Invité de la journaliste Audrey Crespo-Mara le 25 mars 2016 sur LCI, le spécialiste de l’islam, du salafisme, du djihad, du terrorisme et des musulmans Gilles Kepel développe son logiciel habituel : Daech recrute des candidats au suicide sur les réseaux sociaux, les attentats revendiqués par l’État islamique affaiblissent l’Europe (tiens, comme les États-Unis avec le TAFTA), et le pouvoir français actuel n’arrive pas à répondre correctement à la menace à cause de la pression anti-islamophobe... rejoignant en cela les violents propos d’Élisabeth Badinter.
Un discours cohérent tant que la version officielle tient : si Daech est manifestement le bras armé de la série d’attentats qui ensanglantent le monde depuis une décennie, la question se pose du commanditaire. C’est-à-dire de l’exploitation politique des attentats. Or, c’est là que le bât blesse, car les réseaux de djihadistes à l’origine des tueries aveugles ne gagnent objectivement que la mort. Ils finissent fatalement par être découverts (malgré une certaine impuissance et un aveuglement certain des services), et anéantis.
En revanche, il y a des conséquences politiques en termes de répression et de durcissement du pouvoir dans les pays qui subissent ces attentats. L’ami américain « sécurise » le Sahel (avec une visée sur le Maghreb) et l’ami israélien explique à l’Europe comment mieux « sécuriser » sa population... Les pouvoirs démocratiques basculent graduellement dans un semi-totalitarisme qui ne règle pas – tiens tiens – le problème de l’insécurité en général et du terrorisme en particulier.
On laisse Gilles Kepel réfléchir à ces évolutions objectives, ainsi qu’à la congruence des buts entre Daech et l’axe américano-sioniste, et on l’écoute. On remarque en passant, dans les vidéos sélectionnées par Le Point, qu’il n’ose plus pratiquer l’amalgame entre les buts de Soral et ceux de Daech. La manipulation a aussi ses limites : la grossièreté.
Gilles Kepel, qui dénonce l’objectif « avoué » des terroristes (l’idéologue supposé du djihad al-Suri propose de séparer à coups d’attentats les communautés nationales en chrétiens et musulmans pour faire éclater les démocraties européennes), dénonce curieusement la politique de réconciliation nationale prônée par Alain Soral, qui n’a jamais dévié d’un iota. Il est difficile pour l’islamologue officiel du Système d’avancer sa théorie simpliste – les commanditaires SONT les exécutants – et d’en supporter la contradiction fondamentale.
Il y a donc, quelque part, une complexité cachée, ou écartée, qui dépasse et englobe cette apparente contradiction...
Le « tabou » de l’islamophobie empêche de donner une réponse adéquate au terrorisme islamiste :
La Belgique est le « nombril » du ventre mou de l’Europe, faible militairement par rapport aux États-Unis :
La difficulté pour Daech à mobiliser les masses musulmanes en Europe à cause de son « hyperviolence » :