratique un communautarisme épais, violent et agressif, notamment contre moi [...] jusqu’au point d’avoir encouragé des gens à me frapper », a déclaré Jean-Luc Mélenchon, en faisant référence à un événement survenu lors de la marche blanche contre l’antisémitisme de mars 2018, en mémoire de Mireille Knoll, une personne âgée de confession juive assassinée à son domicile parisien. Le député des Bouches-du-Rhône avait alors été poussé à quitter le cortège par un groupe d’individus parmi lesquels se trouvaient des membres du groupuscule extrémiste Ligue de défense juive (LDJ).
Le passage sur le CRIF est à 34min23 :
Malgré ses critiques contre le CRIF, Jean-Luc Mélenchon a estimé que ce dernier ne constituait pas une menace pour « l’unité de la République », mais était plutôt « bizarre », « ridicule » ou encore « folklorique ». « Le communautarisme a toujours été un problème par rapport à l’idée républicaine ; mais en même temps on ne peut pas dire non plus que ce soit une menace », a-t-il en outre estimé, de manière plus générale, au cours de l’entretien.
Sur le thème des religions toujours, l’insoumis a dénoncé lors de cet entretien la « stigmatisation des musulmans » et a accusé le président de la République d’avoir mis de l’« huile sur le feu » dans le débat public en appelant à l’organisation d’une « société de vigilance » face à la menace terroriste islamiste. « Il faut arrêter de montrer du doigt les musulmans », a-t-il martelé.
Il a enfin appelé chaque Français à « faire un effort » : « Nous sommes capables de faire France de tous bois, nous sommes capables de vivre tous ensemble ! », a-t-il fait valoir.
Mélenchon-Crif : une inimitié de longue date
Les relations entre le CRIF et Jean-Luc Mélenchon sont houleuses depuis plusieurs années. En décembre 2017 déjà, le leader de gauche avait dénoncé le « communautarisme » « particulièrement agressif » du CRIF et accusé cette organisation de manier un « rayon paralysant » consistant à accuser d’antisémitisme tous ceux qui diraient « quelque chose qui ne leur plaît pas ». L’insoumis reprochait notamment au CRIF d’appeler la France à imiter la décision des États-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.
En mars 2018, à la suite de son départ forcé du cortège de la marche en mémoire de Mireille Knoll, Jean-Luc Mélenchon avait écrit sur son blog : « [Francis] Kalifat [président du CRIF] et la LDJ ont fait plus pour l’antisémitisme à cette occasion que des dizaines de basses besognes des vecteurs antisémites ». Des propos qui lui avaient valu une demande d’excuses publiques et une menace de procès de la part du président de l’organisation communautaire.
Je renouvelle mes condoléances et l'expression de mon affection respectueuse à la famille Knoll. Et je ne confonds pas la communauté juive avec le Crif et les énergumènes qui rompent la solidarité nationale contre l'antisémitisme. #Marcheblanche
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 28 mars 2018