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On connaît sa parole claire, sa capacité à synthétiser et à aller droit au but. Pour lui, la menace terroriste est aujourd’hui au plus haut, car l’État islamique est en train de perdre la guerre en Syrie et en Libye. Une guerre nécessaire, indispensable à mener, mais qui aura forcément d’autres conséquences sur notre territoire dans les deux ou trois années à venir.
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Marianne : Les tragédies de ces derniers mois laissent craindre d’autres attaques terroristes sur notre territoire. Quel est l’état réel de la menace aujourd’hui, et quelles sont les cibles principales ?
Marc Trévidic : La menace est maximale, et la protection des écoles est logique. On a affaire à des gens qui nous connaissent, qui viennent de chez nous, et qui savent que s’attaquer à des enfants, c’est insupportable. S’ils font ça, des mesures très dures seront prises, et c’est ce qu’ils cherchent : ils veulent des représailles pour créer un sentiment d’oppression chez les musulmans et pouvoir recruter à nouveau. C’est l’effet domino : on vous tape, vous nous tapez, on recrute derrière. Ils veulent le chaos, la guerre civile. Leur objectif, c’est qu’on crée, grosso modo, des camps de concentration avec des miradors pour y mettre les jeunes radicalisés.
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Quels sont les endroits à protéger en priorité ?
Les endroits où il y a des enfants. Si on les protège bien, ils taperont ailleurs. Ce sera certainement terrible, mais au moins ce sera ailleurs. Il ne faut pas sombrer dans la psychose mais se mettre à vivre différemment, adopter des réflexes à l’israélienne. On ne peut pas mettre des policiers et des militaires partout, donc il faut prendre des mesures particulières, faire des exercices, savoir se protéger, fuir, étudier les itinéraires pour évacuer les enfants dans les écoles, en mettre un maximum à l’abri, faire des sas sécurisés avec des portes blindées, ce genre de choses.
Lire l’interview complète sur marianne.net
Le 27 juillet 2016, Thomas Guénolé écrivait la tribune suivante pour Slate.
L’« israélisation » de la France n’existe pas
Cette théorie d’« israélisation » de la France, fausse, favorise l’extrême droite différentialiste et l’identitarisme, qui veut pousser la société française vers une mentalité d’apartheid.
Quelques minutes ou quelques heures après la prise d’otage terroriste de Saint-Étienne-de-Rouvray en Normandie, qui a fait un mort, les comparaisons avec Israël, sa préparation face à la violence des attentats, étaient mentionnées. Le président de la région lançait par exemple : « il faut que l’on prenne des mesures comme la société israélienne a su en prendre pour assurer sa sécurité ».
La soi-disant « israélisation de la France » face au terrorisme est si couramment invoquée depuis quelques mois, et plus encore depuis l’attentat de Nice, qu’elle est en train de devenir très rapidement un lieu commun du journalisme et du débat d’idées.
Son postulat est résumable d’une phrase : au fil des attaques terroristes, la société française, son climat général, son appareil policier et militaire, seraient en train de s’approcher de ce qui existe déjà en Israël.
Cette théorie est cependant profondément fausse. Elle est par ailleurs politiquement dangereuse, car elle draine dans son sillage une vision communautariste et d’extrême droite de la société française, de notre État, et de ce qu’ils doivent devenir.
Les similitudes objectives sont en réalité très peu nombreuses. Israël fait face à une menace terroriste permanente, qui frappe régulièrement sur son territoire ; la France aussi. Par ailleurs, dans les deux cas, le terrorisme applique une stratégie militaire dite « du faible au fort ». Dans le cadre d’une guerre asymétrique, cela consiste, pour un belligérant, à compenser l’énorme écart de moyens matériels et humains en perpétrant des meurtres spectaculaires, qui sont destinés à saper le moral de l’adversaire et à imposer un message idéologique dans son débat public.
Les points communs s’arrêtent là.
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