Le nord du Mali vit encore sous le coup de la lourde défaite infligée par les islamistes du MUJAO aux rebelles touaregs du MNLA, dans la ville de Gao.
Une déroute qui risque de changer dangereusement l’équilibre des forces aux dépens du Mouvement national pour la libération de l’Azawad. Après les durs combats à l’arme lourde de mercredi, Gao est désormais sous le contrôle total des islamistes du MUJAO, le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest.
Les vingt morts tombés au cours de cette journée, illustrent la violence des combats entre les alliés de circonstance d’hier. Selon des témoignages recoupés, ce sont les islamistes du MUJAO qui ont ouvert les hostilités, en attaquant le gouvernorat de la ville qui servait de quartier général à la rébellion touarègue.
Après plusieurs heures de combats, les islamistes ont pris le contrôle du bâtiment. Adnan Abou Walid Sahraoui, le porte-parole du MUJAO, a affirmé que les combattants de son mouvement avaient également pris possession de la résidence de Bilal Ag Chérif, le secrétaire général du MNLA, qui se serait enfui avec d’autres combattants.
Les affrontements étaient intervenus au lendemain des manifestations organisées à Gao, dans le nord-est malien, pour protester contre l’assassinat, le 25 juin, d’un conseiller municipal. Idrissa Oumarou était aussi enseignant et membre de l’ADEMA (Alliance pour la Démocratie du Mali), le parti du président de transition au Mali, Dioncounda Traoré.
Les manifestations avaient dégénéré dans la violence et les tirs sur les manifestants. Aujourd’hui, la situation délicate des touaregs du MNLA risque d’empirer si les autres groupes islamistes d’Ansar Dine et d’AQMI présents à Tombouctou et Kidal, décidaient de soutenir leurs frères du MUJAO.
Désavantagé par le rapport des forces, le MNLA a également des visées quasi-opposées à celles des islamistes. Alors que les séparatistes touaregs aspirent à l’instauration d’un état laïc dans le nord du Mali, les islamistes ambitionnent d’appliquer la charia, la loi islamique, dans tout le pays.