Voici la tribune de Marine Le Pen dans le quotidien L’Opinion du 21 février 2021.
On verra que la présidente du RN abandonne toute idée de Frexit et ne s’oppose plus au pouvoir profond, celui des intérêts de la Banque. Alors, RN, Rassemblement national ou Renoncement national ?
De question de spécialistes, la dette est devenue un sujet omniprésent dans les gazettes et autour des tables familiales. Quelques observations de bon sens me semblent pouvoir contribuer au débat.
En premier lieu, les bilans des banques centrales dans le monde ont quintuplé depuis la crise de 2008. La pandémie n’a fait qu’accentuer le mouvement. Les interventions de la Banque centrale européenne (BCE) se traduisent par des acquisitions de titres d’État et d’entreprises à son actif et par la constitution de réserves créées ex nihilo à son passif. Les titres sont achetés sur le marché secondaire, la BCE ne pouvant financer directement les États. Mais cela revient au même. Rien n’empêche pour la BCE de conserver ces titres de façon indéfinie, de les transformer en dettes perpétuelles, voire même de les compenser avec les réserves comptables (équivalant à une annulation de dettes). Nous sommes dans la droite ligne de la théorie monétaire moderne post-keynésienne.
Mais la réalité ne se laisse pas facilement appréhender quelle que soit la théorie économique. Encore faut-il qu’il y ait un consensus sur tel ou tel traitement de la dette, car la monnaie repose d’abord sur la confiance.
« L’importance d’une dette publique ne peut se juger que par rapport à la capacité d’une nation de la rembourser. La référence au PIB n’est pas le bon indicateur de la capacité de remboursement de la sphère publique »
Économie de fonds propres
En second lieu, le débat public se focalise sur des chiffres, tous plus effrayants les uns que les autres (« une dette de 120 % du PIB » soit 2 670 milliards d’euros, « le besoin de financement de la France s’élève à 282 milliards d’euros en 2021 »). Or, l’importance d’une dette publique ne peut se juger que par rapport à la capacité d’une nation de la rembourser. La référence au PIB n’est pas le bon indicateur de la capacité de remboursement de la sphère publique. Celle-là doit être appréciée par rapport aux marges de manœuvre permettant de couvrir le service de la dette : excédents budgétaires, réduction des dépenses publiques, augmentation des impôts et refinancement de la dette.
Les taux sont faibles aujourd’hui (0,593 % à 50 ans), voire négatifs sur les échéances courtes. L’Agence France Trésor « roule » la dette publique avec une belle technicité mais le risque d’une remontée des taux à terme, alourdissant significativement le service de la dette, ne doit pas être sous-estimé.
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Souveraineté
Mon approche sur la dette est pragmatique.
Oui, une dette doit être remboursée. Il y a là un aspect moral essentiel. À partir du moment où un État souverain fait appel à une source de financement extérieure, sa parole est d’airain. Il s’organise pour rembourser sa dette contre vents et marées. La Banqueroute des Deux Tiers de 1797 est un précédent révolutionnaire lointain qui n’a pas vocation à se renouveler dans notre France contemporaine. Qui paie ses dettes s’enrichit.
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