Après une démonstration aussi éblouissante, il ne nous reste plus qu’à mettre la clé sous la porte et à chercher du travail, un vrai travail, par exemple chez Marianne. Le 8 novembre 2019 est une date à marquer d’une pierre précieuse blanche dans l’histoire de la déconstruction des discours dangereux (on ne dit pas pour qui) : « Michaël Lainé a analysé et déconstruit le discours d’Égalité & réconciliation ».
D’un coup, tout s’arrête, 12 ans de luttes, de conscientisation, d’université du savoir, de coups pris et rendus, de courage éditorial et physique, la tour E&R s’effondre sous les coups de boutoir de Mika, auteur d’un travail de fourmi, dont nous serions les cigales, des cigales incapables de comprendre les vrais ressorts de l’économie, de la politique, des médias, bref, nous sommes des ânes. Le coup est vraiment rude, on ne s’y attendait pas en plus. Mika nous a cueillis au coin d’une rue d’un uppercut en plein ventre, en plein dans nos mensonges récurrents. Déjà, des centaines de militants E&R abandonnent la partie et rejoignent, la tête basse, les fourches caudines du Système. Nos sympathisants désertent nos articles et vidéos, il n’y a plus personne sur le site, on entend une mouche voler avec sur l’abdomen le portrait ricanant de Mika, notre ange exterminateur.
On n’a pu mettre toute la démonstration mikaëlique, mais il suffira, pour les plus courageux, ceux qui n’ont pas grand-chose d’autre à faire, de cliquer sur le lien en fin d’article pour avoir droit à la totale. On doit quand même avouer une chose avant d’ouvrir les vannes, c’est qu’on n’a pas tout lu. Oh, il ne s’agit pas d’hypocrisie ou de mauvaise volonté, mais c’est juste un peu trop à charge pour être juste, tout ce qui est excessif étant insignifiant, n’est-ce pas ? Quand nous relayons un article de Marianne qui nous semble intéressant, et il y en a, nous taisons de fait ceux qui ne nous intéressent pas ou nous semblent un peu à côté de la plaque, il y en a aussi, cela s’appelle la diversité des opinions. Et ça, on dirait que Mika ne le supporte pas. Il y a une opinion, la bonne, et c’est la sienne. La nôtre ? Eh ben elle est trop nulle :
« Au final, les analyses d’Égalité et réconciliation sont consternantes de nullité ; l’audience du site reste un mystère, sauf à considérer que le stade ultime de la société de consommation consiste à effacer la frontière entre la réalité et les croyances. En cette ère de dévalorisation de la vérité, la mission des intellectuels est plus urgente que jamais… »
C’est la conclusion, et elle est éclairante. Malgré toute son intelligence, malgré tout son travail de déconstruction, Mika ne comprend toujours pas d’où vient notre succès et, en creux, d’où vient l’impopularité (relative, hein, n’exagérons pas) de Marianne, et plus largement de la presse mainstream qui appartient à des puissances économiques. Ça, pour le coup, c’est pas du complotisme : c’est écrit noir sur blanc dans les bilans des dits groupes.
Il ne nous reste plus qu’à nous trouver une autre cause, peut-être qu’il faudra aller voir du côté des racistes de la LDJ, ou des communautaristes de la DILCRAH, sinon dans ces petites associations sans pouvoir que sont le CRIF et la LICRA, qui gèrent juste deux ou trois dossiers religieux ou associatifs...
Voilà enfin, après cette trop longue introduction – mais le papier est encore plus long – le texte fondateur de Mika. On vous aura prévenus : ça a la taille d’un roman d’un écrivain américain formé dans les usines à écriture.
Égalité & réconciliation, ou l’économie saisie par le mythe et une morale obsidionale
Ça, c’est le titre, tellement violent (obsidional est relatif au délire de persécution des assiégés) que notre stagiaire Samuel a vomi sous le choc. Lui qui croyait bosser gratos dans le 1er site politique de France... Puis vient l’intro, et enfin les pâtés de démolition. Un travail titanesque qui, on l’espère, a été payé au mot.
Ne rêvez pas. La contre-culture numérique est d’extrême droite. À moins d’avoir une solide charpente idéologique, vous risquez de trébucher sur un de ses sites quand vous essayez de contourner les médias « officiels ». À en croire Antoine Bevort, le site « Égalité & réconciliation », fondé par Alain Soral, est le site politique le plus fréquenté en France, loin, très loin devant ceux qui émanent des partis ou des institutions[1]. En 2016, il y aurait eu pas moins de 8 millions de visites mensuelles. Le chiffre vient d’Alexa, l’intelligence artificielle d’Amazon. Quoi qu’il en soit, la moindre vidéo d’Alain Soral est visionnée entre 150 000 et 600 000 fois. On aurait tort de ne pas le prendre au sérieux, sous prétexte qu’il a érigé un véritable business autour de sa personne, à 20 euros l’abonnement mensuel, à 3 et 5 € pièce les porte-clefs et affiches « Soral a raison », sans compter le service après-vente de ses prêches, « pour poser vos questions à Alain Soral : 0899 (…) » à 0,25 €/minute…Ce personnage qui revendique l’appellation « nationale-socialiste » pour la prendre au pied de la lettre, comme s’il s’agissait de l’alliance innocente du nationalisme et du socialisme, non sans faire l’éloge de Delaisi, auteur d’un courageux panégyrique d’Hitler en 1942 (période de « prise de risque maximum », ça ne s’invente pas), est sans doute l’un des hommes de médias les plus influents. Nous avons voulu comprendre les raisons de cette audience, et pour cela analyser son discours économique. Ainsi, nous avons lu et visionné la production de cette année, jusqu’au 1e novembre. Nous avons écarté les nombreuses reprises des médias professionnels (« Égalité & réconciliation » se contente souvent de relayer tel article du Monde, du Figaro ou de Russia Today, par exemple, au gré des propos ou thèmes abordés). Seuls ont été retenus la production propre du site, ainsi que celle des compagnons de route qu’il diffuse (TV Liberté, Pierre Jovanovic, les Éconoclastes – aucun rapport avec l’ancien mouvement étudiant).
Et ça, c’est juste l’intro ! La suite est ici. Si vous appuyez sur ici, c’est comme si vous marchiez sur une mine, un petit pas de rien du tout sur un point de terre et tout explose.
Par contre Mika a raison, on relaye trop d’articles de l’ancienne presse, il faut qu’on produise plus « maison ». Il a pas toujours tort, le gars ! Mais si les associations du Bien ne nous tapaient pas au portefeuille du matin au soir, on aurait les moyens d’engager toute une équipe de journalistes frais émoulus de l’ESJ Lille. On dirait que Mika n’a pas pensé à ça...
Si on ne nous emmerdait pas autant, on serait beaucoup plus gentils. C’est comme l’URSS de Staline : vous croyez qu’il aurait été aussi méchant à l’intérieur si les « démocraties » capitalistes ne lui avaient pas mis des bâtons dans les roues, afin de faire crever l’expérience socialiste naissante ?
- Oncle Jo raye ici d’un trait de plume les asociaux qui l’emmerdent et envoie Mika et toute sa tribu au Birobidjan