On savait que le président Hollande avait fait perdre 5 ans à la France, dans presque tous les domaines. On savait aussi que les journalistes du service public ne s’honoraient pas à défendre le Système, en suivant toutes les injonctions hiérarchiques, aussi incohérentes et improductives soient-elles.
Mais il faut croire qu’on n’est pas encore vacciné contre le rabaissement. Les questions de ce journaliste à la spécialiste russe frisent non seulement la bêtise, mais l’insulte. Si nous publions une partie de cette interview, c’est parce que les réponses sont plus intelligentes que les questions. Dont voici un exemple frappant :
« Mais quel intérêt pour la France de développer une relation privilégiée avec un pays en récession et à la démographie déclinante ? »
Il y a 57 ans, le Général parlait d’une voix forte pour la France, à propos de la tension militaire entre les deux Grands...
François Fillon, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon... Les partisans d’un rapprochement de la France avec la Russie de Vladimir Poutine sont nombreux, parmi les candidats à la présidentielle. À la tête de l’Association dialogue franco-russe, le député Thierry Mariani (Les Républicains) s’est rendu à Moscou jeudi 16 et vendredi 17 mars pour plaider en faveur d’une plus grande coopération entre les deux pays. La lutte contre le terrorisme, les intérêts économiques des entreprises françaises sur place, mais aussi les liens historiques et culturels sont mis en avant par les défenseurs d’une ligne Moscou-Paris.
Franceinfo a interrogé Tatiana Kastoueva-Jean, directrice du centre Russie-NEI de l’Institut français des relations internationales (Ifri), pour décrypter les relations franco-russes actuelles et les opportunités qu’offrirait un renforcement des liens avec le plus grand pays du monde (en superficie).
Franceinfo : Comment étaient les relations entre la France et la Russie avant les guerres ukrainienne et syrienne ?
Tatiana Kastoueva-Jean : Dans les années 1990 et 2000, les relations politiques franco-russes ont connu des hauts et des bas. Le point bas, qui était vraiment très marqué, a eu lieu au moment des bombardements de Belgrade (Serbie) par l’Otan en 1999. L’image de la France, qui y a participé, a été très dégradée aux yeux des Russes. En revanche, cette image était extrêmement positive en 2003 quand, à l’ONU, la France et la Russie se sont opposées d’une manière vigoureuse à l’intervention américaine en Irak. Ce moment a été considéré comme très fort dans les relations politiques entre les deux pays. Depuis, Moscou semble rechercher ce type de solidarité de la part de Paris, contre la domination américaine.
Y a-t-il vraiment une relation franco-russe « privilégiée » ?
Cette relation a pu être qualifiée de privilégiée depuis la fin de la Guerre froide car sur plusieurs dossiers stratégiques, comme celui de l’Irak, la France et la Russie ont manifesté une forte proximité de positions. Sur le plan économique, la relation a été bien plus lente à débuter mais, finalement, les échanges économiques ont enclenché une bonne dynamique. Aujourd’hui, malgré les sanctions occidentales imposées à la Russie depuis l’annexion de la Crimée [en 2014], les entreprises françaises ne se sont pas retirées du marché russe et maintiennent un très bon niveau de présence. La France est le deuxième investisseur étranger en Russie, derrière l’Allemagne. Les Français ont beaucoup investi dans la production sur place et la présence française est très diversifiée : automobile, extraction des matières premières, industrie pharmaceutique, grande distribution, etc. Auchan est par exemple, le premier employeur étranger en Russie.
Mais bien avant ça, il faut souligner l’historique très positif dans les relations franco-russes, qu’on fait remonter à « Catherine la Grande » [1729-1796], à l’époque où toute la cour des tsars parlait français. Il y a surtout la mémoire historique vive entre les deux pays qui date du XXe siècle. Ainsi, la plupart des rencontres bilatérales commencent par un rappel de la fraternité d’armes pendant la Seconde Guerre mondiale, comme l’escadrille Normandie-Niemen. Concernant les relations culturelles aujourd’hui, par exemple, la récente exposition Chtchoukine à la Fondation Louis-Vuitton a attiré des milliers de visiteurs. Cela a été la meilleure carte de visite de l’année de la Russie en France.
Pourquoi la Russie s’intéresse-t-elle particulièrement à la France ? Et à l’Europe, méfiante depuis l’épisode ukrainien ?
Concernant la France, la Russie souhaite qu’elle revienne à son « héritage gaullien » : une politique extérieure indépendante qu’elle a pu mener entre le camp occidental et l’URSS. Or, la Russie est beaucoup plus à l’aise dans les relations bilatérales de pays à pays plutôt que dans les rapports avec l’Union européenne, dont la « politique russe », est, selon Moscou, trop marquée par des pays comme la Pologne ou les pays baltes. Ou encore avec l’Otan.
L’ensemble européen reste très important. L’UE est le premier partenaire économique et commercial de la Russie. De plus, le pays est dépendant de sa rente énergétique et des ressources que lui procure l’exportation de ses matières premières et de ses hydrocarbures. Le partenaire principal pour la Russie, c’est toujours l’Union européenne. Enfin, la sécurité européenne préoccupe les Russes au plus haut point. Ils souhaiteraient beaucoup plus participer à son architecture.
Alors pourquoi être allé si loin dans le soutien aux indépendantistes du Donbass et dans l’annexion de la Crimée ?
Les problématiques sont très différentes. Le but était en fait d’empêcher le rapprochement de l’Ukraine avec l’Otan, mais aussi avec l’UE car la Russie souhaitait l’intégrer dans son propre projet régional, l’Union économique eurasienne.
Pour la Crimée, c’est évidemment le positionnement militaire stratégique de cette presqu’île et l’existence de la base de la flotte russe dans la mer Noire qui a motivé l’annexion. Il existait des accords, dits de « Kharkov », signés en 2010, qui autorisaient la présence militaire russe en Crimée en échange d’une réduction tarifaire de 30 % sur le gaz russe. Et je pense que la Russie a eu extrêmement peur, au moment de la révolution de Maïdan, que ces accords ne tiennent pas et qu’elle perde la base au profit de l’Otan.
Pourtant, la Russie dispose toujours de nombreux soutiens en France, même venant de partis pro-européens...
Depuis le début de la crise en Crimée, beaucoup de personnalités politiques, d’experts, de leaders d’opinion défendent la politique de la Russie. Et de l’autre côté, des gens considèrent que la Russie a enfreint le droit international et doit être « punie ». Le débat est très polarisé. Les défenseurs de la politique russe trouvent que Moscou a raison de défier l’ordre mondial sous hégémonie américaine. Certains sont séduits par l’image d’homme d’État fort comparé à la faiblesse des leaders occidentaux ; d’autres, par les valeurs sociales conservatrices que la Russie prétend défendre contre ce qu’elle perçoit comme la dégradation morale de l’Occident.