C’est une femme étrange, au destin vraiment singulier. Elle est à la fois connue, comme actrice puis réalisatrice, et inconnue, peu saisissable par son cheminement. Le compte Twitter Mondial Cinéma en a fait une bio rapide, mais peu Wikipédia dans l’esprit. On ne citera ici que ce qui se distingue de la bio aseptisée pour le grand public. On commence par sa mère, car qui connaît la mère, comprend la fille...
Dans le genre glauque, on trouve ça dans Libération :
elle a fait l'amour devant ses enfants, qu'elle a accouché devant eux et qu'elle part souvent en les laissant seul comme une fois 3 semaines.
"Je n'ai même pas tout dit sur les moments graves" pic.twitter.com/Ns2A7ietiC
— M cinéma (@Mondial_Cinema) May 12, 2023
Le décor est planté : famille déglingos, mère à la sexualité crue, Maïwenn est poussée dans les castings dès l’âge de 3 ans. Elle débute à 5 ans dans L’Été meurtrier avec Adjani, sa mère se barre, son père la bat. À 13 ans, sexy en diable, elle fait la couv du magazine 20 Ans et joue dans La Gamine au côté de Johnny.
C’est alors qu’elle rencontre le cinéaste Luc Besson, au top de sa carrière avec les 10 millions d’entrées du Grand Bleu en 1988, et en couple avec Anne Parillaud, la future actrice de Nikita (1994), un carton qui va lui rapporter le César de la meilleure actrice. Anne a 30 ans, Maïwenn 14. Luc bascule.
Anne écrira plus tard un livre sur les abus sexuels dans l’enfance, Les Abusés, qui débouchera sur ses relations avec des « pervers narcissiques ». Elle quittera sa famille, avec un père incestueux, à 16 ans, pour atterrir dans les mains d’hommes plus âgés. 16 ans, c’est aussi l’âge où Maïwenn donne naissance à Shanna, la fille de Luc Besson. Elle part vivre aux USA avec sa fille pour échapper à la pression médiatique.
Deux ans plus tard, Besson sort Léon, qui cartonne au box-office. Plus de Parillaud ni de Maïwenn : l’actrice principale, Natalie Portman, a 12 ans. Et là on vous laisse découvrir la partie du scénario que les parents Portman ont refusée...
La version que l'on verra en salles n'était ni celle du scénario ni celle de la première version du film. Lors de la projection test, les parents de Natalie Portman ont refusé certaines scènes trop tendancieuses du film. pic.twitter.com/KGVOKn5tKS
— M cinéma (@Mondial_Cinema) May 12, 2023
L’histoire de Luc & Maïwenn s’arrête en 1996, quand le réalisateur rencontre Milla Jovovitch, qui sera la star du Cinquième Élément, un carton international. C’est ensuite la petite sœur de Maïwenn, Isild, qui reprend le flambeau de l’acting : elle tourne notamment dans un film d’Emmanuelle Bercot, où il est question encore une fois de sexe entre mineure et adulte.
Sa mère étant féministe (elle s’assume antisioniste), Maïwenn ne l’est pas, nous apprend Mondial Cinéma. Mais cela ne fait pas de l’actrice-réalisatrice une anti-progressiste : si dans Polisse elle évoque l’enfance violée, avec Joeystarr dans un rôle de flic très à contre-emploi, elle fait des films de gauche fondés sur la victimisation, tout ce qui plaît aujourd’hui.
Dans Le Bal des actrices, Maïwenn passe de l’autre côté de la caméra et mouline les souffrances et les délires des comédiennes. C’est somme toute très féministo-centré. Mais son féminisme s’arrête là, surtout quand elle annonce : « J’adore être dans la position de la geisha, m’occuper de l’autre, j’ai même un petit côté infirmière. » En outre, elle a refusé de soutenir Adèle Haenel dans sa charge contre le patriarcat et la culture du viol qui régiraient le cinéma français.
Avant la sortie de son dernier film, Jeanne du Barry (qui ouvrira le 76e festival de Cannes et dans lequel une Maïwenn de 47 ans incarne l’ambitieuse courtisane), elle a défrayé la chronique pour avoir agressé Edwy Plenel dans un restaurant.
Selon toute vraisemblance, elle aurait voulu punir celui qui a lancé la fatwa anti-Besson dans la presse, avec l’affaire Zand Van Roy, l’actrice qui accusait Besson de viol (non-lieu en 2022).
Dans sa plainte déposée le 7 mars, le président et directeur de publication du média d’investigation relate que le 22 février, alors qu’il dinait avec un avocat dans un restaurant du 12e arrondissement, « une femme, précédemment assise, seule, à une autre table (...) a surgi et dans un laps de temps très court a saisi ce dernier par les cheveux avec violence, lui renversant la tête en arrière et esquissant un crachat sur son visage ». (France Info)
Visiblement, elle aime toujours le père de son enfant, et son geste a quelque chose de pas très gauchiste ! De là à dire que Mediapart va la classer à l’extrême droite... On vous disait que Maïwenn était insaisissable.