Au Mali, outre les mouvements jihadistes, il y a les groupes armés touareg et arabes qui réclament l’indépendance de l’Azawad (une région qui correspond au nord du pays) et ceux qui ne veulent pas en entendre parler.
Du côté des indépendantistes (qui ont frayé un temps avec les jihadistes), l’on trouve la coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), une organisation qui regroupe le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA, qui compte dans ses rangs des transfuges du groupe jihadiste Ansar Dine), le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et le Mouvement arabe de l’Azawad.
Chez ceux qui se disent loyaux à l’égard de Bamako, l’on trouve le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés ainsi qu’une branche dissidente du MAA, dirigée par un certain Yoro Ould Daha, un temps passé par la case prison (grâce aux forces françaises) pour son appartenance au Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), l’un des groupes jihadistes qui occupèrent le nord du Mali jusqu’en janvier 2013.
Ces deux camps s’affrontent régulièrement. Cela fut notamment été le cas à Tabankort (au nord de Gao), en juillet 2014. Là, le GATIA avait pris l’avantage sur les combattants du MNLA. Depuis, ces derniers tentent de reprendre cette localité, ce qui a amené les hélicoptères AH-64 du contingent néerlandais de la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA) à ouvrir le feu, « en réponse à des tirs directs à l’arme lourde sur les casques bleus ». Ces derniers y avaient été déployés pour protéger les civils.
Et les choses ne se sont pas améliorées. Malgré les tensions, la MINUSMA a proposé un accord afin de créer dans la région de Tabankort une « zone temporaire de sécurité », obligeant les groupes concernés à déposer les armes ou à abandonner leurs positions. Ce que les indépendantistes ont apparemment accepté… Et que le GATIA a refusé.
Le 27 janvier, une manifestation contre la MINUSMA a ainsi été organisée, à l’initiative du GATIA, à Gao. Et le moins que l’on puisse dire est que la situation a été très tendue.
« Des jeunes sont montés sur des véhicules de la Minusma, d’autres ont jeté des cocktails molotov sur les soldats de la Minusma. Ca sentait l’émeute, c’est très tendu, j’ai entendu les coups de feu », a ainsi raconté un témoin à l’AFP. D’ailleurs, 3 manifestants y ont perdu la vie et plusieurs autres ont été blessés, dans des circonstances qui restent à éclaircir. Et la MINUSMA a retiré son projet de « zone temporaire de sécurité ».
Mais les choses n’en sont pas restées là. Au cours de la nuit du 27 au 28 janvier, les positions du CMA situées entre Tabankort et Tabrichat, ont été la cible d’une violente attaque revendiquée par le GATIA. Le bilan varie de 9 à 13 tués.
Là encore, il est compliqué de savoir ce qu’il s’est vraiment passé, tant les versions sont différentes d’un camp à l’autre. Pour les loyalistes, qui assurent n’avoir subi aucune perte, l’assaut a été donné avec 7 véhicules remplis de combattants. Selon eux, 8 « rebelles » ont été tués et 2 véhicules ont été détruits.
Du côté du CMA, l’on affirme qu’il y avait seulement 8 combattants du GATIA dont 4 kamikazes et un autre de nationalité algérienne. Le mouvement indépendantiste assure avoir fait 2 prisonniers et avoir perdu 6 des siens dans cette attaque.
La présence de kamikazes lors de cet assaut du GATIA a semble-t-il été confirmée par une source sécuritaire des Nations unies. Cependant, elle est surprenante dans la mesure où le recours à ce mode opératoire est généralement le fait des groupes jihadistes.