Marine Le Pen est en visite ce vendredi 24 mars 2017 en Russie. Prenant les précautions oratoires d’usage, surtout après les accusations d’ingérence dans les campagnes électorales américaine et française, le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine a rassuré :
« Nous ne voulons en aucun cas avoir de l’influence sur les événements à venir, mais nous nous réservons le droit de communiquer avec les représentants de toutes les forces politiques du pays, comme le font nos partenaires européens ou des États-Unis »
Et les événements à venir, c’est tout simplement l’élection présidentielle française, qui tient l’Europe en haleine. Car du lapin sorti des urnes le 7 mai dépendront beaucoup de choses...
Le tropisme russe de la candidate du FN s’est exprimé à nouveau : fin des sanctions contre la Russie, et développement d’un partenariat entre les deux pays contre le terrorisme. Du côté russe, on tend la main à la France, une main qui n’a pas été relevée sous la présidence Hollande, celle de tous les échecs, surtout en matière de politique extérieure. La France a suivi aveuglément, contre ses intérêts les plus évidents, les décisions du pouvoir américano-sioniste, que ce soit sur l’OTAN, la Syrie, l’Ukraine ou la Russie. Mais Poutine sent qu’un basculement est possible au cœur de l’UE, et il compte en profiter. C’est ce qu’il déclare, entre les lignes, à Marine Le Pen :
« Il est intéressant d’échanger avec vous sur la façon de développer nos relations bilatérales et la situation en Europe. Je sais que vous représentez un spectre politique européen qui se développe assez rapidement »
C’est depuis 2014 que l’UE, sous la pression américaine, et contre ses intérêts, notamment français et allemands, déclenche ses sanctions contre son grand voisin. La Crimée appartenant géostratégiquement à la Russie, ce bastion fait l’objet d’un casus belli entre le commandement de l’OTAN et Poutine. Si la Russie cède sur la Crimée, alors l’OTAN avancera plus encore ses pions à l’Est. De grandes manœuvres d’intimidation sont d’ailleurs en cours dans les pays baltes. La France y a joué le rôle de police du ciel depuis le 31 août 2016 jusqu’au 5 janvier 2017 dans le cadre de la mission Baltic Air Policing.
La chaleur de la relation franco-russe à travers Le Pen et Poutine contraste avec la froideur de la relation Hollande-Poutine. En France, l’une des conséquences des sanctions antirusses a été l’étranglement des agriculteurs. On estime globalement que les 37 pays qui ont suivi la ligne oligarchique y ont perdu l’équivalent de 54 milliards d’euros en chiffre d’affaires, et au moins autant côté Russes. Les sanctions ont en effet entraîné une chute du rouble, et donc une baisse des importations, puisque tous les produits ne sont pas touchés par les sanctions. C’est en réponse à cela que les Russes ont mis un embargo sur l’importation de produits alimentaires. Le boycott imposé par l’UE n’a eu aucun effet sur la politique russe, mais les paysans français y ont perdu un marché important.
Conclusion ? Les États-Unis, qui sont à l’origine des sanctions, n’ont pas beaucoup souffert de leurs conséquences, du fait de leur faible volume d’échanges avec la Russie. C’est l’Union européenne qui s’est ainsi tiré une balle dans le pied. Un masochisme politico-commercial qui n’étonne plus, tant l’UE a habitué à défendre les intérêts américains avant les siens propres. C’est peut-être pour cela que de plus en plus de peuples européens ne veulent plus de cette « union », et commencent à se tourner vers la Russie...
Voici l’entretien :