La désinformation, on en viendra tous à bout
La politique « zéro covid » en Chine ne fait pas que des heureux : des centaines de personnes ont manifesté à Wuhan, le cœur de l’opération Covid-19 occidentale, contre la dureté de la politique sanitaire de Pékin. Aussitôt, la presse bourgeoise internationale essaye de transformer cette colère en révolution contre le régime tyrannique de Xi. C’est aller un peu vite en besogne.
Des manifestations ont lieu dans toute la Chine contre la politique « Zéro Covid ». Ici des dizaines de milliers de personnes à Wuhan. #China #Chine #ChinaUprising pic.twitter.com/9XsvUCAdCv
— L'important (@Limportant_fr) November 27, 2022
L’AFP, le fer de lance de la propagande française en France et dans le monde, s’est précipitée à Wuhan pour filmer ces « centaines de manifestants », et a « géolocalisé » « certains protestataires » à Shanghai qui ont crié « Xi Jinping, démission ! ».
Un exploit de notre agence de presse, qui aurait pu faire la même chose pendant les deux ans de révolte des Gilets jaunes, qu’elle n’a pas vraiment couverte, sauf pour la couvrir de désinformation, mais c’était peut-être trop près pour elle, et trop près d’elle. On se souvient qu’un détachement de Gilets jaunes – les Constituants – avait ciblé, pacifiquement, les centres du pouvoir profond, enfin, ceux qui ont pignon sur rue.
Le site socialo-sioniste L’Important (vérifiez par vous-mêmes) amalgame la lutte contre la politique « zéro covid » à une lutte contre le communisme d’État, donc le pouvoir central de Pékin :
Dans toute la Chine, des manifestations contre le covid zéro et le parti communiste.
Ici à Lanzhou, les habitants renversent les baraques de tests. @whyyoutouzhele #chinacovid #China pic.twitter.com/qq6RAOi4Ih— L'important (@Limportant_fr) November 27, 2022
Si la colère des Chinois qui ont subi plusieurs vagues de confinement dur est légitime, on a compris que la presse de propagande occidentale sautait sur ces manifestations de colère pour essayer d’en faire le germe d’une révolution orange, celle qui aurait dû fonctionner en 1989, mais qui a fini par être écrasée par le pouvoir de Deng.
Après coup, c’est-à-dire les événements de Tian’anmen, la propagande occidentale a essayé de mettre le soulèvement sur le dos des Russes, du moins de sa partie gorbatchévienne. Pourtant, on sait que des services occidentaux, notamment britanniques, basés à Hong Kong, qui n’avait pas encore été rendu à la Chine (ce sera en 1999), ont extirpé et exfiltré une partie des meneurs de la révolte étudiante.
Le Monde, dans son introduction, fait évidemment le rapprochement – un rêve ! – entre les manifs anti-covidisme et la révolte de 1989 :
Urumqi (Xinjiang), Shanghaï, Pékin, Nankin (Jiangsu), Canton (Guangdong), Zhengzhou (Henan), Wuhan (Hubei), Chengdu (Sichuan), Changsha (Hunan), Chongqing… Depuis vendredi 25 novembre, des dizaines de milliers de personnes participent à des manifestations collectives en Chine, malgré les risques encourus. Les grèves et les protestations sont moins rares dans ce pays qu’on a tendance à le croire en Occident. Néanmoins, un tel mouvement d’ampleur nationale est inédit depuis les manifestations de Tiananmen en 1989.
Néocolonialisme médiatique
La Chine n’est plus le nid d’espions qu’elle était dans les années 1920, quand la résistance communiste a commencé à se structurer, malgré l’ouverture complète de ses frontières depuis son admission dans l’OMC, le 11 décembre 2001, mais le colonialisme occidental (la Chine a été partagée pendant cent ans entre les quatre grandes nations occidentales prédatrices) revient par la petite lucarne : la caméra a remplacé la canonnière.
Bonus Lotus : la Chine des années 30 vue par Hergé
N’hésitez pas à parcourir le Wikipédia de cet album, pour comprendre la complexité et le sérieux de ce scénario...