La Turquie a déployé jeudi des soldats et des blindés le long de sa frontière avec la Syrie. D’abord relayée par les médias, l’information a été officieusement confirmée par Ankara, qui dit agir à titre préventif, une semaine après que son voisin a abattu un avion de combat turc et tiré sur un autre.
« Je peux confirmer que des troupes sont en cours de déploiement le long de la frontière dans la province d’Hatay. La Turquie prend des précautions après la destruction de son avion », a déclaré un responsable gouvernemental sous couvert d’anonymat.
Plus tôt dans la journée, les médias turcs ont rapporté qu’un convoi d’une trentaine de véhicules blindés avait quitté la ville côtière d’Iskenderun, située sur les bords de la mer Méditerranée.
Sur des images tournées par la chaîne de télévision publique TRT, on peut voir la colonne de blindés, escortée par des voitures de la police sur l’autoroute menant au principal port de la province d’Hatay. Parmi les véhicules en route vers la frontière se trouvait un camion tractant une batterie de missiles sol-air, et d’autres transportant des lance-roquettes.
Selon l’agence de presse officielle Anatolie, une autre colonne de blindés ferait également route plus à l’est le long de la frontière avec la Syrie, dans les provinces de Sanliurfa et Gaziantep. L’agence signale que plusieurs véhicules militaires ont par ailleurs été déplacés jusqu’à la ville frontalière de Reyhanli, située elle aussi dans la province d’Hatay qui abrite plus de 33 000 réfugiés syriens ainsi que des éléments de l’Armée syrienne libre (ASL), qui s’oppose au régime de Bachar Al-Assad.
Ce déploiement de forces intervient alors que les tensions sont vives entre Ankara et Damas à la suite de la destruction d’un chasseur F-4 Phantom turc par l’armée syrienne vendredi dernier. Dénonçant un acte hostile, la Turquie avait prévenu qu’elle renforcerait sa sécurité dans la région tout en excluant un conflit armé avec la Syrie.
Il y a deux jours, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé une modification des règles d’engagement de l’armée turque sur les 900 km de frontière qu’elle partage avec son voisin. Tout élément militaire approchant la Turquie et qui serait jugé menaçant sera traité comme une cible militaire, a-t-il prévenu alors qu’il s’exprimait devant le Parlement. Au passage, le chef du gouvernement a une nouvelle fois violemment condamné le régime syrien, le qualifiant de « dictature cruelle ».
Selon le journal Taraf, la Turquie envisagerait de créer une « zone de sécurité » le long de sa frontière. L’armée a toutefois démenti être en « état d’alerte » après la perte de son avion de combat.